François Hollande à mi-mandat : l'échec du chômage
Ces deux ans et demi resteront marqués par une promesse non tenue: l’inversion de la courbe du chômage. Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, 508.000 chômeurs supplémentaires ont été enregistrés par Pôle emploi. Et la courbe ne cesse de grimper. Confronté mois après mois à un nouveau record du nombre de chômeurs en France, le gouvernement Valls semble enfin reconnaître l’échec de cette moitié de quinquennat. Aujourd'hui, 3,43 millions de demandeurs d'emploi sont enregistrés. Le ministre du Travail, François Rebsamen, parie sur un retournement à la mi-2015.
Depuis son arrivée à l'Elysée, François Hollande comptabilise à son actif trois mois de baisse du chômage (en incluant toutefois le bug SFR du mois d'août 2013, qui avait sorti d'un seul coup des listes quelque 50.000 demandeurs en catégorie A).
Pour expliquer la montée persistante du nombre de demandeurs d’emploi, le président et ses ministres ont, pendant un temps, avancé comme excuse l'héritage du bilan de Nicolas Sarkozy. L’ancien président UMP était alors accusé d’avoir créé un million de chômeurs sous son quinquennat. Cet argument ressort encore ponctuellement lorsque la droite se montre trop incisive envers la majorité. En avril dernier, François Rebsamen comparait encore les quelque 450.000 chômeurs supplémentaires de l’ère Ayrault au 700.000 de l’ère Fillon.
Fin 2013: l’échec
Mais cet argument ne pouvait marcher qu’un temps aux yeux des Français. En septembre 2013, presqu'un an jour pour jour après avoir promis sur TF1 d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année, François Hollande déclare lors d'une intervention télévisée: "On touche au but, on y est presque".
Seulement voilà: à la fin de l'année, le président essuie sont premier "gros" échec, et ce malgré une légère accalmie enregistrée à l’automne 2013.
Après des mois de dénégation, l'ex-ministre du Travail, Michel Sapin, finit par admettre publiquement ce qu'il s’obstinait à nier. Il reconnaît même un "échec" de la politique de l'emploi lors d'une interview diffusée dans le magazine Complément d'enquête sur France-2, le 27 février dernier. "Tant que ça ne recule pas, c'est que ça ne va pas", concèdait le ministre la veille sur LCP. A l’époque, la tendance est à la hausse du chômage, fortement à la hausse. Le mois de février (et ses 31.500 chômeurs supplémentaires) vient anéantir toute hypothèse d’inversion de la courbe.
Après deux années de désillusion, François Hollande a dû adapter son discours au fur et à mesure que grimpait la courbe. Invité de BFM le 6 mai dernier, le président déclarait: "Je me bats pour que cette promesse -qui est la seule qui compte aux yeux des Français-, la baisse du chômage, soit tenue". "Je demande à être jugé à la fin".
Deux mois plus tard, une de ses déclarations fait jaser la classe politique et l'opinion publique. En déplacement à Clermont-Ferrand, François Hollande affirme: "Si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017, je n'ai, ou aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu".
Baisse du chômage chez les jeunes
Le mois d'août 2014 avec ses 11.100 chômeurs en moins inscrits en catégorie A redonne un peu d'espoir au gouvernement et aux Français. Mais l'embellie n'est que de très courte durée. Après l’annonce d’un nouveau record du chômage en septembre dernier, le ministre du Travail, François Rebsamen déclare dans un entretien au Parisien: "Soyons honnêtes: nous sommes en échec".
Un mea culpa qui fait écho à celui du Premier ministre. Manuels Valls reconnaît la situation sans chercher à se trouver d’excuses. "Il faut toujours dire la vérité aux Français. Quand on a plusieurs millions de chômeurs depuis des années, on constate malheureusement qu’on n’a pas réussi à changer cette donne".
Seule consolation pour le gouvernement: le chômage des jeunes a reculé de 0,4% en décembre 2013 (-2.300 inscrits) et de 0,3% sur cette même année grâce en partie aux contrats d'avenir, ciblés sur les moins de 25 ans. L'objectif des 150.000 emplois d'avenir signés avant la fin 2014 a d'ailleurs été atteint, plus tôt que prévu… trois mois avant la date limite. Pour autant, la popularité de François Hollande ne s'améliore pas. Selon un sondage Odaxa pour RTL, publié lundi 3 novembre, 97% des Français estiment que le président a "plutôt échoué" dans sa politique de l'emploi. Un chiffre qui grimpe à 100% chez les sympathisants de droite contre 94% chez les sympathisants de gauche.
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