Direction de Sciences Po : on prend les mêmes et on recommence !
Dans la tourmente depuis des mois (des années ?), Sciences Po vient de choisir son nouveau directeur. C’est donc Luis Vassy qui reprendra les rênes de l’institution, après que Mathias Vicherat a été poussé à la porte à cause d’une enquête pour violences conjugales. Normalien et énarque de la fameuse promotion Senghor, lui aussi connaît bien Emmanuel Macron.
On ne change pas une équipe qui gagne, paraît-il. Pas de grande surprise, donc, lorsqu’on apprend la nomination de Luis Vassy à la tête de Sciences Po. Franco-uruguayen, il vient d’une famille de réfugiés politiques relativement modeste, qui lui fait commencer son parcours au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Il enchaîne avec l’ENS, Sciences Po Paris et l’ENA, où il figure dans la même promotion qu’Emmanuel Macron et Mathias Vicherat. Bref, il coche toutes les cases.
Il entame sa carrière en tant que conseiller des Affaires étrangères au sein du ministère des Affaires étrangères et européennes et fait ses armes dans Le Monde en défendant l’idée que les élites françaises doivent se diversifier. Soit. Son parcours l’emmène ensuite à l’ambassade de France à Washington, puis au ministère de la Défense avec Jean-Yves Le Drian. Là, il contribue notamment à la fabrication du contrat de vente de douze sous-marins DCNS à l'Australie. « Contrat du siècle », qui sera annulé par l’Australie plus tard, devenant franche humiliation pour l’Hexagone. En mai 2019, il est fait ambassadeur de France aux Pays-Bas par Emmanuel Macron. Il passe ensuite un temps au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, avant d’entrer en lice pour le poste de directeur de Sciences Po.
Ce fut presque une formalité : tant le conseil de l'Institut d'études politiques (IEP) que le conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) ont voté en sa faveur. Comme le rapporte Le Point, le patron de la DGSE Nicolas Lerner lui prête toujours de belles qualités : « Il est resté le même qu'il y a vingt ans, foncièrement simple, très drôle, très sain, avec de belles valeurs humaines, une intelligence rare, il est fulgurant », disait-il en juillet.
Alors, va-t-il remettre Sciences Po à flots ? Selon lui, il faut « envisager une triple rénovation » de l’institution : revoir l’image, le projet et la gouvernance, sans oublier bien sûr, de placer l’Europe au centre du triptyque. Une ambition qui pour l’instant, n’a de concret que le nom. Au vu de son parcours, difficile de l’imaginer refondre véritablement la machine à élites. Pour le moment, il semblerait de toute façon que l’urgence soit de calmer le jeu tant que faire se peut.
Quelles que soient ses intentions, une fois qu’Emmanuel Macron l’aura nommé officiellement directeur de Sciences Po, il aura du pain sur la planche.
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