Ses journées sont-elles comptées d'avance ?
Hélas non. Cette fois-ci, il n'y a pas eu rejet, par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, de la décision d'Emmanuel Macron, président de la France, de nommer telle personne commissaire européen. Une décision à laquelle, normalement, « la Reine de Bruxelles » ne peut pas s'opposer. Mais bon, elle l'a fait quand même, le mois dernier, concernant Thierry Breton, et Emmanuel Macron s'est couché devant elle, couvrant la France d'un ridicule qui résonne encore comme un revers diplomatique, une nouvelle honte sous sa présidence. Et pourtant, dieu sait, ou plutôt diable, qu'il y en a eu ! Et cette fois-ci, vous dis-je, Ursula von der Leyen a « validé » la décision d'Emmanuel Macron de nommer Stéphane Séjourné commissaire européen pour la France.
Dès lors, n'en déplaise à Marion Maréchal, Sarah Knafo, Nicolas Dupont-Aignan et à toutes les autres personnalités politiques qui s'offusquent à fort juste titre de cette décision, Stéphane Séjourné est en poste pour cinq ans, à quelques dizaines de milliers d’euros net par mois, payés avec nos impôts. C'est couru d'avance. Pardi ! Les députés européens ont voté très largement pour la réélection d'Ursula von der Leyen il y a trois mois, ils voteront similairement très largement cette semaine pour la validation du nouveau protégé d'Ursula von der Leyen : Stéphane Séjourné.
À moins bien sûr que d'ici là, Stéphane Séjourné se retrouve au beau milieu d'une affaire judiciaire scandaleuse au possible. À savoir une affaire du style de celle dans laquelle Andy Kerbrat, député LFI élu en 2022 et réélu en 2024, s'est lui-même fourré : achat d'un produit stupéfiant avec ses frais de mandat, et financement de sa campagne électorale de 2024 aussi avec ses frais de mandat. Ou alors que les Français se réveille enfin pour s’interroger si Stéphane Séjourné, Gabriel Attal et Emmanuel Macron n’auraient pas sciemment violé la constitution française avec l’accord de défense Franco-Ukrainien ?
Ah mince !
Certains disent que la nomination de Stéphane Séjourné est un choix par défaut. Que suite au refus d'Ursula von der Leyen 100 % en violation du droit européen (sa grande spécialité) de la nomination de Thierry Breton, premier choix d'Emmanuel Macron, ce dernier a jeté son dévolu sur l'ex-amant de son ex-Premier Ministre. (1) Et ils ajoutent, les vilains en question, que si c'est Stéphane Séjourné qu'Emmanuel Macron finalement a choisi, c'est pour les deux raisons suivantes. Première raison : offrir un poste de prestige et très grassement payé (plus tous les avantages en nature qui vont avec), à un fidèle parmi les fidèles. Un de ses plus proches collaborateurs depuis son arrivée miraculeuse (pour les ultra-riches) en politique, en 2014 (ministre de l'Économie et des finances de François Hollande). Un intime plus encore qu'Alexandre Benalla, même, paraît-il, en tout cas si j'en crois L'Opinion.
En effet, en juillet 2017, L'Opinion a identifié Stéphane Séjourné comme « l'un des trois principaux conseillers d'Emmanuel Macron à l'Élysée, aux côtés d'Alexis Kohler, secrétaire général, et d'Ismaël Emelien, conseiller spécial », ceci tout en étant « parfaitement inconnu du grand public. »
Et, effectivement, Stéphane Séjourné a fait partie, en 2017, du « petit groupe des fidèles » qui ont assisté à la passation de pouvoirs entre Emmanuel Macron et François Hollande.
Quant à la seconde raison qui a conduit Emmanuel Macron à nommer son ex-ministre des Affaires étrangères commissaire européen, elle n'a pas trait, elle, au copinage et plus si affinités.
Non. D'après cette fois Libération et France Info, cette nomination confirme le choix d'Emmanuel Macron d'accaparer les décisions en matière de politique étrangère, au détriment du Quai d'Orsay.
