EELV : Yannick Jadot, personnage consensuel et pragmatique
"Un mec bien". Difficile d'obtenir un qualificatif dépréciatif lorsqu'il est question de Yannick Jadot. Le député européen, 49 ans, sorti en tête mercredi 19 de la primaire écologiste, est un personnage consensuel, adepte d'une écologie pragmatique. "Moi, ce que je veux, c'est redonner à l'écologie une image d'amabilité", expliquait fin septembre M. Jadot, inscrivant ses pas dans ceux de Nicolas Hulot, et semblant vouloir se démarquer de Cécile Duflot, jugée trop clivante ou clanique.
"C'est quelqu'un de très ouvert, très curieux, qui écoute et qui est capable de remettre certaines de ses positions en question, c'est le contraire d'un homme de parti ligoté par son idéologie", assure Daniel Cohn-Bendit qui a créé avec Yannick Jadot EELV en 2009. "On ne s'est plus quitté, sur beaucoup de choses, on est d'accord même s'il est un peu plus radicalement de gauche que moi", s'amuse celui qui a été député européen avec lui entre 2009 et 2014.
"Sincère", "solide", "intelligent", "brillant", "très bon orateur": quelles que soient les tendances de l'écologie interrogées, l'homme fait l'unanimité, ce qui est pour le moins rare chez des Verts souvent raillés pour adorer "se tirer dans les pattes". Il faut dire que M. Jadot coche pas mal de cases: une expérience solide dans la société civile, sept ans de Parlement européen et une certaine neutralité au sein d'Europe Ecologie-Les Verts, où chaque chapelle lui a apporté ses parrainages. "Jadot a un vrai parcours professionnel avec de vrais jobs qui ne sont pas accessoires à un engagement politique, il a mené les deux carrières en parallèle", résume l'eurodéputé Pascal Durand.
Né le 27 juillet 1967, Yannick Jadot a fait ses premières armes dans la politique en participant à la création d'un mouvement étudiant "La Déferlante" en 1986. Il est alors étudiant en économie à Dauphine et se retrouve à ce titre en charge d'organiser la manifestation d'hommage à Malik Oussékine. "Dans ma chambre de bonne, je trace le parcours du cortège qui doit passer devant l'hôpital Cochin où il repose. Le jour de la manifestation, nous sommes un million à défiler en silence", raconte-t-il sur son site internet.
Après des expériences humanitaires au Burkina Faso, au Gabon et au Bangladesh dans les années 90, il intègre Solagral (Solidarité agricole et alimentaire), une ONG spécialisée dans le suivi des négociations internationales. Il s'enorgueillit régulièrement d'avoir participé à ce titre "à la construction du mouvement altermondialiste" à Seattle en 1999 ou à Porto Alegre en 2001. Il fait un bref passage par la campagne de Noël Mamère à la présidentielle en 2002 où il "fait le lien avec José Bové", puis devient le directeur des campagnes de Greenpeace France jusqu'en 2008. A ce titre, il participe à la création de "l'Alliance pour la planète" et prend part au Grenelle de l'Environnement en 2007. Député européen à partir de 2009, il devient porte-parole d'Eva Joly pendant la campagne des primaires en 2011 avant de s'en éloigner, la jugeant trop critique à l'égard du parti socialiste.
S'amusant de sa "voix de stentor" sur les plateaux télévisés, une militante écologiste aime chez lui ce passé dans "le milieu associatif" qui fait de lui "tout sauf un apparatchik, quelqu'un qui n'aime pas trop les trucs internes et préfère au contraire se tourner vers l'extérieur". Cette volonté de ne pas choisir de chapelle a pu jouer des tours à Yannick Jadot qui a manqué de peu l'occasion d'être ministre dans le premier gouvernement Ayrault en 2012. Selon Dany Cohn-Bendit, Cécile Duflot aurait glissé à François Hollande le nom de Pascal Canfin plutôt que le sien. Une estocade que le député européen peine encore à digérer. "La faille de Jadot, c'est qu'il n'en a rien à faire de la cuisine politique (...) Ca le rend sympa mais, du coup, il n'est pas du tout dans la logique écurie donc il n'a personne autour de lui", rappelle un ancien cadre du parti.
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