Déchéance de nationalité : Hollande désavoue Taubira

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 décembre 2015 - 18:24
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Chritiane Taubira Manuel Valls et François Hollande.
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©Philippe Wojazer/Reuters
François Hollande maintient sa proposition de déchéance de nationalité pour les terroristes français, contrairement à ce qu'avait annoncé Christiane Taubira.
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Les déclarations de Christiane Taubira ont créé une vaste polémique sur la question de la déchéance de la nationalité dans la révision de la Constitution. La droite et le FN menacent de ne pas voter la réforme sans cette mesure, au contraire d'une partie de la gauche, obligeant l'exécutif à ménager les deux camps pour espérer réunir une majorité.

Coup de théâtre à l’Élysée mercredi: François Hollande a finalement conservé dans son projet de révision constitutionnelle la déchéance de nationalité, contrairement aux annonces de la garde des Sceaux Christiane Taubira, et malgré les critiques de la gauche.

Manuel Valls a confirmé, lors d'une conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres, le maintien dans le texte de la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour acte de terrorisme. La déchéance pourra ainsi s'appliquer aux binationaux nés Français, et plus seulement aux binationaux par acquisition.

La droite, inspiratrice de la mesure, s'est félicitée de cette annonce: "Je me réjouis de la décision prise après cet épisode de cacophonie au sein du gouvernement", a tweeté le député Les Républicains Eric Ciotti. La présidente du FN Marine Le Pen a de son côté salué le "premier effet des 6,8 millions de voix pour le Front national aux élections régionales". Florian Philippot, vice-président du parti, a estimé que, "dans ces conditions", le FN pourrait "voter cette révision".

Le Parti de gauche a au contraire hurlé à la "déchéance morale de Hollande et Valls". Le PS, prudent, a noté que le gouvernement avait "sui(vi) l'avis du Conseil d’État"."Ce qui a primé, c'est la parole engagée, (...) c'est la cohérence du président de la République entre le discours à Versailles (lors du Congrès réuni trois jours après les attentats, NDLR) et l'adoption ce (mercredi) matin en Conseil des ministres", a expliqué Manuel  Valls.

"Les débats auront lieu à partir du 3 février" au Parlement, a précisé le Premier ministre, en affirmant avoir "confiance dans la responsabilité de la majorité comme de l'opposition", alors que l'adoption d'une révision constitutionnelle nécessite une majorité des trois cinquièmes au Parlement réuni en Congrès.

Cette annonce a surpris, tout particulièrement après les déclarations de Mme Taubira à la radio algérienne Chaîne 3 mardi, selon lesquelles le projet de révision constitutionnelle "ne retenait pas" la déchéance de nationalité. La mesure pose "un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol", avait-elle estimé. Son entourage avait toutefois fait savoir à l'AFP mardi soir que le texte n'était "pas totalement calé, pas bouclé" et que la question serait "tranchée durant la nuit".

L'attitude de la droite, qui avait fait savoir depuis mardi qu'elle ne voterait pas le projet s'il ne comportait pas cette disposition, a pu faire pencher la balance. "Si tel était le projet présenté" au Conseil, "je ne vois pas comment Les Républicains pourraient voter une telle réforme de la Constitution qui ne serait qu'une coquille vide", avait affirmé le numéro deux des Républicains Laurent Wauquiez.

Le gouvernement était par ailleurs divisé, la ministre de l’Écologie Ségolène Royal ayant par exemple souhaité cette mesure lundi soir. Devant la presse, le Premier ministre s'est efforcé mercredi de désarmer les préventions des détracteurs de la mesure. "Comme l'ensemble du gouvernement, je suis très attaché au droit du sol (...) La déchéance de nationalité pour les seuls criminels terroristes s'appliquera indifféremment à tous les binationaux qu'ils soient français par le sol ou par le sang", a-t-il dit.

Christiane Taubira pourrait-elle voir son avenir au gouvernement compromis, après ce cinglant désaveu? Eric Ciotti et Florian Philippot ont demandé sa démission.

Mais Manuel Valls lui a marqué son soutien: "Chacun a droit à ses doutes, à ses interrogations, à ses questionnements et à ses analyses", a-t-il martelé devant la presse, annonçant qu'il défendrait la réforme de la Constitution avec elle. Ces rebondissements ont laissé au second plan l'autre volet de la réforme, l'inscription dans la Constitution de l'état d'urgence.

Là encore Manuel Valls s'est attaché à dissiper les inquiétudes. "Borner les critères de déclenchement de l'état d'urgence et encadrer les mesures de prolongation dans la Constitution, c'est les mettre définitivement au-dessus de tout risque de dérive partisane", a-t-il expliqué.

À l'instar de nombreux juristes, l'avocat Jean-Pierre Mignard, proche du chef de l’État, comme le Défenseur des droits Jacques Toubon, s'étaient inquiétés en début de semaine de cette constitutionnalisation.

Manuel Valls a par ailleurs annoncé que le gouvernement, se conformant à l'avis du Conseil d’État, n'avait pas retenu le dispositif de sortie progressive de l'état d'urgence initialement prévu. Il aurait permis de prolonger au-delà de l'état d'urgence des mesures prises dans ce cadre.

Enfin, le gouvernement a dévoilé devant le Conseil des ministres son "projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et son financement, l’efficacité et les garanties de la procédure pénale". Y figure notamment l'autorisation des perquisitions de nuit dans certaines circonstances.

 

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