Or, bien qu'il m'en coûte de le reconnaître, car d'ordinaire Libération et France Info font davantage dans l'analyse biaisée au service de la propagande contraire à la vérité, il est difficile de leur donner tort sur ce coup. Stéphane Séjourné l'a prouvé : il ne craint aucunement de passer pour un débile léger en public, au-delà de la « très forte dyslexie » dont il souffre (2) et de sa non-maîtrise calamiteuse des basiques, pourtant, de la langue française. J'entends par là que c'est pareillement sans nullement craindre de passer pour un crétin que les discours qu'il a tenus comme ministre des Affaires étrangères étaient manifestement des discours qu'Emmanuel Macron lui avait dictés.
Ah si ! Style d'écriture, caractère du propos à la fois vide de sens et plein de contre-sens, et formules employées, c'était du Emmanuel Macron dans le texte.
Et on a d'ailleurs retrouvé le fameux « en même temps » d'Emmanuel Macron dans le discours que Stéphane Séjourné a donné lors de son audition, le 12 novembre 2024, par les parlementaires européens venus le questionner sur sa légitimité à exercer cette nouvelle fonction de vice-président exécutif de la Commission européenne, en charge de la prospérité et de la stratégie industrielle.
On peut donc très certainement affirmer légitimement que, oui, la deuxième raison de la nomination de Stéphane Séjourné commissaire européen par Emmanuel Macron, semble bien être la certitude d'avoir à sa disposition, à Bruxelles, une marionnette de confiance. La marionnette politique dans laquelle il a placé sa main, et qui répétera « en même temps » avec zèle et sans poser de questions, les mots de son président ventriloque adoré, qui l'agite depuis le 55 rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, dans le huitième arrondissement. (3)
Et étant donné qu'en outre Stéphane Séjourné a été le président de la délégation pour les relations avec les pays du Mercosur, on peut également légitimement redouter que défendre les agriculteurs français ne sera pas sa priorité dans ses nouvelles fonctions.
Mais, revenons sur ce discours qu'il a prononcé le 12 novembre devant les parlementaires européens venus s'enquérir auprès de lui, de la légitimité qu'il pouvait bien avoir à exercer ce poste ô combien important, je le rappelle, de commissaire européen en charge de la prospérité et de la stratégie industrielle, lui qui n'a aucune expérience dans ce domaine, zéro, n'ayant jamais travaillé ailleurs que dans les cabinets politiques, à nuire aux intérêts des Français.
Comme je l'ai dit dans le tweet que j'ai posté le lendemain, en commentaire de cette intervention lamentable en tous points, ce fut « un discours de technocrate totalement plein de vide ».
Un discours de techno totalement plein de vide. Les mots sont mis bout à bout pour faire joli mais démontrent une totale inexpérience et déconnexion avec des elements concrets. Un rapport appellera un autre rapport qui en appellera un autre sans aucun résultat. C'est cela qui… https://t.co/fXktAa5kYP
— Xavier Azalbert FreeSpeech 🇧🇷 🇫🇷 (@xazalbert) November 13, 2024
Du Emmanuel Macron pur jus. Les mots sont mis bout-à-bout assez harmonieusement. Cela fait joli, c'est vrai. Très fleur bleue. Mais, cela démontre une inexpérience totale et une déconnexion absolue avec des éléments concrets.
Adepte revendiqué de l'immobilisme politique volontaire, qui entretient l'organisation des dysfonctionnements grâce auxquels les parasites politiques et hauts fonctionnaires peuvent se sucrer toujours plus grassement, sur le dos d'un contribuable à qui ils demandent toujours plus de sacrifices, la méthode Stéphane Séjourné est la même que celle qu'il a appliquée partout où il a sévi. Un rapport appellera un autre rapport, qui en appellera un autre, puis un autre... sans aucun résultat. C’est cela qui gangrène la vie politique française : des personnes qui parlent pour ne rien dire. Pourquoi ? Parce qu'elles n’ont rien à dire. Plutôt que des béotiens totaux, pourquoi ne pas faire intervenir de vrais industriels ou entrepreneurs ? Probablement parce que ça montrerait en quelques minutes les carences et la médiocrité de ces individus. Si, Monsieur le Commissaire, vous aviez véritablement les intérêts des Français à cœur, comme vous le prétendez, vous auriez fait un vrai stage de longue durée en entreprise pour vous confronter au réel. Le réel de cette fonction dont vous avez hérité, on sait pertinemment pourquoi.
