ANI, 35 heures : Emmanuel Macron met les pieds dans le plat
Mercredi c'était les retraites chapeau, ce jeudi l'ANI (Accord national interprofessionnel) et les 35 heures. En deux jours, Emmanuel Macron a multiplié les déclarations et certaines pourraient déclencher quelques grincements de dents à gauche.
Le ministre de l'Economie a estimé qu'il fallait en partie revenir sur l'ANI. Un tel accord peut être conclu entre les représentants des salariés et les dirigeants d'une entreprise. Il permet de s'entendre sur plus de flexibilité (temps de travail, minima sociaux…) dans l'intérêt d'une entreprise en difficulté. Emmanuel Macron a estimé qu'en voulant "trop bien faire", le gouvernement avait réduit l'efficacité de ces accords. Il propose notamment de revenir sur la limitation à deux ans de leur validité. De même il a critiqué l'obligation pour les dirigeants d'entreprise qui voudraient suspendre l'accord de passer devant un juge. Des règles qui auraient effrayé les patrons et limité le succès de ces accords.
Mais c'est surtout son intervention sur les 35 heures qui détonne. Le ministre a en effet évoqué la possibilité de plus de "flexibilité" sur la durée légale du travail. "La gauche n'a pas de tabou mais elle a quelques totems" avait fait remarquer le mois dernier Jean-Christophe Cambadélis à Emmanuel Macron. Celui-ci serait-il prêt à y toucher?
Le ministre de l'Economie a pourtant largement nuancé ses propos pour éviter de passer à nouveau pour le loup libéral au milieu de la bergerie socialiste. "Je défends les 35 heures sans pour autant les mettre sur un piédestal (…). On produit désormais autant en travaillant moins. (…) Nous devons nous battre contre les préjugés et les fausses idées(…). Le résultat global est positif".
Cela dit, Emmanuel Macron a refusé "le jeu de posture", défendu "le pragmatisme", et finit par lâcher que "les 35 heures ont créé un signal négatif pour les entreprises françaises qui voulaient investir en France. Cette réforme a été interprétée comme le signe d'un pays qui ne voulait plus travailler". Revenir sur les 35 heures serait donc hors de question mais plus de flexibilité nécessaire. Reste à savoir si les députés de gauche seraient prêts à suivre le gouvernement sur un tel projet. Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière dénonçait ce jeudi "un processus de déréglementation", un "concours Lépine du libéralisme économique" qui "n'est pas acceptable".
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