Destitution de Macron : les socialistes ouvrent le débat, mais actent leur divergence avec LFI
Les députés PS ont choisi lundi d'œuvrer pour qu'un débat ait lieu à l'Assemblée sur la destitution du président de la République, mais voteront ensuite "unanimement" contre une procédure "vouée à l'échec", actant une divergence stratégique avec LFI.
Les débats internes ont été "intenses" mais "intéressants", souffle une source au groupe socialiste à l'issue de près de trois heures de discussions. Une réunion décisive pour la proposition de destitution, déposée par La France insoumise et signée par "81 députés".
Celle-ci est inscrite à l'ordre du jour du bureau de l'Assemblée, plus haute instance exécutive de la chambre basse, qui doit trancher mardi à partir de 09H30 sur sa recevabilité, afin qu'elle puisse être envoyée à la commission des Lois. Le bureau devrait donc, sauf surprise, voter pour.
La gauche, majoritaire d'une courte tête dans cette instance (12 sièges sur 22), ne pouvait guère se permettre de faire sans les trois représentants socialistes. De quoi placer les socialistes sous pression de leurs alliés insoumis au sein du NFP, pour ne pas faire obstacle au débat.
Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a salué sur X une "grande nouvelle", estimant que "le refus de la décision du suffrage universel ne sera pas resté sans conséquence pour Macron".
Côté groupe socialiste, on a jugé dans un communiqué que "le bureau de l'Assemblée nationale ne (devait) pas se voir confier un rôle de juge de l'opportunité politique de cette initiative", signée par suffisamment de députés et "motivée".
"Mais nous avons réaffirmé avec beaucoup de force le fait que nous ne sommes pas en soutien de cette procédure", a insisté auprès de l'AFP le chef du groupe Boris Vallaud, confirmant que ses députés voteraient "unanimement" contre en commission comme dans l'hémicycle le cas échéant.
- "Défiance" -
Le texte des insoumis énonce notamment que le refus d'Emmanuel Macron de nommer à Matignon Lucie Castets, candidate du NFP, constitue "un manquement grave au devoir de respect de la volonté exprimée par le suffrage universel", arguant que l'alliance de gauche est arrivée en tête des législatives (193 sièges).
Comme LFI, les socialistes s'en prennent au refus d'Emmanuel Macron, lui reprochant de contribuer "à la défiance entre les citoyens et le pouvoir exécutif". Mais au contraire de leurs alliés, ils qualifient la procédure de "vouée à l'échec".
Longue et difficile à faire aboutir, elle nécessiterait in fine l'approbation de deux tiers des parlementaires de l'Assemblée et du Sénat, réunis en Haute Cour.
Une gageure alors que la gauche parlementaire n'est pas unie sur la question, et que la droite, remise en selle avec l'arrivée de Michel Barnier à Matignon, a peu de raisons de la voter, au-delà même de réticences sur le fond. "C'est une chimère", jugeait également un cadre du RN samedi.
"Et au final ce rejet offrira au Président une re légitimation qu’il ne mérite pas", a jugé sur X le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Un discours rejeté par la présidente des députés LFI Mathilde Panot lundi, qui a jugé "tout à fait possible d'aller jusqu'au bout de cette procédure de destitution", si tous les parlementaires hors camp présidentiel la soutenaient.
Mais un passage en commission des Lois sera surtout l'occasion pour LFI de faire monter la pression et de prendre l'opinion à témoin, les élus insoumis relayant à l'envi une pétition pour la destitution dont le compteur affichait plus de 305.000 signatures lundi.
Et une mise au vote testerait à coup sûr encore un peu plus l'unité du Nouveau Front populaire, alors que socialistes et insoumis veulent incarner le leadership à gauche.
"L'urgence est ailleurs. Les forces de gauche doivent se concentrer sur les batailles qui vont peser sur le quotidien des Françaises et des Français", ont lancé lundi les députés socialistes, appelant à se concentrer sur la chambre basse : "le pouvoir n'est plus à l’Élysée, il est au Parlement".
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