Nicolas Dupont-Aignant est de mon avis :
« La honte de la France ! Stéphane Séjourné ne comprend même pas ce qu’il lit lors de son audition devant le Parlement européen. Et pendant ce temps-là, Trump nomme auprès de lui Elon Musk qui a battu un empire industriel... quel contraste ! »
Jugez-en par vous-mêmes. Voici l'entièreté du passage concerné :
« Pour aller plus loin, j'ai quatre convictions. La première est qu'il faut décarboner et industrialiser « en même temps » : il n'y a pas d'industrie sans décarbonation, et il n'y aura pas de décarbonation sans industrie. Ma deuxième conviction : il faut cibler les secteurs stratégiques à fort potentiel et à fort impact socio-économique. Ces secteurs sont souvent confrontés à un effet ciseaux, avec d'un côté un coût de l'énergie deux à trois fois plus élevé que chez nos concurrents, et de l'autre côté des surcapacités chinoises qui tuent littéralement nos filières. C'est un problème pour nos industries à forte intensité énergétique, comme l'acier, l'aluminium, sur lesquels nous avons perdu la moitié de nos capacités depuis 2021. Je pense aussi au secteur de l'automobile, en profonde mutation électrique et numérique, à l'économie circulaire dont le modèle doit également être repensé. Je pense également au clean tech, au digital tech, au biotech, qui façonnent également l'avenir de notre continent. Sans oublier évidemment la chimie, l'industrie des industries. Pour chacun de ces secteurs nous présenterons un plan d'action, après avoir mis en place de très très larges consultations, avec vous, le Parlement européen, évidemment, et l'ensemble des partenaires sociaux. Ma troisième conviction : il faut créer le bon équilibre entre l'offre et la demande, et là aussi les deux vont de pair. Du côté de l'offre, l'énergie est le nerf de la guerre, il est donc urgent de faire baisser les prix. Je pense aussi aux problématiques d'accès aux matières premières, aujourd'hui trop concentrées, à la sous-utilisation des technologies d'avenir comme notamment l'intelligence artificielle par nos entreprises, et enfin au manque de compétences dans certains domaines. Nous y travaillerons. Du côté de la demande, la priorité sera à la création de marchés porteurs. Les ventes de véhicules électriques stagnent et celles des pompes à chaleur ont été divisées par deux au cours des six derniers mois. C'est un problème. Nous devrons donc actionner tous les leviers possibles pour inverser la tendance, notamment via l'accélérateur de décarbonation industrielle. »
Marion Maréchal aussi s'est empressée d'être dubitative :
« Rien manifestement ne vous désigne professionnellement pour ce poste. Vous êtes le dernier caprice d'un Président français désavoué dans les urnes, qui cherche, à travers vous, à conserver une influence en Europe qu'il a perdue en France. Alors je vous pose une question très simple : qu'est-ce qui vous qualifie professionnellement pour ce poste, outre les faveurs d'Emmanuel Macron ? »
Doutes confirmés, puisque voilà quelle fut la réponse de Stéphane Séjourné :
« Ce n'est pas à moi de répondre sur ma légitimité, c'est aux parlementaires de l'apprécier. Euh.. et donc, heu, je ne peux pas répondre à votre question. »
Toutefois, avoir la faculté d'être sans cesse encore plus ridicule que la fois précédente, même après avoir complètement touché le fond, cette faculté étant l'idiosyncrasie intellectuelle viscéralement accrochée aux porte-voix de la macronie (l'actuel locataire de l’Élysée en tête), Stéphane Séjourné s'est montré davantage pathétique, ensuite, dans la réponse qu'il a apportée à cette question-ci, posée cette fois par Sarah Knafo, autre députée européenne « Reconquête » :
