Attentat de Nice : le gouvernement fait bloc face aux critiques de la droite et du FN
Alors que Manuel Valls a été conspué ce lundi 18 à Nice quatre jours après l'attentat, le gouvernement s'est lancé dans une vigoureuse contre-attaque face aux accusations de la droite et du FN, premier acte d'une semaine politique très chargée avec la prolongation de l'état d'urgence au Parlement. Quelle sera la tonalité des débats mercredi à l'Assemblée lors des premières questions au gouvernement depuis le carnage niçois? Après Charlie Hebdo, les députés avaient entonné une émouvante Marseillaise et le Premier ministre, avec un discours vibrant, avait été ovationné sur tous les bancs. Après le 13 novembre, la droite avait au contraire instruit sans tarder le procès du gouvernement, mais la séance agitée au Palais-Bourbon fut sévèrement jugée dans l'opinion.
Depuis vendredi, l'après-Charlie semble définitivement un lointain souvenir. A Nice lundi, Manuel Valls, accompagné notamment du président LR de Paca Christian Estrosi et des autorités locales, a été conspué par la foule avant et après la minute de silence en hommage aux victimes des attentats du 14 juillet. Dès samedi, M. Estrosi a évoqué un "mensonge d'Etat" sur le nombre de policiers nationaux présents sur la Promenade des Anglais. Après Alain Juppé, Nicolas Sarkozy a jugé dimanche que "tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l'a pas été" et a accusé François Hollande d'avoir "la main qui tremble" face au terrorisme.
Le chef de l'Etat a donné lui-même le ton de la riposte. Lors du Conseil de défense lundi matin, il a invoqué une "obligation de dignité et de vérité" dans la "parole publique". Dès vendredi à Nice, il avait prévenu qu'il n'entendait pas s'"abaisser" à des "outrances" ou des "excès", alors que la polémique était déjà lancée. Mais François Hollande se garde pour l'heure de trop intervenir en première ligne. Egalement accaparé par les tractations européennes d'après-Brexit, le chef de l'Etat effectue deux déplacements cette semaine au Portugal et en Irlande avant un important sommet fin août en Italie avec Angela Merkel et Matteo Renzi.
De son côté, Manuel Valls se chargera lui-même de défendre la prolongation de l'état d'urgence. Le Premier ministre reçoit lundi soir les responsables des groupes parlementaires avant le Conseil des ministres mardi et le passage du texte mercredi à l'Assemblée et jeudi au Sénat. En attendant, pas moins de quatre ministres se sont chargés de riposter à la droite lundi matin. "Il n'y a pas eu de respect par un certain nombre d'acteurs de la classe politique de la période de deuil", a accusé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qui n'a pas oublié le FN, accusé de "tendre la main à la division" souhaitée par les djihadistes.
Le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen a lui aussi défendu point par point l'action du gouvernement depuis 2012 et a renvoyé la droite à son bilan d'avant 2012, avec "12.000 postes supprimés" dans la sécurité et des "forces complètement atrophiées" notamment dans les services de renseignement. Fait plutôt inhabituel, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian s'est ajouté à la liste, prévenant depuis la cour de l'Elysée que "le moment viendra où il faudra dire ce qui a été fait depuis plusieurs années pour assurer la sécurité de la France, et ce qui a été défait" avant l'alternance.
A droite, un bureau politique extraordinaire des Républicains est programmé lundi soir. Alain Juppé rencontre Angela Merkel lundi à Berlin. Son agenda mentionne une tournée de déplacemens en Nouvelle Calédonie, en Polynésie et à Los Angeles. Nicolas Sarkozy a annulé une dédicace de son livre prévue mardi à Bastia. A gauche, Bernard Cazeneuve assistait lundi midi au Bureau national du PS. Cette semaine sera également celle de l'examen mercredi, pour un vote définitif, du très contesté projet de loi sur le Travail. Les députés du Front de gauche discuteront mardi d'une nouvelle tentative de motion de censure.
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