"Jamais vu un président aussi nul que vous" : Emmanuel Macron vivement pris à partie en Alsace
Lors de sa journée de campagne d'entre-deux-tours, qui se concluait hier par un meeting à Strasbourg, le candidat arrivé en tête au premier tour s'est à nouveau écharpé avec un homme qui l'a durement interpellé, le traitant notamment de "manipulateur".
Le président de la République ne rechigne pas à aller au contact des Français, et le revendique d'ailleurs, au grand dam de son entourage parfois. De fait, chaque déplacement est émaillé d'une altercation avec un de ses compatriotes. C'est en marge de son déplacement à Châtenois (Bas-Rhin), où il parlait de sécurité de proximité, promettant de "doubler les forces de police dans la ruralité", que le président s'est fait houspiller par un retraité très remonté.
Crédit : Sami Sfaxi (Twitter) pour CNews
L'échange, capté par Sami Sfaxi, journaliste qui couvrait le déplacement pour CNews, est tendu mais non dénué de fond, quoi qu'en dise Emmanuel Macron qui a tenté de réduire le propos de son interlocuteur à une invective sans argument, agressive et fourre-tout.
"Je n'ai pas à me plaindre, moi. Vous êtes pour la retraite à 65 ans, moi je l'ai prise à 65 ans, mais par choix et pas par obligation", attaque l'homme qui l'interpelle avant de lâcher "Je n'ai jamais vu un président de la Vème République aussi nul que vous". Emmanuel Macron ironise en le remerciant, "je vous remercie d'avoir plein d'arguments à mettre sur la table", et invoque son envie de débat : "dans une démocratie, on peut débattre, mais si vous avez des idées toutes faites et que vous ne voulez pas débattre, on ne peut pas y arriver..."
On ne tire pas sur une ambulance
Attaqué sur sa politique de santé, un thème sous-représenté dans cette campagne au vu des deux dernières années, mais qui revient par la fenêtre dans ses bains de foule, le candidat répond au reproche de la suppression des "5700 lits" que "sur l'hôpital, on a remis 11 milliards par an", prenant ensuite au mot son interlocuteur pour se défausser sur une politique antérieure à son mandat : "le système vient de loin".
"Je vous respecte", affirme le président de la République : son opposant lui répond tout de go "je vous respecte aussi, mais je ne voterai pas pour vous". "Jamais je n'ai voté Marine Le Pen, je vous ai donné un sursis en 2017, mais je n'en donne pas un deuxième".
Il cite les affaires Benalla, Alexis Kohler (secrétaire général de l'Élysée), s'attirant cette répartie du candidat, goguenard : "ça se mélange beaucoup dans la tête", pointant que ce ne sont "pas des arguments", mais des "trucs qui vont dans tous les sens". "Vous confondez beaucoup de choses", ose même Emmanuel Macron.
Pris sur son mépris
"Vous êtes machiavélique, vous êtes manipulateur et vous êtes menteur en plus" : la colère sourde s'exprime. "Des faits ?", répond le président. "On a été pris pour des moins que rien, des fainéants, des Gaulois réfractaires", renchérit l'homme... qui voit Emmanuel Macron se revendiquer lui aussi "Gaulois réfractaire" en miroir.
"Mais vous êtes fou ou quoi ?", s'exclame-t-il quand il est accusé d'avoir "assassiné l"hôpital". "Vous êtes un vrai caméléon, Monsieur le Président". "Je vous réponds, regardez les faits", expliquant la situation quand il a été élu - et oubliant qu'avant le covid et sous son mandat, l'hôpital était en situation critique, avec des soignants épuisés qui tentaient d'alerter dans des grèves et manifestations... "Mon médecin traitant, mon dentiste ont été radiés, les infirmières libérales dans nos villages, elles ont été radiées"... "Mais pas par moi ?, ce sont les Ordres qui les ont radiés" "Et qui a donné les ordres aux Ordres ?", cingle le retraité, avant de souligner que "c'est un scandale".
Voir aussi : En Bretagne, Emmanuel Macron à nouveau interpellé sur les soignants suspendus
Un échange houleux que l'on pourra juger peu constructif et symptôme d'un dialogue impossible, mais dans lequel on retrouve pourtant de manière éloquente les principaux griefs qui collent à la campagne du président (largement escamotée jusqu'ici) : la crainte d'une casse du modèle social français et de la perte de conditions de vie dignes, la politique sanitaire, les affaires de son entourage, et le procès en mépris. La vidéo est devenue virale, dépassant rapidement le millions de vues : sa dimension récapitulative du quinquennat d'Emmanuel Macron l'explique. Orphelins d'un débat empêché, beaucoup de Français ont manifesté leur soutien à l'homme qui a interpellé Emmanuel Macron, se reconnaissant dans ses propos. Marine Le Pen, adversaire du président sortant au second tour, les reprendra-t-elle à son compte ?
Voir aussi : "Emmerder" les non-vaccinés était une formule "affectueuse", selon Emmanuel Macron
Mise à jour le 15 avril à 18h53 : intégration de la vidéo de CNews
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