3.000 SDF à Paris : pourquoi ce nombre va bientôt augmenter
Le nombre de personnes sans-abri et recensées lors de la Nuit de la solidarité du 15 février a été dévoilé ce mercredi par la Ville de Paris. Ce sont près de 3.000 personnes qui on ainsi été comptabilisées à travers Paris intra-muros.
Dans le détail 2.952 personnes ont été décomptées par près de 2.000 professionnels et bénévoles en une nuit. Environ deux tiers directement dans la rue et les quelque 1.000 restant dans les gares, les stations de métro, les services d'urgences hospitaliers, les parkings collectifs (Vinci uniquement), le bois de Boulogne et le parc de La Colline.
Voir: "Près de 3.000" sans-abri dénombrés lors d'un premier recensement à Paris
Un chiffre qui démontre de manière flagrante la différence entre les données obtenues via les demandes auxquelles le 115 n'a pas pu répondre positivement (les fameux "50 dans toute l'Ile-de-France" du secrétaire d'Etat Julien Denormandie, lire notre article à ce sujet ici), et qui devrait nettement augmenter dans les mois qui viennent.
En effet, la Nuit de la solidarité s'est déroulée en pleine hiver et alors que le plan grand froid était activé. Autrement dit, la totalité des services d'hébergement de Paris et de l'Ile-de-France étaient alors mobilisés. Un choix assumé par la mairie de Paris au motif de ne pas faire de ces résultats un argument politique en pleine polémique sur le nombre de sans-abri. Il y a donc 2.952 sans-abri à Paris "dans le meilleur des cas".
Lire aussi: Sans-abri à Paris - une Nuit de la solidarité pour compter "ceux que l’on ne voit pas"
Or le plan grand froid a permis l'ouverture de 977 places d'hébergement depuis le 5 février. Le plan hiver, déclenché annuellement de décembre à mars a également mobilisé 1.648 places, et 148 places en halte de nuit sont également ouvertes à Paris depuis le 5 janvier (source préfecture d'Ile-de-France).
Ce sont donc 2.273 places qui devraient avoir disparu au 31 mars. Date qui rime également avec fin de la trêve hivernale et la reprise des expulsions locatives (lesquelles n'aboutissent cependant pas nécessairement à une situation de rue).
Si une Nuit de la solidarité avait lieu à Paris au printemps, ce sont donc potentiellement 5.200 personnes qui pourraient alors être comptabilisées. Certains travailleurs sociaux dénoncent d'ailleurs des politiques d'aide aux sans-abri trop centrées sur l'hiver et qui oublient donc les difficultés que représentent la rue tout au long de l'année. De nombreux SDF décèdent ainsi également en été, rappelait pour France-Soir Nicolas Clément, président du collectif Les Morts de la Rue, en mai dernier.
Il faut enfin également tenir compte des lieux qui n'ont pas pu être explorés par les bénévoles jeudi 15. Bruno Julliard, premier adjoint à la maire de Paris, a souligné ce mercredi que les chiffres dévoilés sont "probablement très en-dessous de la réalité".
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