Gérald Darmanin attendu en Corse pour parler autonomie, entre autres
DÉPÊCHE — Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin se rend mercredi et jeudi en Corse où sa position sur une éventuelle autonomie de l'île est très attendue par les nationalistes, même si les maires espèrent aussi des avancées sur l'eau, les déchets et l'urbanisme.
Sept mois après sa dernière visite, Gérald Darmanin doit s'entretenir, à partir de 16H30, avec le président autonomiste de l'exécutif Gilles Simeoni avant de participer, à Ajaccio, à une assemblée générale des maires de l'île.
"On attend beaucoup de cette visite", explique auprès de l'AFP le président de l'association des maires de Haute-Corse, Ange-Pierre Vivoni, qui mise sur "le même programme que la réunion qui était prévue en octobre 2022 et qui n'avait pas eu lieu, c'est-à-dire parler de l'eau, de l'assainissement, des ordures ménagères et de l'urbanisme et bien évidemment de l'autonomie".
Mais "la question de l'autonomie n'est pas une question majeure pour les maires", a-t-il ajouté, rappelant que "80% des maires n'ont pas d'étiquette en Corse" et "95% des communes ont des listes d'union" mêlant des élus de droite, de gauche et nationalistes qui "ont tous un avis différent" sur le sujet.
Pour autant, le sujet devrait être omniprésent mercredi soir lors du dîner du ministre avec les présidents de groupes politiques de l'Assemblée de Corse.
Jeudi matin, il prendra le petit-déjeuner avec le maire d'Ajaccio, Stéphane Sbraggia avant de retrouver Gilles Simeoni à 9H30 pour un second entretien.
Réforme constitutionnelle
Début septembre, Gilles Simeoni avait reconnu lors d'un meeting de son parti Femu a Corsica ne pas savoir vers quoi voulait tendre l'État en matière de révision constitutionnelle concernant l'île, tout en estimant que "les moments qui s'annoncent vont faire partie des plus importants de (l') histoire" corse.
Ce déplacement intervient alors que l'Assemblée de Corse n'a pas réussi début juillet à s'accorder sur un projet unique d'autonomie pour cette île de 340.000 habitants rassemblant tout le spectre politique.
À l'issue de deux jours de session extraordinaire, les élus insulaires avaient en effet transmis au gouvernement et au président Emmanuel Macron deux projets, l'un des nationalistes quasi-unis et l'autre de l'opposition de droite.
Fin février, lors de la reprise des discussions sur l'avenir institutionnel de l'île, à l'arrêt depuis six mois, Emmanuel Macron avait répété être prêt à inscrire d'éventuelles évolutions dans son projet de réforme constitutionnelle, à charge pour les élus corses et le ministère de l'Intérieur de lui présenter "une proposition (...) avant le 14 juillet".
Il avait également rappelé ses lignes rouges : maintien de la Corse dans la République et refus de créer deux catégories de citoyens.
Le texte des nationalistes, adopté par l'Assemblée de Corse où ils occupent 46 des 63 sièges, réclame la "reconnaissance juridique du peuple corse", "un statut de co-officialité de la langue corse" et la reconnaissance du "lien entre le peuple corse et sa terre" via "un statut de résident".
Ce texte reprend les grandes lignes du rapport de Gilles Simeoni sur sa vision de l'autonomie pour la Corse, à savoir celle d'un pouvoir législatif dans tous les domaines pour l'Assemblée de Corse, sauf ceux relatifs aux pouvoirs régaliens.
Le second texte, issu de l'opposition minoritaire de droite, appelle à un simple "pouvoir d'adaptation" des lois françaises aux spécificités corses, sans gestion autonome de l'éducation et de la santé et sans transfert de la fiscalité.
Pour Ange-Pierre Vivoni, "sur l'autonomie, s'il y a des déclarations, ce sera le président de la République qui les fera".
Un président que les maires ont invité à se rendre en Corse, "comme ses prédécesseurs", pour le 80ᵉ anniversaire de la libération de l'île et qui pourrait faire le déplacement à la fin du mois, selon plusieurs sources proches du dossier.
L'agression mortelle en prison, le 2 mars 2022, du militant indépendantiste Yvan Colonna, qui purgeait une peine de perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998 à Ajaccio, avait déclenché de violentes manifestations en Corse.
Ces heurts avaient culminé en émeutes le 13 mars à Bastia avec 102 blessés, dont 77 parmi les forces de l'ordre.
Envoyé en Corse par le président-candidat Macron pour calmer la situation, le ministre de l'Intérieur avait ouvert la possibilité de discussions pouvant "aller jusqu'à l'autonomie".
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