Juillet 2024 : La « constitution Macron »

Auteur(s)
Marcel Monin pour France-Soir
Publié le 15 juillet 2024 - 15:00
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Lecocq PoolAFP
Juillet 2024 : La « constitution Macron »
Lecocq PoolAFP

Macron, désavoué deux fois à titre personnel et pour « sa » politique (pour laquelle il avait comme il se doit trouvé des personnes quittant leur parti pour devenir ministres). A travers les élections européennes, puis à travers les élections législatives qu’il a provoquées, il n’a plus de majorité parlementaire. 

Le gouvernement qui sortira de l’affaire n’aura pas non plus de majorité puisque les politiciens qui ont réussi à (re) trouver un poste de député divisent l’assemblée en trois et non en deux groupes. (Contrairement au temps des « cohabitations ».  Où le système de 1958 (*) - nécessitant que l’exécutif ait une majorité - a pu continuer à fonctionner lorsque les présidents désavoués se sont accrochés à leur poste). 

On voit en conséquence les dirigeants des partis renouer avec les bonnes vieilles habitudes consistant à revendiquer des postes de ministres (et celui de Premier Ministre) et à se déchirer entre eux pour les avoir. Et ce, sans trop de retenue, en mettant leurs argumentaires sur la place publique. En profitant de la gourmandise des médias pour occuper à peu de frais l’esprit des citoyens. 

Les dirigeants des partis, opposés dans une sorte de détestation mutuelle quand il s’agit en dernière analyse de leur gagne-pain, sont en réalité d’accord - si l’on en juge par leurs déclarations -, sur l’essentiel :  a) On continue à imposer aux citoyens la même ligne financière, économique, commerciale et sociale que certains ont inscrit dans divers traités (dont il n’est pas question de « sortir »). b) On continue à faire une guerre larvée- en attendant plus ou … pire- à la Russie qu’il faut affaiblir (en attendant de s’en prendre à la Chine) pour que ce pays ne dérange pas les intérêts financiers, économiques, et commerciaux des Américains. 

On ne saurait prédire l’avenir. Mais les faits suggèrent que l’on assistera au spectacle du régime connu des partis (*)  : avec les transfuges qui « vont à la soupe » (en adaptant leur discours) , les alliances de circonstance sur tel ou tel texte (les textes qui ne concernent pas la mise en place de la « mondialisation » financière et économique via le système organisé par les traités « européens »), l’utilisation de l’article 49 al 3 sur des cas secondaires, et les crises ministérielles ( gouvernement qui éclate de l’intérieur, ou qui est contraint à démissionner par un vote ou un refus de vote des députés) quand le projet des uns risque de déplaire aux électeurs des autres ( et de mettre en danger leur ré élection) . 

Avec pour seule différence avec le passé, que le président de la République utilisera les rouages de la constitution, non pour réguler le fonctionnement des institutions dans le sens de la recherche de l’intérêt du pays et celui de ses citoyens, mais pour être le maître de ballet du régime des partis (**). 

  

Marcel-M. MONIN 

Maitre de conférence honoraire des universités
  

  

(*) sur ces questions, v. notre « textes et documents constitutionnels depuis 1958. Analyses et commentaires ». Dalloz - Armand Colin 

(**) Il y a des comparaisons qu’on ne peut pas faire ou qu’il serait, aux yeux de certains, indécent de faire :  On n’évoquera donc pas le nom du général de Gaulle. 

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