Viktor Orban critique encore Bruxelles, un “empire qui veut accaparer la liberté des Hongrois”


Samedi à Budapest, Viktor Orban a réglé ses comptes avec Bruxelles. Dans le jardin du musée de la Capitale hongroise où il prononçait un discours à l’occasion de la Fête de la révolution de 1848, le Premier ministre a répondu aux déclarations du président du Conseil européen, Antonio Costa. “La Hongrie n'est pas isolée en Europe”, a-t-il déclaré, accusant Bruxelles de vouloir “accaparer la liberté des Hongrois”. Le discours de Viktor Orban intervient peu après l’abandon de sa menace de veto contre le renouvellement des sanctions européennes visant plus de 2 400 personnes et entités russes.
Début mars, le PM hongrois a appelé l’UE à négocier directement avec Moscou “comme Washington” avant de menacer Bruxelles du blocage des nouvelles aides à Kiev. Il a exprimé ceci dans une lettre transmise au président du Conseil européen Antonio Costa, quelques jours avant la tenue du sommet européen pendant lequel il était question du renforcement de la défense européenne et de la nouvelle aide militaire à Kiev.
“La Hongrie n’est pas isolée, l’UE l’est”
Dans sa lettre, Viktor Orban avait suggéré de “ne pas tenter d’adopter de conclusions écrites sur l’Ukraine lors du Conseil européen spécial”, afin d’éviter de divulguer les “divisions”. Il faisait part de son rejet du document préliminaire qui circulait, estimant qu’il était “devenu évident qu'il existe des différences stratégiques dans notre approche sur l'Ukraine qui ne peuvent être comblées par la rédaction ou la communication”.
Budapest a bien empêché l'adoption de conclusions communes sur l'Ukraine mais un “extrait”, signé par 26 personnes, a été publié. “La Hongrie a une approche stratégique différente de l'Ukraine”, avait réagi António Costa. "Cela signifie que la Hongrie est isolée parmi les 27. Nous respectons la position de la Hongrie, mais il s'agit d'un pays sur 27. Et 26 sont plus d'un", a-t-il ajouté.
La déclaration du président du Conseil européen est mal passée auprès du chef du gouvernement magyar. Samedi, lors de son discours célébrant l’anniversaire de la révolution hongroise, Viktor Orban a tenu à répondre à Antonio Costa. “La Hongrie n'est pas isolée en Europe. "Nous sommes isolés, ils l'ont dit en 1956, et puis nous, les Hongrois, avons fait tomber la première brique du mur de Berlin, ce qui a apporté la liberté à l'Europe", a-t-il affirmé.
A ses yeux, c’est l’inverse qui se produit avec “l'Union européenne qui s'est isolée des États-Unis, de la Chine à cause de la guerre commerciale et de la Russie à cause de la politique de sanctions. Donc, si quelqu'un est isolé ici, c'est l'Union européenne". En outre,
"les patriotes du monde occidental se sont renforcés et ont gagné", a-t-il ajouté, citant l'Italie, les Pays-Bas et l'Autriche. “Nous volons en tandem avec les États-Unis. Dans la bataille pour l'âme du monde occidental, nous sommes aujourd'hui victorieux", a-t-il ajouté.
Avant ce discours, c’est-à-dire la veille, le PM hongrois a abandonné sa menace de veto contre un renouvellement de sanctions contre 2 400 personnes et entités russes, cédant une fois de plus à la pression de l’UE. "Il y a toujours un empire qui veut accaparer la liberté des Hongrois, et maintenant il y en a un à Bruxelles. Bruxelles abuse de son pouvoir, comme l'a fait Vienne (en référence à l'Empire austro-hongrois) à l'époque. Ils veulent nous dominer comme l'ont fait les gouverneurs de la cour de Vienne dans le passé", a-t-il martelé.
Orban joue encore avec les nerfs de Bruxelles
La résolution a été adoptée à peine 48 heures avant l'expiration des mesures, qui doivent être renouvelées tous les six mois à l’unanimité, ce qui donne à Budapest, à chaque fois, une possibilité de mettre son véto. Il s’agit d’ailleurs de la 2e fois en trois mois que le gouvernement de Viktor Orban brandit la menace d’un veto pour empêcher le renouvellement des sanctions.
Janvier dernier, il s’était opposé à des sections sectorielles et le gel de 210 milliards d'euros d'actifs de la banque centrale russe, avant de lâcher du lest pour avoir obtenu une déclaration non contraignante sur la sécurité énergétique.
La semaine écoulée, Budapest rejetait cette fois-ci une liste noire qui comprend des centaines de commandants militaires, de fonctionnaires, d'oligarques, de propagandistes et de mercenaires du groupe Wagner, tous soumis à un gel de leurs avoirs et à une interdiction de voyager. Cette liste cible également des sociétés russes opérant dans les secteurs de l'armée, de la banque, des transports, de l'énergie, des diamants, de l'aviation, des technologies de l'information, des télécommunications et des médias.
La Hongrie a exigé que plusieurs noms soient retirés de la liste noire et les débats houleux ont abouti à un compromis, qui consiste à retirer quatre noms, dont trois réclamés par la Hongrie, à savoir Gulbahor Ismailova, sœur de l'oligarque Alisher Usmanov, Viatcheslav Moshe Kantor, oligarque, Mikhail Degtyaryov, ministre russe des Sports et Vladimir Rashevsky, homme d'affaires.
Viktor Orbán abordait dès le lendemain la guerre en Ukraine, déclarant : "notre combat pour la liberté, tout comme en 1848, n'est pas seulement l'affaire des Hongrois, mais qu'il s'agit d'une bataille pour l'âme du monde occidental. Au lieu de la paix, ils veulent nous mettre au service des dieux de la guerre. L'avenir n'appartient pas aux empires, mais aux patriotes et aux nations indépendantes", a-t-il ajouté.
Sa position est partagée par quelques membres uniquement comme la Slovaquie de Robert Fico, avec qui il critique la stratégie européenne de “la paix par la force”, qui consiste à maintenir la pression sur Moscou tout en renforçant la position de l’Ukraine en prévision de futures négociations.
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