Message aux Français libres
TRIBUNE — Même à tout y sacrifier, on ne saurait faire le bonheur d’un peuple malgré lui. Ainsi une majorité de Français, par un vote aussi clair que l’eau de roche, a reconduit Emmanuel Macron à la tête du pays qui fut, jadis, le plus raisonnable du monde.
Que retiendra l’Histoire de ce 24 avril 2022 ? Vraisemblablement qu’enfantés par une Nation hors d’haleine, les plébiscites traduisent la tentation politique d’un suicide collectif.
Car jamais nos compatriotes ne pourront prétendre n’avoir rien vu. Durant cinq années, ils furent tour à tour témoins des mutilations faites aux Gilets jaunes, de l’apartheid sanitaire et de l’injection forcée, comme du dépeçage méthodique de leurs biens communs. Ils ont vu mais n’ont pas voulu y croire, et ce déni constitue une faute inexcusable dont personne ne mesure à ce jour le prix.
Une minorité grandissante refusa le déshonneur, cependant. Mobilisés depuis de longs mois, plusieurs millions de citoyens lucides s’employèrent à chasser le vent mauvais de l’époque. C’est à eux que je désire m’adresser aujourd’hui.
Afin de leur redire qu’ils ont été le phare et la boussole grâce auxquels a tenu notre Patrie, proposant le visage d’une civilisation fidèle à ses acquis de liberté et à son idéal de justice. Pour eux, politique et vérité demeurent indissociables. En eux, le sens des mots n’a pas été perverti, de même que le principe de responsabilité au nom duquel ils se sont érigés comme remparts contre la dérive criminelle à l’œuvre. Que chaque matin, le reflet du miroir soit leur consolation : sans ce dévouement humble, la France serait maintenant semblable à une contrée zombie.
Les liens tissés dans l’épreuve résisteront à l’orage. Tant de souvenirs radieux sont nés parmi les tranchées des opposants au totalitarisme en marche… De même, l’éclat d’intelligence spontanée qui nous rassemble produira bientôt ses fruits.
En attendant, il importe de prendre soin de nous : cessons d’épuiser nos forces à vouloir convaincre ceux sur qui ni la raison ni l’expérience n’ont plus de prise. Il ne s’agit pas de renoncer au combat, bien au contraire : il nous revient aujourd’hui de ménager notre énergie pour saisir les cœurs lorsque l’heure du réveil national sera venue.
La Guerre, les pénuries, la fuite en avant autoritaire provoqueront les prises de conscience indispensables. Malgré ses faiblesses évidentes, il ne faut jamais désespérer du peuple français, dont les 1500 ans d’existence nous enseignent qu’il ne se redresse que devant les ruines. Alors, nous serons là, prêts à accueillir et concrétiser ses vœux de renaissance.
Trois conditions devront être remplies à cette fin : d’une part, il sera nécessaire de définir plus précisément les contours du projet alternatif que nous entendons porter. La dénonciation seule ne peut tenir lieu de programme pour notre pays. Ainsi il nous faudra réfléchir aux questions suivantes : quelles sont nos ambitions pour l’individu, pour son environnement social et naturel ? Qu’impliquent-elles du point de vue de la place de l’État dans nos vies, mais aussi de notre modèle juridique, économique et éthique ? Quels rapports entretenir avec le vivant, les religions, nos partenaires continentaux et internationaux ? Des premières réponses prometteuses ont déjà été apportées, notamment au sein de la sphère souverainiste. Ce travail méritera être complété avec l’aide de tous.
D’autre part, aucune aventure collective ne pourra se faire sans l’appui d’une assise financière solide. Beaucoup des nôtres se sont mis en danger économiquement à l’occasion de la lutte – évidemment, j’ai une pensée affectueuse et reconnaissante pour les soignants suspendus, devenus un symbole et un modèle de résistance à l’oppression. Pour l’emporter, nous devrons donc d’abord ancrer les piliers de notre subsistance et réunir le capital indispensable au lancement d’une offre politique destinée au plus grand nombre.
Dans cette perspective enfin, il nous appartiendra d’identifier les voies et moyens de notre sortie de la clandestinité démocratique : nous n’avons que trop souffert de l’invisibilisation organisée contre nos idées. Pourtant, des solutions de contournement existent, ainsi que les exemples étrangers - pensons aux États-Unis- le démontrent.
En amoureux de la France, convaincu que la reconquête des libertés individuelles constitue l’enjeu numéro 1 pour la survie de mon pays et de la civilisation qui l’abrite, je participerai à cet effort. Mais il induira pour ma part plus de recul que je n’en ai eu jusqu’ici. En conséquence, j’ai décidé de me mettre en retrait des fonctions que j’exerce au sein de Peuple Libre.
Merci, du fond du cœur, aux milliers de militants qui m’ont accordé leur confiance au moment où nos alertes ne suscitaient que l’indifférence voire la moquerie. L’engagement public, a fortiori lorsqu’on a 27 ans, comporte un coût inévitable : j’ai mesuré ce qu’il pouvait susciter de violence et d’hypocrisie. N'étant pas moi-même exempt de tout reproche, je tiens à exprimer mes regrets pour les centaines de messages laissés sans réponse comme pour la brutalité dont j’ai parfois pu faire preuve au milieu du tumulte.
Nous aurons tant appris les uns aux côtés des autres. La crise du coronavirus a provoqué deuils et déchirures intimes, mais elle n’a pas provoqué que cela. Souvenez-vous-en : il n’existe pas de printemps sans hiver, et c’est dans l’ombre que la lumière perce le mieux.
Soyons cette lumière. Puisons aux yeux de nos enfants les ingrédients de leur avenir.
Il n’est pas de plus grande chance que celle d’avoir une bataille à mener, un monde à embellir.
Je compte sur vous, aussi fermement que demain vous pourrez compter sur moi.
Voir aussi : Rémi Tell au "Défi de la vérité", il explique son "Message aux Français libres"
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