Comment Florian Philippot veut créer une extrême droite crédible face à un FN qui "n'y arrivera jamais"
Florian Philippot n'est "pas pour qu'on ouvre la polémique" sur la suppression des menus sans porc dans les cantines scolaires. L'opinion émise par l'ancien numéro-2 du Front national et fondateur des Patriotes n'est pas passé inaperçue. Il faut dire qu'elle tranche avec les méthodes du FN. Et l'eurodéputé s'est particulièrement appliqué à montrer sa différence avec son ancien parti, cherchant à se présenter comme une opposition d'extrême droite crédible.
Ce samedi 19 sur Franceinfo, il aurait presque pu reprendre la pique de Benoît Hamon qui durant la campagne présidentielle avait qualifiée Marine Le Pen de "droguée aux pages faits divers". "J'ai toujours connu des cantines scolaires (...) où il y avait généralement deux choix, et donc on n'a pas à créer une polémique pour une polémique (...). Sinon, on retombera, ils retomberont dans la stratégie de 1995, où les communes du Front national étaient juste là pour faire des polémiques régulièrement, mais ça ne menait à rien", a-t-il lancé.
Voir: Menus sans porc dans les cantines, Philippot "pas pour qu'on ouvre la polémique"
Plus généralement, il a critiqué -au risque de se faire reprocher une certaine amnésie- l'opposition systématique du Front national qui en oublie selon lui les sujets sérieux et suit "les +baballes+ que lance le gouvernement, un jour c'est les vaccins, le lendemain c'est les 80 km/h…"
Même sur la question des prisons, Florian Philippot a pris garde à ne pas se jeter dans la dénonciations d'une justice laxiste. Il a préféré prôner la construction de 40.000 places pour atteindre des capacités analogues à celles de nos voisins européens ou se dire favorable à l'isolation des détenus islamistes radicaux "qui seront naturellement dans un prosélytisme". Il a également rappelé au détour d'une réponse que Les Patriotes ne comptent pas revenir sur le mariage pour tous.
Après son tweet qui jugeait que le gouvernement avait pris la "moins mauvaise" décision concernant Notre-Dame-des-Landes en réafirmant ses préocuppations éologiques, on pourrait se demander s'il s'agit bien du même Florian Philippot qui secondait Marine Le Pen avec tant de véhémence.
#NDDL : moins mauvaise décision prise aujourd’hui. L’écologie devait l’emporter. L’Etat doit être aménageur intelligent du territoire, notamment en milieu rural et dans les lointaines périphéries urbaines. La ZAD doit enfin être évacuée.
— Florian Philippot (@f_philippot) 17 janvier 2018
Un moyen de se distinguer d'un FN qu'il a quitté en critiquant son repli sur "les recettes du passé" (immigration, insécurité, islamisme) et qui selon lui n'arrivera donc "jamais" au pouvoir. Florian Philippot a donc habilement présenté son mouvement comme une alternative d'extrème droite crédible, moderne et capable de gouverner, rappelant ce que son opération de "dédiabolisation" avait apporté à son acien parti.
Il a donc davantage critiqué le Front national que le gouvernement, rappelant tout de même sa volonté de "contrer" Emmanuel Macron et de voir la France sortir de l'Union européenne comme de la zone euro.
Lire aussi: Les Patriotes - Florian Philippot va-t-il arrêter la politique?
Cette opération séduction convaincra-t-elle ceux qui se refusent à voter FN ou n'y croient plus? Quoi qu'il en soit, Florian Philippot et Les Patriotes devront faire face à un autre écueil: des moyens et un nombre d'adhérents et d'élus encore très faibles. Les éléctions européennes trancheront.
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