Gérard Collomb se plaint d'être "tombé à 4.000 euros par mois" au Sénat... mais en oublie une bonne partie
"Mes revenus sont plafonnés (…) je suis tombé à 4.000 euros par mois. C’est un vrai cauchemar". Le sénateur du Rhône et maire de Lyon Gérard Collomb a déclenché la polémique dans ses propos pour le magazine Le Point. C’est pourtant lui qui voulait alerter sur une disposition de la haute assemblée qui provoquait sa colère: les sanctions financières qui pénalisent l’absentéisme et obligent depuis quelques mois les sénateurs à être présents au travail en commission, aux questions d'actualité au gouvernement, ainsi qu'aux votes solennels.
Gérard Collomb n’est membre "que" de la commission des lois du Sénat. Mais, sans doute pris par ses obligations de maire de la troisième ville de France, et président de "Métropole de Lyon", il atteint malgré tout un niveau d’absentéisme qui entraîne une sanction sur son indemnité de base de sénateur, soit 5.547,77 euros. Gérard Collomb prétend être tombé à 4.000 euros, soit un rabotage d’un peu plus d’un quart.
Sauf que l’élu a d’autres sources de revenus, certaines issues du Sénat, qu’il oublie de prendre en compte dans sa déclaration aux médias. Mais pas dans sa déclaration d’intérêts et d’activité ou son indemnité de maire de Lyon –2.757,34 euros– est bien précisée. Alors qu’un maire de Lyon touche en principe 8.227,07 euros, Gérard Collomb est concerné par le plafonnement du cumul des indemnités ce qui explique le faible montant qu’il touche. Mais, problème, il assure au Point: "Je ne touche donc rien en tant que maire de Lyon et président de la métropole". Sans doute faux donc pour la mairie de Lyon, sauf erreur d'actualisation (mais exact pour son siège à la Métropole de Lyon).
Et autre source que Gérard Collomb se garde bien d’évoquer: l’Indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) destinée, selon le site du Sénat "à couvrir les frais inhérents à l'exercice des fonctions parlementaires". Montant: 6.073,45 euros au 1er juillet 2016, nets d’impôts (mais pas de CSG et de CRDS), dont l’usage est à la discrétion de l’élu. Et cette "enveloppe" ne sert pas, contrairement à la confusion faite, à rémunérer les collaborateurs. Du moins pas forcément, c’est le sénateur qui décide. Mais il peut compter pour payer ceux qui l'assistent sur un crédit mensuel de 7.539,39 euros mis à disposition par le Sénat. S’il n’a pas de liberté totale sur cette somme (qu’il n’encaisse pas personnellement), rien ne l’empêche de choisir son conjoint comme collaborateur pour augmenter les revenus du ménage (ce qui n’est pas le cas de Gérard Collomb, qui emploie trois collaborateurs).
En cumulant donc son indemnité réduite, plus son IRFM et son indemnité de maire de Lyon, Gérard Collomb touche donc un montant probablement plus proche des 12.830 euros que ses "cauchemardesques" 4.000 euros. Ceci ne comprenant pas les possibles prises en charge (comme des notes de frais) des 22 associations, établissements publics, fondations ou syndicats mixtes où l’élu est membre du conseil d’administration.
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