Derrière Emmanuel Macron, des "marcheurs" engagés, venant de différents horizons
S'il a réussi à susciter une effervescence médiatique autour de sa campagne, Emmanuel Macron s'appuie aussi, avec son mouvement En Marche, sur un réseau éclectique de "marcheurs", le plus souvent jeunes et novices en politique, sillonnant les villes pour tracter, convaincre et recruter.
"On se plaint toujours de la politique mais on n'y participe jamais", constate Louis, 27 ans, à propos de sa génération. "Marcheur" depuis peu, le jeune homme, de "droite sociale", a été séduit par l'idée de participer à un nouveau mouvement qui "questionne tout le monde, que tu sois de droite ou de gauche".
Comme lui, près de 130.000 adhérents ont rejoint En Marche, selon les chiffres de Sylvain Fort, directeur de la communication du mouvement. Au sein de comités locaux, les plus actifs organisent des débats thématiques, réunions d'informations et tractages, pour faire "la passerelle entre le siège et les initiatives locales".
"C'est nous qui faisons le programme, c'est pas Macron", sourit Serge Setterahmane, assurant avoir été d'abord conquis "par le personnage", avant "le projet".
Ce jeune retraité sexagénaire et son épouse Mireille Gitton, anciens élus franciliens au Parti radical, font figure de doyens parmi la dizaine de macronistes rencontrés dans un café parisien.
"J'en avais marre de travailler avec de vieux croûtons", plaisante Mireille, qui s'est laissé convaincre par de jeunes marcheurs de rejoindre les 21.000 adhérents parisiens de ce mouvement principalement citadin.
La cartographie du mouvement "correspond à la typologie française, avec une plus forte concentration dans les grandes villes", selon M. Fort, qui met en avant "l'inexpérience" d'une grande partie des adhérents, venus de tous horizons.
Autour de la même table: Jean-André Martini, communicant de 27 ans qui a voté Bayrou en 2012, et Loïc Neuilly, quadragénaire qui travaille au ministère de la Justice et a voté Hollande, se chambrent gentiment. A leurs côtés, Justine Henry, référente de 28 ans, et Thomas, 27 ans, sweatshirt En Marche sur les épaules, avaient, eux, choisi Sarkozy à la dernière présidentielle.
En Marche a aussi séduit dans le reste du pays ceux qui louent à l'envi le discours "progressiste", "positif" et surtout "européiste" de leur candidat.
"Je voulais absolument m'engager dans la campagne présidentielle après les européennes de 2014, où le FN était arrivé en tête", explique Hervé Berville, économiste de 26 ans et adhérent des Côtes d'Armor. Employé par l'université américaine de Stanford au Kenya, il a démissionné "pour s'engager dans la campagne".
"Pour un autre candidat, j'aurais peut-être réfléchi deux ou trois fois. Là, une fois qu'il s'est déclaré, j'ai très peu hésité", confie-t-il, voyant en Macron "le candidat qui (lui) paraît le plus en phase avec (ses) valeurs progressistes et européennes". "Ça a été en quelque sorte un alignement des étoiles".
"Macron a un discours positif, il va chercher les Français sur des valeurs positives, de respect, de bienveillance", note Justine, quand Martin Roger, banquier de 25 ans et anciennement socialiste, préfère saluer ses propositions sur la CSG. "Au PS, on ne peut pas parler de ça", déplore-t-il.
"En Marche n'est pas un parti mais un rassemblement de citoyens", assure Nicolas, 32 ans, professeur d'histoire-géo dijonnais, qui espère que Macron saura "faire table rase, pour en finir avec les professionnels de la politique et s'ouvrir sur la société civile".
Séduits par En Marche, les militants ne s'avancent pas sur la fin du marathon et nourrissent encore des interrogations. "Si on fait 15%, ce sera très bon", avance Serge.
Martin salue le "renouvellement" même s'il se demande si le mouvement ne manque pas un peu "de têtes connues". Jean-André voit lui en Macron un "grand Européen" mais l'attend sur les autres grands sujets internationaux. Et Mireille de souligner: "il y a un sujet sur lequel il faut qu'il soit très bon, c'est l'immigration".
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