Régionales 2021 : les ministres LREM en déroute

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Bastien Sylvestre, pour FranceSoir
Publié le 22 juin 2021 - 19:00
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Il n'y a qu'une seule chose à retenir de ce scrutin...
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TRIBUNE - Dimanche dernier, c’était jour de pêche. Enfin pour d’autres, c’était plutôt barbecue, parties de cartes ou balade en forêt. Accessoirement, c’était aussi jour d’élections régionales et départementales. Les médias avaient cependant d’autres chats à fouetter, c’est tout juste si les Français étaient au courant de l’événement. Nos éminents et si bienveillants politiciens ont tout de même fait acte de figuration pour nous inciter à voter. Certainement pas pour des listes citoyennes qui ont de toute façon été censurées, y compris par le service public de l’information, comme ce fut le cas pour la liste « France Démocratie Directe » portée par Lionel Brot, un gilet jaune très actif en Île de France.

Non, il était entendu comme à chaque scrutin que les gentils seraient rassemblés sous les étiquettes LREM, LR et PS (ainsi que leurs satellites de l’extrême centre), que les méchants seraient en premier lieu le RN contre lequel il s’agit de faire barrage et, à moindre mesure, la France insoumise qui met tout son talent à s’auto-saborder depuis plusieurs années.

« Le cirque habituel », diront les mauvaises langues. Toujours est-il que la grand’messe électorale s’est vite transformée en fessée magistrale. Avec presque 70 % d’abstention, on invoquerait presque la déculottée citoyenne adressée à nos dirigeants politiques. Évidemment, ces derniers boudent un peu. Sauf les heureux gagnants comme Xavier Bertrand (LR) qui avec 41,9 % des voix récoltées en sa faveur, peut se glorifier d’avoir enthousiasmé… 550.703 électeurs sur presque cinq millions d’inscrits dans les Hauts-de-France. Une telle assise électorale, cela pose un bonhomme !

Mais ne soyons pas ingrats, personne n’a été épargné dans ce scrutin. Marine Le Pen se voyait déjà en haut de l’affiche avant de revenir immédiatement sur le plancher des vaches. Les résultats du RN sont en baisse par rapport aux dernières élections régionales. Jean Castex, qui a oublié qu’il était Premier ministre, doit pour sa part être satisfait : en déplacement à Bordeaux le 18 juin dernier, il avait expliqué qu’il souhaitait « tout faire pour que le RN ne parvienne pas à gérer des régions ».

Il est vrai que certains candidats aux régionales considèrent que cette élection a été littéralement sabotée par le gouvernement. Le 9 avril dernier, le Premier ministre (qui décidément ignore qu’il n’est pas stagiaire à Matignon) avait fait parvenir un courrier à tous les élus locaux afin de leur demander leur avis sur l’intérêt de reporter ou non les élections régionales. Ce qui ne pouvait que susciter des doutes sur les dates arrêtées pour ce scrutin et donc retarder le lancement de la campagne électorale pour chacun. Mais d’autres manœuvres ou « ratés » ont eu lieu. Notamment des professions de foi qui ne sont jamais arrivées dans les boites aux lettres des électeurs. Ou alors bien trop en avance. Le journal « La Dépêche du Midi » rapporte ainsi qu’Adrexo, société ayant remporté le marché public pour assurer la distribution des plis, s’est vue confrontée à un refus d’une majorité de ses salariés quant à s’occuper de ladite distribution. Adrexo a donc dû embaucher massivement des intérimaires et gérer en urgence une logistique dont se satisfait parfaitement la Poste chaque jour… mais l’idée n’est pas venue à l’esprit de nos brillants technocrates que d’user des moyens les plus sûrs pour gérer cette question. Mais est-ce-que cela aurait changé quelque chose ?

Tandis que nos politiciens et journalistes des grands médias se perdent en conjectures pour expliquer ce taux record d’abstention, « Jojo le Gilet Jaune » a un sourire narquois depuis son rond-point. Lui a sa petite idée. Une intuition qu’aucun responsable politique ou éditocrate ne vous livrera : et si les Français en avaient assez d’être pris pour des imbéciles ? Le politicien comme le « journaliste » de propagande, aussi médiocres soient-ils pour donner l’illusion de la sincérité, n’imaginent pas que leurs artifices de communication ont achevé de convaincre les Français qu’il n’y a plus rien à attendre des élections. Après tout, on viole bien les référendums depuis Sarkozy. On censure des opinions, on diffame leurs messagers, on réprime avec une violence inouïe la contestation sociale et le mensonge est devenu la norme absolue de gouvernance.

Notons tout de même que les élections régionales sont sans réel enjeu politique pour les Français. Les présidentielles, législatives et élections municipales restant les scrutins privilégiés. Bruxelles aimerait pourtant nous convaincre qu’il y a des identités régionales à valoriser et qu’il est toujours bon de déshabiller l’État de ses prérogatives par le haut et par le bas (le haut étant l’UE elle-même, le bas étant les régions). Ce qui peut expliquer pourquoi Jean Castex ignore quel est son rôle exact à Matignon et pourquoi Emmanuel Macron reste l’obligé des intérêts étrangers et financiers qui se sont assurés de son élection.

Alors évidemment, les résultats de la macronie à l’échelon national sont sans appel : environ 10 % des votes raflés, c’est tout. La débâcle est totale. Marlène Schiappa qui était tête de liste à Paris est éliminée dès le premier tour. Même sanction brutale dans les Hauts de France où cinq ministres étaient rassemblés dans la même liste (Laurent Pietraszewski, Eric Dupont-Moretti, Gérald Darmanin, Agnès Pannier-Runacher et Alain Griset). L’équipe de choc a tout simplement été évincée sans chichi ni fioriture.

À un an des présidentielles, le site de France Info qui cache à peine son attachement à la macronie, précise qu’il s’agira pour la LREM « d’oublier » ce résultat catastrophique. Nous sommes certains que les journalistes militants de Radio France feront tout pour faciliter cet oubli tout comme il n’y a aucune raison de considérer que les ministres ayant subi cette déroute électorale puissent être affectés dans leur légitimité à exercer le pouvoir. Ils sont irresponsables en tout, y compris de leurs propres défaites.

Il n’y a donc qu’une seule chose à retenir de ce scrutin : la majorité de nos concitoyens a refusé de poursuivre la farce de Guignol dans les urnes. Les abstentionnistes ont même réussi le pari fou d’obtenir un score de dictateur. Qu’en sera-t-il aux prochaines élections en 2022 ?

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