« Aujourd'hui vous êtes ici par la volonté d'un homme, et d'un seul : Emmanuel Macron. Vous n'étiez pourtant pas son premier choix. Son premier choix était Thierry Breton. Mais Ursula von der Leyen l'a sèchement refusé. Nous combattions Thierry Breton mais il avait une qualité : il tenait tête à Ursula von der Leyen. Le Président aurait dû faire respecter son choix : c'est le principe même de la souveraineté. Mais Emmanuel Macron a obtempéré : il vous a nommé, vous. Peut-être parce que Madame von der Leyen vous tolère. Nous n'oublions pas l'humiliation pour la France : le sentiment d'être traités comme des moins que rien par « la Reine de Bruxelles », qui décide de qui lui revient et de qui ne lui revient pas. Vous avez d'ailleurs perdu les deux tiers du champ de compétence précédent un pouvoir diminué, une influence réduite. Un ministre anglais disait : « Quand vous voulez nommer quelqu'un à la tête d'une institution internationale, prenez toujours un Français, car c'est le seul qui ne défendra pas les intérêts de son pays. » Alors Monsieur Séjourné, serez-vous l'homme qui défendra la France au sein de cette commission ou serez-vous un simple exécutant d'Ursula von der Leyen ? »
Réponse de Stéphane Séjourné :
« Ce n'est pas vraiment mon champ de compétence, mais ça a un intérêt en tout cas, c'est que, heu, ça pose les conditions de travail de la commission. D'abord il faut dire, chacun a son style, heu. Mais moi, l'objectif c'est évidemment, heu... les objectifs qui sont à atteindre. Et donc moi je veux être jugé sur euh, à la fin des fins dans cinq ans. Quel est l'état de l'industrie ? Qu'est-ce que nous avons fait pour la soutenir ? Quel est l'état du marché intérieur ? Comment nous avons pu gagner en compétitivité ? Comment la prospérité, heu... des travailleurs a augmenté dans « un » période de croissance économique ? Bref, je veux être jugé sur des résultats. Et donc ne me jugez pas sur un style. En tout cas le style que vous pouvez avoir de moi, heu, ni une relation avec la présidente, qui serait moins bonne que mon prédécesseur. Je pense qu'avoir des bonnes relations avec la présidente et avec ses collègues est plutôt un atout pour faire avancer ses idées. J'avancerai en tout cas avec les idées et l'intérêt général européen à cœur, heu, pendant heu tout mon mandat, heu, à la commission, si vous me faites confiance. »
Dans ces conditions, on comprend que Sarah Knafo se soit sentie obligée d'en rajouter une couche :
« Votre première tâche sera, je vous cite : « d'intégrer la perspective de genre, en mettant plus de femmes dans les conseils d'administration. » L'élément clé de votre stratégie, et je cite toujours : « la neutralité climatique, avec un pacte pour une industrie propre visant à accélérer la décarbonation. » Quelle ambition ! Voilà qui va nous sauver des Chinois et des Américains. Allez-vous imposer des quotas de transsexuels dans les usines ? Vous n'en êtes plus très loin. Avec un tel projet, vous avez plus de chance de transformer l'Europe en un terrain vague administratif qu'en puissance économique. Nous cherchons un chef de guerre pour notre stratégie industrielle, pas un chef de bureau. »
À l'heure où je finis de rédiger cet édito, le résultat du vote des députés européens, validant ou non la nomination de Stéphane Séjourné, n'avait pas encore été rendu public.
J'imagine que Marion Maréchal et Sarah Knafo ont voté contre.
Mais comme je vous l'ai dit au début de ce développement apartisan, je sais malheureusement pouvoir augurer sans me tromper que la nomination de Stéphane Séjourné va être validée.
C'est donc bel et bien à cinq ans ferme d'emprisonnement dans l'autodestruction programmée (« Parce que c'est notre projet ! ») de l'industrie française, que la France et les Français viennent d'être condamnés.
On peut juste lui rappeler le proverbe "Qui trop embrasse mal etreint".
1) de 2017 à 2022, Stéphane Séjourné fut pacsé avec Gabriel Attal.
2) une très forte dyslexie « diagnostiquée chez lui très jeune », a-t-il déclaré dans la presse, Stéphane Séjourné, et dont à ce titre il n'est en rien responsable. Au contraire de tout le reste.
3) le 55 rue du Faubourg Saint-Honoré est l'adresse de l’Élysée.
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