Contre le braconnage de l'info
Dans le cadre d’un débat au Press Club de France que j’animais sur l'avenir du journalisme face aux nouveaux supports médiatiques liés à Internet, nous avions alors constaté que les sources d'information avaient fortement évolué tandis que les médias dits traditionnels - radio, télé, papier - perdaient du terrain face à la multiplication des sites et plateformes.
Depuis, notre pays a connu les évènements liés au mouvement des « Gilets Jaunes » et vu apparaitre un régiment de journalistes autoproclamés qui pour la plupart sont seulement équipés d'un smartphone et qui filment en permanence tous les évènements d'actualité, avec une nette préférence pour les charges des forces de l'ordre destinées à rétablir le calme et peut-être empêcher le saccage de quartiers entiers!
Ces pseudo-journalistes défient notre profession en diffusant des images essentiellement destinées à faire sensation sur la toile - faire le buzz.
Je peux admettre que dans certaines circonstances, les témoignages de vidéastes amateurs peuvent servir la justice en cas de violences avérées !
Je pense sincèrement que le fait de partager sur Internet toutes les images sans les expliquer, ne contribue pas à comprendre les faits, car il ne suffit pas de se déclarer journaliste sur son propre site afin d'apporter un éclairage à une actualité sans cesse scrutée par les médias
Même si la loi de notre pays n'oblige pas un informateur à être détenteur d'une carte de presse, cette dernière représente un garde-fou de la reconnaissance pleine et entière de notre profession.
A noter que désormais, lorsque l'on fait une recherche sur un fait d'actualité, tous les sites diffusent les mêmes images. Est-il nécessaire de multiplier les apprentis cameramen pour couvrir l'actualité?
J'ai vu récemment des CRS qui évoluaient au milieu de plusieurs dizaines de "ramasseurs d'images" lors d'une manifestation; pendant une charge de ces derniers qui tentaient de calmer des casseurs, les téléphones brandis étaient plus nombreux que les policiers et manifestants réunis...
Je souhaite que la charte du journalisme qui date de juste après la Seconde Guerre mondiale s'adapte rapidement aux nouvelles technologies sans bien évidemment changer le droit fondamental d'exercer et d'informer en tous lieux et en toute liberté !
Alain-Sam Federowski
Journaliste - Grand Reporter Cameraman (ex-TF1)
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