Le Macronisme, une guerre livrée au corps et à l’esprit des jeunes Français [FranceSoir papier]
TRIBUNE — « Jamais l’individu n’a été aussi complètement livré à une collectivité aveugle, et jamais les hommes n’ont été plus incapables non seulement de soumettre leurs actions à leurs pensées, mais même de penser. Les termes d’oppresseurs et d’opprimés, la notion de classes, tout cela est bien près de perdre toute signification, tant sont évidentes l’impuissance et l’angoisse de tous les hommes devant la machine sociale, devenue machine à briser les cœurs, à écraser les esprits, une machine à fabriquer de l’inconscience, de la sottise, de la corruption, de la veulerie et surtout du vertige ».
Voilà près de 90 ans que Simone Weil nous a livré ces mots d’une actualité étonnante. Des paroles que l’on croirait écrites pour le moment présent, tant elles embrassent notre réalité collective au terme du quinquennat 2017-2022. La philosophe poursuit : « Les jeunes, qui y ont grandi, qui y grandissent, reflètent plus que les autres à l’intérieur d’eux-mêmes le chaos qui les entoure ». À nouveau, la concordance avec l’air du temps frappe.
Comme à la fin d’une interminable lutte, la jeunesse française se retrouve amputée de ses forces vitales. Devinant l’effondrement inachevé, elle se recroqueville en attendant le coup de grâce.
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Sa vie durant, et plus que pour n’importe quelle autre génération durant les deux derniers siècles, elle a côtoyé l’imbécilité, la décadence et l’égoïsme de ses aînés : « boomers » biberonnés aux dividendes de la paix, délestés du devoir de laisser quoi que ce soit d’enviable après eux. Les effets de leur adolescence éternelle sont connus : saccage écologique, retournement des repères moraux, dette abyssale... Les attaquer comme individus n’aurait aucun sens : ils sont les parents et les grands-parents que nous chérissons. Mais en tant que groupe, ils auront ouvert une plaie que l’on se désespère de pouvoir un jour recoudre.
Le macronisme et ses complices médiatiques arrivent en conséquence logique de cet effondrement civilisationnel, avec leur cortège de nihilisme, de déréalisation et d’inversion accusatoire. Si ce « métavers » avant l’heure sied parfaitement aux jamais-devenus-adultes soixante-huitards, il livre une véritable guerre contre le corps et l’esprit de la jeunesse – la crise sanitaire en fut l’illustration paroxystique.
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Alors que doit-elle faire afin de sauver ce qui lui reste à vivre ? Se confronter à l’époque, précisément avec les armes du corps et de l’esprit. Pour échapper à ce que Günter Anders considérait comme l’état favori de l’homme : « La bonne conscience de l’absence de conscience ». Ainsi, le regard rallumé et la volonté prête au combat, il lui sera possible de réparer le monde et de l’offrir à ses enfants. Pour elle comme pour eux, le temps presse.
Cet article est paru dans l'édition papier spéciale de FranceSoir "L'homme qui n'aimait pas la France", disponible en téléchargement.
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