Allongement de la durée de travail : Macron sonne-t-il la fin des 35 heures ?
Parmi les annonces prévues par Emmanuel Macron et qui ont fuité se trouve l'allongement de la durée du travail qui pourrait passer par des départs à la retraite plus tardifs mais aussi une remise en cause des 35 heures. Un "tabou" dont Emmanuel Macron a toujours eu du mal à s'accommoder.
Officiellement, l'annonce n'a pas été faite puisqu'Emmanuel Macron a été contraint de changer le timing de sa communication suite à l'incendie de Notre-Dame de Paris. Mais les mesures prévues ont fuité, dont l'une qui prévoirait un allongement de la durée de travail. La fin des 35 heures?
Déjà la question avait été évoquée à demi-mot par certains ministres, mais d'une façon qui n'engageait pas formellement la parole du Président de la République. Surtout, les mesures évoquées ne touchaient pas vraiment à la durée hebdomadaire du travail.
"Il va y avoir de moins en moins d'actifs. La proportion de ceux qui payent les retraites par rapport à ceux qui seront à la retraite va s'inverser. Il va nous falloir un jour travailler plus pour ce que nous allons devoir financer, notamment la dépendance", déclarait Agnès Buzyn jeudi 11.
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Mais l'idée de "travailler plus" avait surtout tourné autour d'un report de l'âge de la retraite à taux plein (de facto une conséquence du système à points envisagé par le gouvernement), d'un nouveau jour férié "de solidarité" comme la Pentecôte, ou d'incitation par la défiscalisation des heures supplémentaires.
La seule véritable évocation des 35 heures a été faite par Gérald Darmanin qui pointait les fonctionnaires qui n'appliqueraient pas dans les faits cette durée hebdomadaire.
Mais selon les éléments de l'intervention avortée d'Emmanuel Macron rapportés, les trois pistes qui seraient envisagées par le président seraient: "moins de jours fériés, revenir sur la durée de travail hebdomadaire, retarder l'âge de départ à la retraite".
Le terme de "revenir" laisse une petite place à l'interprétation, d'autant plus que l'annonce devait initialement être précisée lors d'une conférence de presse deux jours plus tard. Mais après la crise des Gilets jaunes, la fin des 35 heures représenterait un coup de tonnerre social auquel les syndicats ne manqueraient pas de répondre.
Emmanuel Macron et les 35 heures, c'est une longue histoire. En 2014 alors qu'il était ministre de l'Economie il déclarait: "la durée légale du travail me semble devoir rester fixée à 35 heures", mais avait ajouté que "ce cadre légal n’est pas suffisant car les salariés comme les entreprises ont besoin de plus de souplesse". En août 2015 il disait de la gauche qu'elle "a pu croire à un moment, il y a longtemps, que la politique se faisait contre les entreprises ou au moins sans elles (…), que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. C'étaient de fausses idées". A l'époque il s'était encore défendu d'envisager la fin des 35 heures.
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