Climat : la rue mobilisée, incertitudes sur un référendum

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Par Anne RENAUT - Paris (AFP)
Publié le 09 mai 2021 - 13:28
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L'Assemblée nationale a validé samedi la création du délit d'"écocide", parmi les dernières mesures du projet de loi climat
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© Ludovic MARIN / AFP/Archives
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Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche pour réclamer au pouvoir plus d'ambition écologique, au moment même où la promesse présidentielle d'un référendum pour inscrire la protection du climat dans la Constitution semble avoir du plomb dans l'aile.

Emmanuel Macron s'était engagé devant les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) à envoyer aux parlementaires leur proposition de modification de l'article 1er de la Constitution. Mais face aux réticences du Sénat (le texte doit être voté dans les mêmes termes par les deux chambres pour pouvoir être soumis à référendum), le JDD affirme que le président a renoncé au scrutin.

Interrogé par l'AFP, l'Elysée a assuré que la modification constitutionnelle n'était "en rien enterrée", sans évoquer toutefois de référendum.

"Ce dont je suis le garant", c’est qu'"il n’y aura pas d'abandon. Ce texte va vivre sa vie parlementaire, qui seule permet d'aller au référendum si les sénateurs et les députés s’accordent", a ensuite insisté le chef de l'Etat, en marge d'un déplacement à Strasbourg.

"Si les choses restent en l’état, il ne pourra pas y avoir de référendum", avait estimé plus tôt sur Radio J le président de l'Assemblée Richard Ferrand. "Au Sénat il y a une majorité plus conservatrice (...) sur les questions environnementales".

Le projet stipule que la France "garantit la préservation de l'environnement et de la diversité biologique et la lutte contre le dérèglement climatique".

Or, la majorité sénatoriale rejette le terme "garantit", estimant qu'il donnerait à la préservation de l'environnement priorité sur les autres principes constitutionnels.

- La "faute" à Macron -

Malgré les assurances élyséennes, écologistes, partis de gauche et syndicats y ont vu une preuve de plus des reniements de l'exécutif, alors même qu'ils manifestaient pour dénoncer comme "un rendez-vous raté pour le climat" la loi "climat et résilience" adoptée mardi à l'Assemblée.

Un texte sensé traduire une partie des 149 propositions de la CCC, convoquée par Emmanuel Macron dans la foulée de la crise des gilets jaunes pour réduire de 40% les émissions françaises de gaz à effet de serre "dans un esprit de justice sociale".

Selon les organisateurs, 115.000 personnes au total ont participé à 163 défilés à travers le pays, dont 56.000 à Paris, soit un peu plus que revendiqué lors du précédent mouvement fin mars, juste avant le début de l'examen de la loi climat. Selon la police, "46.918" personnes ont été recensées en France dont 8.500 à Paris.

"Il s'agit de continuer à dénoncer le manque d'ambition de la loi climat et, depuis ce matin, l'abandon quasi certain du référendum qui constitue une reculade de plus", a résumé le réalisateur et militant Cyril Dion, "garant" de la CCC, présent dans le cortège parisien dernière une banderole "Loi climat = échec du quinquennat".

Plusieurs membres de la CCC ont manifesté, comme Patricia Samoun à Paris, "évidemment déçue" par l'issue du processus: "On y croyait un peu, quand même".

"Je ne suis pas là pour sauver la planète et trois tortues, je suis là pour sauver l'humain. Le gouvernement doit avoir le courage d'imposer la transition écologique", lançait à Bordeaux Vanessa, artiste plasticienne et membre de l'ONG de protection océanique Surfrider, venue défiler vêtue d'une robe faite de filets de pêche échoués sur le littoral aquitain.

"Les idées qui ont émergé de la Convention citoyenne sont passées à la trappe, ça devait passer +sans filtre+ et au final on se retrouve avec deux ou trois mesurettes pour gagner du temps", pestait Pascale, 61 ans, retraitée du secteur social dans le défilé de Lyon (7.000 participants selon les organisateurs, 4.500 selon la police).

Des rassemblements ont aussi eu lieu à Besançon, Chartres, Cherbourg, Lannion, Laval, Lille, Martigues, Nantes, Quimper, Saint-Brieuc, Strasbourg ou encore Valenciennes...

La droite a elle accusé le chef de l'Etat "d'hypocrisie", sur fond de tension autour des prochaines régionales et de tentative d'OPA macroniste sur l'électorat de droite modéré en vue de 2022.

"Avant même que le Sénat n'ait voté quoi que ce soit et que la discussion avec l'Assemblée nationale ne s'engage, Emmanuel Macron nous accuse de blocage pour justifier l'annulation d'un référendum dont il ne voulait pas", a tweeté le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.

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