Police et Education : deux ministres en "reconquête républicaine" à Toulouse
Mettre la nouvelle police de sécurité du quotidien au coeur du quartier sensible du Mirail et faire davantage respecter les règles de la République dans les écoles: les ministres de l'Intérieur Gérard Collomb et son homologue de l'Education Jean-Michel Blanquer ont vanté vendredi à Toulouse la "reconquête républicaine".
"Clairement ici, la priorité, c'est le trafic de stup. Il faut faire en sorte qu'on démantèle les réseaux, des réseaux hyper-importants. Il faut maintenir la pression", a insisté le ministre de l'Intérieur au commissariat de police du Mirail.
Le quartier du Grand Mirail, qui compte plus de 40.000 habitants, est en effet gangréné par le trafic de drogue et les règlements de compte. Il a été retenu par le gouvernement pour l'expérimentation de la police de sécurité au quotidien (PSQ), qui mise sur une nouvelle méthode de travail, collective, et de nouveaux outils, pour lutter contre l'insécurité.
Le ministre a annoncé 30 fonctionnaires de plus pour la PSQ du Mirail: "vous avez le chiffre maximum qu'on a accordé, cela peut faire un certain renfort". Mais pour la branche Occitanie du syndicat Unité SGP-Police, ce n'est qu'"une étape", rappelant qu'un renfort de 150 policiers serait nécessaire pour l'ensemble de l'agglomération.
"Depuis le 1er janvier, la police a saisi plus de 140 kg de résine de cannabis dans le Grand Mirail et plusieurs kilos de cocaïne et d'héroïne", a détaillé le patron de la police toulousaine, Nelson Bouard. "Il y a plusieurs dizaines de points de deal +durs+. Nous avons une pression à maintenir", a-t-il lancé.
-'hors d'état de nuire'-
"Il faut y aller très fortement, a répondu le ministre, et on vous y aidera". "Le président de la République veut qu'on pacifie ce type de quartier et mette hors d'état de nuire" les trafiquants, a-t-il rappelé, promettant de revenir au Mirail dans "5-6 mois".
La visite de vendredi dans la quatrième ville de France était lourde de symbole. C'est ici même, dans le même commissariat, qu'il y a 15 ans, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait fait la leçon aux policiers de proximité.
"Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux. Organiser un match de rugby pour les jeunes du quartier, c'est bien. Mais ce n'est pas la mission première de la police". Nicolas Sarkozy sonnait ainsi le glas de la doctrine des années Jospin sur la police de proximité.
Toujours sur la même thématique de la "reconquête républicaine", le ministre de l'Education s'était rendu en matinée au lycée professionnel Gallieni, voisin du Mirail, qui avait fait la une des médias fin janvier après de nombreuses incivilités, dégradations et bagarres, devenant un des symboles des établissements scolaires en difficultés.
"Le non respect des règles de la République s'était imposé de la part d'une minorité d'élèves. On a voulu rétablir un certain ordre, ce qui commence à être fait aujourd'hui", a déclaré M. Blanquer à la presse.
Le proviseur et l'inspecteur d'académie ont été changés, sur décision ministérielle, car "il était nécessaire de passer à une autre étape" et "créer une nouvelle donne". Et, pour la première fois en France, un poste de conseiller sécurité a été créé dans un lycée. "C'est le premier dans un lycée mais il pourrait y en avoir d'autres".
"La République est chez elle dans chaque établissement de France". La sécurité, "c'est le socle de base. Si vous n'avez pas la sécurité, vous n'avez pas le reste, vous n'avez pas la liberté, l'égalité et la fraternité", a insisté le ministre, relevant que "ce qui arrive parfois en terme d'irrespect des filles n'est pas acceptable".
Le ministre s'est ensuite rendu au rectorat pour rencontrer l'équipe de l'"unité laïcité et fait religieux". La première entité de ce type, qui vise à défendre la laïcité dans les établissements scolaires en accompagnant le personnel, a été créée en décembre en région parisienne. A terme, chaque académie en aura une.
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