Affaire Benalla : Macron se dit "seul responsable", et maintenant ? (vidéo)
"Le seul responsable de cette affaire c'est moi, et moi seul". Emmanuel Macron a brisé son silence devenu assourdissant au fil des jours, à mesure que l'affaire Benalla tournait au scandale d'Etat rythmé par les révélations de presse, mardi 24 au soir devant les députés de LREM réunis dans les jardins de la Maison de l'Amérique latine. Puis d'ajouter une phrase à la fois lourde et vide de sens: "qu'ils viennent (m)e chercher".
Face aux parlementaires de sa majorité (LREM et MoDem) réunis pour un traditionnel pot marquant la fin de la session parlementaire, Emmanuel Macron a fait une apparition surprise. C'est le format qu'il a choisi pour réagir enfin à la polémique née de la révélation par Le Monde d'une vidéo où l'on voit l'un de ses plus proches collaborateurs, Alexandre Benalla, molester un couple de jeunes gens à la place de la Contrescarpe en marge des manifestations du 1er mai dernier. Et ce alors que les oppositions réclament depuis des jours qu'il prenne la parole pour s'expliquer face aux Français.
Après avoir entamé en dénonçant des faits "grave(s), sérieux", qui ont été pour lui "une déception, une trahison", le chef de l'Etat est passé à l'offensive.
Lire- Affaire Benalla: Schiappa revient sur le "qu'ils viennent me chercher" de Macron
Voici ce qu'il a déclaré exactement aux députés et sénateurs à propos de l'affaire (voir vidéo ci-dessous): "Depuis un an il n'y a eu qui que ce soit protégé ou soustrait aux règles, au droit de la République. Parce que c'est ce que nos concitoyens attendent de nous. Et s’ils cherchent un responsable, dites leur, dites leur chaque jour: vous l'avez devant vous (en parlant de lui). Le seul responsable de cette affaire, c'est moi et moi seul. Celui qui a fait confiance à Alexandre Benalla, c'est moi le président de la République. Celui qui a été au courant et qui a validé l'ordre, la sanction de mes subordonnés, c'est moi et personne (d'autres). Les valeurs qui nous ont fait, celles qui nous ont conduit là, ce n'est pas la République des fusibles, ce n'est pas la République de la haine, celle où on fait trinquer un fonctionnaire ici, un collaborateur là. On ne peut pas être chef par beau temps et vouloir s'y soustraire lorsque le temps est difficile. S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher! Et ce responsable, il répond au peuple français, au peuple souverain et à personne d'autre".
"On ne peut pas être chef par beau temps et se soustraire lorsque le temps est difficile"
— Mendel Teichman (@MendelTei) 25 juillet 2018
"S'ils veulent un responsable, il est devant vous."@EmmanuelMacron au sujet de #Benalla. Un PR qui assume et ne remet pas la faute sur les autres au moindre problème, cela change. pic.twitter.com/3xSE0RQW4U
"Qu'ils viennent (m)e chercher": cette phrase notamment a provoqué une levée de boucliers des oppositions. De la France insoumise au FN en passant par LR et le PS, les adversaires du président de la République ont unanimement dénoncé une provocation, tandis que les troupes d'Emmanuel Macron ont pour leur part salué le courage du chef de l'Etat. Ce qui a fait réagir Olivier Faure, patron du PS: "Le vrai courage c’est de prendre ses responsabilités avant que la presse ne révèle le scandale et avant que la commission d’enquête ne découvre chaque heure des versions contradictoires".
"Seul responsable", Emmanuel Macron bombe le torse et met au défi ses opposants de "venir le chercher". Un coup de menton de nature à remonter le moral de sa majorité malmenée depuis que l'affaire Benalla a éclaté, mais sans grande conséquence. Quand bien même il aurait pu être inquiété s'il n'avait été président, par exemple au titre de l'article 40 du code pénal, l'article 67 de la Constitution prévoit ainsi le chef de l'Etat est intouchable pour "les actes accomplis en cette qualité".
Qu'importe, le résultat est là: en se disant "seul responsable" tout en sachant qu'il ne peut être inquiété, Emmanuel Macron fait une démonstration de force et siffle la fin de la récré. Une manière de restaurer son autorité sapée par l'affaire et de rétablir la souveraineté des institutions: il ne répondra ainsi que devant "le peuple souverain et personne d'autre" comme le veut la Constitution.
Et pour les autres, ces "ils" dont le président n'a pas précisé la nature, "qu'ils viennent le chercher", a défié Emmanuel Macron. Visait-il les journalistes? Les députés? L'opposition? Mystère, mais garde à ce que les électeurs ne se sentent pas visés et le prennent au mot.
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