Gagner du temps, préparer les esprits…conférence de presse d’Édouard Philippe
ANALYSE: La conférence de presse du dimanche 19 avril d’Édouard Philippe aura duré 2h30.
Sur la forme, rien à redire : discours clair et graphiques pertinents. Le Premier Ministre maîtrise très bien l’exercice. Mais sur le fond, presque aucune annonce si ce n’est l’autorisation d’un droit de visite pour les personnes âgées dans les maisons de retraite. Alors tout ça pour ça ? Cela vaut bien quelques explications…
En réalité, cette conférence de presse poursuivait deux objectifs : gagner du temps et préparer les esprits.
Gagner du temps car en situation de crise, il faut pouvoir maîtriser ce temps si précieux, donner aux français le sentiment que le Gouvernement est à sa tâche et en empathie avec eux, imposer dans le débat public les thèmes de discussion, déminer les questions embarrassantes et empêcher les opposants de prendre la parole en « saturant » l’espace médiatique. La ficelle est un peu grosse mais elle fonctionne. Du moins, pour un temps. Car cette technique ne peut se prolonger indéfiniment, au risque de lasser ou de laisser apparaître l’immense vide qu’elle est censée camoufler.
L’autre objectif, c’est de préparer les esprits. Le Président de la République a annoncé un déconfinement le 11 mai mais sous conditions. Le Premier Ministre doit donc organiser les modalités pratiques de ce déconfinement et commencer à distiller auprès de l’opinion publique un certain nombre de messages, d’avertissements et de mesures à venir, qui ne seront pas toutes populaires loin s’en faut. En la matière, le diable est dans les détails et pour réussir cette opération, les français vont devoir adopter certains comportements auxquels il est préférable qu’ils se préparent. Là encore, Édouard Philippe a fait le job.
Le véritable enjeu est pourtant à venir : regagner la confiance des français, relancer l’activité économique et répondre aux nombreuses questions qui restent en suspens, notamment en ce qui concerne le manque de masques et de tests. A quelques exceptions près, l’opinion publique, les journalistes, les oppositions et les soignants restent pour le moment sur la réserve, entièrement focalisés sur le combat sanitaire du moment. La crise passée, il en sera autrement. Et là, les techniques de communication n’y suffiront pas. Il faudra rendre des comptes et accepter d’affronter la rudesse du combat non plus sanitaire mais politique.
Bref, le retour à la vie démocratique, pour le meilleur et pour le pire…
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