GIGN, Raid, BRI : vers une fusion des forces d'intervention après les attentats ?
De l'imprimerie de Dammartin à l'Hyper Cacher, en passant par l'assaut au Bataclan: les opérations des forces d'intervention spécialisées (GIGN, Raid et BRI) lors des attentats de 2015 ont été "réussies", estime le rapporteur de la commission d'enquête parlementaire, qui soulève toutefois la question de leur éventuelle fusion.
L'efficacité des interventions des unités d'élite de la police et de la gendarmerie était l'un des principaux axes de travail de la commission d'enquête sur l'action de l'Etat face aux attentats parisiens, qui présente mardi ses conclusions.
Plusieurs critiques avaient visé notamment leurs délais d'intervention et l'assaut du 18 novembre par le Raid dans un appartement de Saint-Denis où était retranché Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs des tueries du 13 novembre.
Mais pour le député socialiste et rapporteur Sébastien Pietrasanta, les policiers du Raid et de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) parisienne ainsi que le Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) ont "fait preuve de courage et de professionnalisme". Preuve de leur "efficacité", "aucun otage n'a perdu la vie durant les assauts" de janvier et novembre 2015, "et aucun policier au sein des colonnes n'a été abattu", explique le parlementaire à l'AFP.
L'assaut de Saint-Denis, en banlieue parisienne, est seulement décrit par la commission: les 36 policiers du Raid ont tiré 1.200 cartouches et lancé 50 grenades offensives contre les djihadistes retranchés, équipés de gilets-explosifs, d'un pistolet 9 mm et de trois grenades qui avaient blessé cinq policiers.
Les unités d'élite ont montré "leur capacité à intervenir dans de brefs délais", estime M. Pietrasanta, citant notamment l'arrivée de la première colonne de la BRI au Bataclan 15 minutes après avoir été alertée.
Elles ont également prouvé "leur capacité à coopérer sur le terrain en se répartissant les tâches", comme lors de la traque des frères Kouachi, les tueurs de Charlie Hebdo, dans l'Oise en janvier 2015 entre le GIGN et le Raid, ou au Bataclan le 13 novembre entre le Raid et la BRI.
Au-delà de ce satisfecit, le rapporteur n'élude pas "les rivalités qui existent depuis longtemps entre la police et la gendarmerie ou même au sein de la police". En janvier, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait fermement appelé les forces à travailler conjointement.
La commission met un point final à la guéguerre entre services sur l'intervention au Bataclan par la BRI avec le soutien du Raid mais sans le GIGN. La direction des opérations par le Raid "aurait vraisemblablement eu un effet limité pour ne pas dire nul sur la résolution de la crise", estime Sébastien Pietrasanta, ajoutant qu'il n'était "pas nécessaire" de solliciter le GIGN positionné depuis 23h15 non loin de la place de la Bastille.
"D'autres forces d'intervention spécialisées étaient présentes dans la salle et il était indispensable de disposer d'une réserve de troupes d'élite" en cas de nouvelle attaque, explique le député, saluant toutefois "l'initiative du GIGN" de se positionner dans "une zone échappant à sa zone de compétence".
Le nouveau schéma d'intervention, annoncé en avril par Bernard Cazeneuve pour être présent le plus vite possible en cas d'attentat de masse en faisant fi des rivalités territoriales, est salué par le rapporteur. Avec toutefois un bémol: il espère que cela "ne favorisera pas une forme de concurrence malsaine entre les forces", dans "une course à l'intervention".
Le député reconnaît s'interroger sur le bien fondé du maintien de plusieurs forces d'intervention spécialisées. Auditionné, le ministre de l'Intérieur s'était déclaré défavorable à une fusion des trois unités.
"Si la question de leur fusion ne saurait être posée à court terme, elle ne doit pas pour autant constituer un tabou", affirme M. Pietrasanta, pour qui la "création d'un commandement unifié des trois forces pour piloter les opérations" serait une première étape.
Enfin, le rapporteur se prononce pour une augmentation des effectifs de l'Unité de coordination des forces d'intervention (Ucofi), une structure qui se compose actuellement de deux personnes, "ce qui est assurément trop peu".
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