Le gouvernement entre l’endettement et l’entêtement
On sait que ce qu’on appelle « l’Europe » a décidé que les Etats, sous peine de sanction, ne devaient pas avoir un endettement supérieur à 3 % du PIB.
Pourquoi 3 % ? Pourquoi du PIB ? On doit probablement le choix de ces paramètres à des fonctionnaires français (1) qui devaient trouver quelque chose à faire dire par François Mitterrand aux ministres qui réclamaient toujours plus d’argent.
Et la trouvaille fut reprise par les penseurs et les idéologues du système mis en place pour gérer la finance et les affaires et gouverner les gens et sur l’ouest du continent européen.
On sait que la masse monétaire en circulation (2) est un paramètre important du fonctionnement de la société.
La question de la dette a certes des rapports avec cette question, mais peut évidemment et doit être traitée séparément.
Quand les impôts ne suffisent pas pour faire ce qu’il décide de faire, l’Etat peut se procurer l’argent nécessaire de deux manières :
- Soit il le « fabrique ». Par exemple en empruntant à sa banque centrale (= à lui). En décidant du taux d’intérêt et en jugeant de l’opportunité (économique) du remboursement.
- Soit, il se le procure en l’empruntant (3) à des personnes (privées) qui ont de l’argent et / ou qui vivent du commerce de l’argent. L’Etat doit alors permettre aux prêteurs de réaliser une opération rentable avec un taux d’intérêt qui convienne à ces derniers. Et l’Etat doit les rembourser quand le moment du remboursement arrive.
C’est en réalité dans ce système-ci, que le niveau d’endettement se comprend. Se comprend dans l’intérêt des prêteurs. Sous la dépendance desquels l’Etat a été placé de par le choix de certains politiciens. Et continue à l’être par l’entêtement ( et / ou l’ignorance) de beaucoup d’autres.
Car, dans ce cas, si la charge de la dette est « très importante », l’Etat - qui ne peut se procurer de l’argent que s’il arrive à imposer le paiement de plus d’impôts ( ou par de nouvelles dettes elles-mêmes couvertes à terme par l’impôt) - risque d’avoir du mal à payer aux détenteurs des capitaux ce que ces derniers attendaient de recevoir. L’Etat peut alors se trouver un peu - mutatis mutandis - dans la situation des « ménages sur endettés ». Et les prêteurs peuvent de leur côté se trouver dans une situation quelque peu comparable elle aussi, à celle des organismes de crédit, qui n’arrivent pas à réaliser les affaires escomptées ni à rentrer dans « leurs » (4) fonds.
C’est alors que les politiciens qui sont arrivés à se hisser aux postes de direction de l’Etat peuvent voir leur agréable carrière compromise : - S’ils s’en prennent par trop aux prestations sociales, aux services publics (5), et à ce qui, de manière générale permet aux gens modestes de compenser leurs trop faibles salaires. Ou, plus rarement, - s’ils se mettent en tête de s’en prendre d’une manière ou d’une autre (6) au magot des plus riches, qui souvent, les aident pour leur carrière politique (7) pourvu que ces derniers, une fois en place, les laissent gérer leurs affaires en paix (8)
Il faut redouter que l’actuel gouvernement, qui annonce qu’il fera les deux, ne reçoive quelques mauvais coups, tant de ses adversaires (au moins officiels), que de ses présumés amis (9).
Marcel-M. MONIN
Maitre de conférence honoraire des universités
(1) https://www.ensae.org/fr/variances/article/la-petite-histoire-des-3-du-pib/2914
(2) laquelle, si elle est trop importante par rapport aux bien offerts, peut déclencher, les spéculateurs aidant, de l’inflation. Inflation qui intéresse certains, mais qui crée des drames chez les plus modestes.
(3) Comme les propriétaires fonciers impécunieux (= les « seigneurs » ) le faisaient au Moyen Âge.
(4) ou dans leurs jeux d’écritures puisque les établissements prêteurs peuvent prêter plus que ce qu’ils ont dans leurs caisses.
(5) Mais ce qui, d’un autre côté, permet d’avancer dans la cession des services publics à l’initiative privée.
6) que ce soit, entre autres, en appliquant de manière plus rigoureuse le principe d’égalité, ou en s’en prenant à la fraude et à l’optimisation fiscales.
(7) aide financière pour les campagnes électorales ; médias qui font penser et voter dans le sens attendu – v. les campagnes de presse en faveur d’E. Macron . Nb l’usage de la manipulation pour faire fonctionner … la démocratie n’est pas nouveau : en 1848 de Tocqueville incitait les parlementaires à octroyer le droit de vote aux gens modestes (suffrage « universel ») : « donnez-leur le droit de voter ; ils voteront comme on leur dira ».
(8) sur ce point, prendre connaissance des règles de « l’Union européenne ».
(9) Il semble que ce sont les présumés amis qui ont commencé.
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