Délinquance et insécurité : un bilan mitigé
L'Observatoire nationale de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) vient de rendre son rapport annuel sur la "victimation", autrement dit son étude sur le nombre d'actes de délinquance subis par les Français en un an. Des chiffres dont le poids politique est indéniable alors que le thème de la sécurité est au centre des débats entre la majorité gouvernementale et l'opposition.
Ainsi, 568.000 ménages se sont déclarés victimes d'un cambriolage de leur résidence principale en 2014. Un chiffre en hausse par rapport à 2013 (520.000), mais l'ONDRP nuance cependant cette augmentation. Au regard du nombre de ménages français, cela ne concerne que 2% d'entre eux contre 1,8% en 2013, "des valeurs qui ne sont pas significativement différentes".
Le nombre de vols de véhicules à moteur a lui légèrement diminué avec 960.000 en 2014 contre 1.046.000 en 2013. Soit le taux le plus bas depuis le début de ces statistiques en 2006.
L'évolution de ces deux indicatifs reste minime, ce qui n'est pas le cas des "vols et tentatives avec violences ou menaces" qui enregistre une baisse spectaculaire, passant de 360.000 déclarés en 2013 à "seulement" 178.000 en 2014, encore une fois le niveau le plus faible jamais observé. L'évolution est similaire pour les actes de vandalisme contre le logement (596.000 en 2014 contre 694.000 en 2013)
En revanche le nombre de déclarations de violences physiques ou sexuelles (calculé sur deux ans) poursuit la hausse qu'il avait amorcé depuis 2009/2010 pour s'établir à plus de 2 millions en 2013/2014. Les menaces sans violence sont également en hausse depuis trois ans.
Les résultats sont donc mitigés, ce qui se confirme par l'étude sur le sentiment d'insécurité des Français. Il n'a presque pas changé en un an pour ce qui est de l'insécurité ressentie dans le quartier ou le village de résidence (de 21,2% des personnes interrogées à 21,1%) ainsi qu'au domicile (17,4% à 16,8%).
La variation la plus importante de cette étude concerne sans surprise la menace terroriste, considérée avant les attentats de janvier comme le problème le plus préoccupant par seulement 2,6% des Français. Ce chiffre est désormais passé à 17,7%.
Des chiffres qui ne semblent pas tout à fait en accord avec les déclarations de certains politiques. Prenant ce rapport pour témoin, Nicolas Sarkozy avait déclaré mercredi 4 que "depuis trois ans (et l'élection de François Hollande, NDLR) tous les agrégats sur la violence et les vols explosent". Le nombre de cambriolages violences physiques et violences conjugales a bien augmenté sur cette période même s'il est difficile de parler d'"explosion". Les vols de véhicules, vols avec violence et actes de vandalisme ont en revanche diminué.
Cette déclaration avait été qualifiée de "mensonge" par Bernard Cazeneuve. Le ministre de l'Intérieur avait alors dévoilé ses propres chiffres: "vols avec arme: -15,8%, vols violents sans arme: -9,8%, vol sans violence: -0,2%, cambriolages de logements: -4,4%, vols de véhicules: -1,5%". Mais ceux-ci semblent également présenter des différences avec le rapport de l'ONDRP.
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