En plein bras de fer fiscal, l'exécutif présent en force à la rentrée du Medef
DÉPÊCHE — Le ministre de l'Économie, la Première ministre et même le président en visioconférence : les figures de l'exécutif se pressent lundi et mardi à la rentrée du Medef, quelques jours après avoir froissé le patronat en ralentissant la disparition d'un impôt de production.
Élisabeth Borne (Matignon), Olivier Dussopt (Travail), Clément Beaune (Transports), Bruno Le Maire (Économie et Finances), Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), Thomas Cazenave (Comptes publics)... Une dizaine de membres du gouvernement sont attendus à l'hippodrome de Longchamp, dans l'ouest parisien, pour la Rencontre des entrepreneurs de France (REF).
Ils seront devancés par le chef de l'État Emmanuel Macron, qui inaugurera lundi après-midi la grand-messe estivale du patronat par un message vidéo. Une prise de parole dont le président de la République s'était abstenu ces dernières années.
Son intervention pré-enregistrée sera sans doute l'occasion de réaffirmer au monde des affaires que le gouvernement, en quête d'économies pour boucler son prochain budget, ne déviera "pas d'un pouce" de la politique favorable aux entreprises menée depuis 2017, comme promis jeudi par Bruno Le Maire.
Réel ou surjoué, le doute s'est instillé dans l'esprit des patrons après que le gouvernement a décidé d'étaler jusqu'en 2027 la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt initialement censé disparaître intégralement en 2024.
Élu en juillet à la présidence du Medef, Patrick Martin a ainsi souligné dimanche dans Le Figaro combien l'"instabilité fiscale" était "l'ennemie des entreprises".
"Quand un engagement est pris et annoncé, il est impératif qu'il soit respecté", avait averti dès mardi le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, appelant à chercher plutôt des économies dans la fonction publique.
Les quatre milliards de CVAE restant à supprimer "ne représentent que 0,4% de la dépense publique. Qu’on ne nous fasse pas croire qu’on ne peut pas trouver ailleurs cette économie", tonne Patrick Martin.
"Je le redirai dans une attitude constructive à la Première ministre", a promis le numéro 1 du Medef, qui doit s'exprimer lundi juste avant la cheffe du gouvernement.
Outre les sujets fiscaux, Patrick Martin devrait parler dans son discours de transition écologique, de réindustrialisation et de dialogue social autonome entre syndicats et patronat, indique son entourage.
Demain ne meurt jamais
Depuis Tourcoing (Nord), Élisabeth Borne a pour sa part affirmé dimanche que "des temps partiels subis aux métiers mal payés, en passant par les progressions de carrière et la lutte contre les discriminations, nous attendons beaucoup des entreprises."
Un an après sa première intervention à la REF dans ses fonctions de Première ministre — un appel à la sobriété énergétique accueilli sans enthousiasme par l'auditoire, la cheffe du gouvernement doit rester lundi une trentaine de minutes sur scène, où elle répondra d'abord aux questions du journaliste Christophe Jakubyszyn avant d'adresser un court discours aux patrons.
En attendant les arbitrages du gouvernement pour le budget 2024, attendus fin septembre, les 150 orateurs annoncés débattront de sujets variés : transition énergétique, avenir des transports, rôle de l'État dans l'économie, mais aussi droits des femmes, système éducatif, intelligence artificielle et même avenir des religions.
La directrice générale de Veolia Estelle Brachlianoff, la PDG de Suez Sabrina Soussan et celui de Système U Dominique Schelcher s'interrogeront lundi sur la possibilité de concilier croissance et sobriété, aux côtés de l'économiste Patrick Artus et de l'expert du climat Jean-Marc Jancovici.
Le lendemain, les dirigeants de TotalEnergies Patrick Pouyanné et d'EDF Luc Rémont plancheront sur la manière de "soutenir la croissance sans dégrader le climat"ah, avec le climatologue Jean Jouzel et Agnès Pannier-Runacher.
En dépit des chocs et des crises, "pour les entrepreneurs, demain ne meurt jamais", selon l'intitulé de l'édition 2023 de la REF, qui reprend le titre d'un opus de la série de films de James Bond.
Sur les deux jours de l'évènement, un peu plus de 10.000 personnes sont attendues par les organisateurs. Une affluence qui, si elle se confirmait, serait légèrement supérieure à celle de 2022.
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