Piratage massif de comptes Twitter, dont Bercy et Amnesty

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 15 mars 2017 - 11:22
Image
De nombreux comptes Twitter, dont ceux d'Amnesty International, du ministère français de l’Économie
Crédits
© Leon NEAL / AFP/Archives
De nombreux comptes Twitter, dont ceux d'Amnesty International, du ministère français de l’Économie ou de la BBC Amérique du Nord, ont été piratés mercredi matin par un message évo
© Leon NEAL / AFP/Archives

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, faisant peu de cas des condamnations, a attisé mercredi la crise avec l'Europe en dénonçant son "fascisme débridé" et en accusant à nouveau les Pays-Bas du génocide de Srebrenica en ex-Yougoslavie.

La nouvelle salve de M. Erdogan, en pleine campagne pour obtenir le renforcement de ses pouvoirs lors d'un référendum prévu le 16 avril, a été précédé par le piratage massif de comptes Twitter à l'étranger par de présumés hackers turcs qui ont posté un message faisant écho à ses sorties sur le "nazisme" de l'Allemagne et des Pays-Bas.

Les Pays-Bas "n'ont rien à voir avec la civilisation, ni avec le monde moderne. Ce sont eux qui ont massacré plus de 8.000 Bosniens musulmans en Bosnie-Herzégovine lors du massacre de Srebrenica", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Afyon (ouest), reprenant des accusations formulées la veille.

Quelque 8.000 hommes et garçons musulmans avaient été tués par les forces serbes de Bosnie en juillet 1995 à Srebrenica, enclave qui était à l'époque sous la protection de Casques bleus néerlandais.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte avait qualifié mardi de "falsification nauséabonde de l'Histoire" une première sortie de M. Erdogan sur le massacre de Srebrenica.

Très remonté après l'annulation de plusieurs meeting électoraux de ses partisans en Allemagne et le refus des Pays-Bas d'autoriser deux de ses ministres à participer à de telles réunions, il a encore affirmé: "L'esprit de fascisme est débridé dans les rues de l'Europe".

Dénonçant le traitement selon lui discriminatoire réservé aux minorités ethniques et aux musulmans en Europe, il a ajouté dans une allusion aux nazis que "les juifs avaient été traités de la même manière par le passé".

"En accusant les pays européens de vouloir en revenir aux années noires du nazisme, Erdogan (...) entend leur donner une leçon de démocratie, au moment même où il s’apprête à faire voter par référendum un projet qui réduit la démocratie et l’Etat de droit", relève Jean Marcou, chercheur associé à l'Institut français d'études anatoliennes.

- "Petite claque ottomane" -

Dans la soirée, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a de son côté agité la menace d'une annulation unilatérale du pacte migratoire avec l'UE: "Nous pouvons mettre fin (à cet accord) unilatéralement (...) Nous n'avons besoin de la permission de personne". Le pacte migratoire entre l'UE et la Turquie a été conclu il y a un an à Bruxelles pour faire cesser l'arrivée quotidienne de milliers de migrants par bateau sur les îles grecques en mer Egée.

Au-delà des attaques verbales, la crise diplomatique a débordé mercredi sur Twitter avec le piratage de nombreux comptes, dont ceux d'Amnesty International, du ministère français de l'Economie ou de la BBC Amérique du Nord.

En moins de 140 caractères, quelques émojis et une croix gammée, les hackers ont condensé dans leur message la rhétorique incendiaire dont usent les responsables turcs, M. Erdogan en tête, depuis le début de la crise à l'encontre de l'Allemagne et des Pays-Bas.

"#Allemagne nazie #Pays-Bas nazis. Voici une petite claque ottomane pour vous. #Rendez-vous le 16 avril. Vous voulez savoir ce que j'ai écrit? Apprenez le turc", indiquait le message en turc figurant sur des comptes piratés.

Des captures d'écran ont été diffusées montrant les comptes également piratés de l'ancien Premier ministre français Alain Juppé, de l'ancien champion de tennis allemand Boris Becker ou encore du club de football allemand du Borussia Dortmund.

La cyberattaque et la nouvelle charge de M. Erdogan marquent un nouveau palier dans une crise qui ne connaît pas de répit à l'approche du référendum en Turquie et d'échéances électorales dans des pays européens où les mouvements populistes ou d'extrême droite ont le vent en poupe. Aux Pays-Bas, où un scrutin législatif se déroulait mercredi, le parti du député islamophobe Geert Wilders semblait être arrivée en deuxième position, ex-aequo avec deux autres formations, selon des sondages sortie des urnes.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'est dit "scandalisé" mercredi par les propos de M. Erdogan sur le "nazisme" de l'Allemagne et des Pays-Bas, les jugeant incompatibles avec l'ambition d'Ankara de rejoindre l'UE.

Pour le président du Conseil européen Donald Tusk, ces propos sont "détachés de la réalité".

"C'est bien de condamner" ce qui se passe en Turquie, mais "soyons honnêtes, MM. Tusk et Juncker, il faut geler les négociations d'adhésion maintenant", a tonné mercredi dans l’hémicycle du Parlement européen le chef de file des eurodéputés libéraux, le Belge Guy Verhofstadt.

Bild, plus gros quotidien allemand, revendiquait en Une mercredi de dire "la vérité en face" à M. Erdogan, le proclamant persona non grata en Allemagne et dénonçant sa "folie du pouvoir".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.