"Gilets jaunes" : le gouvernement veut une nouvelle loi "anticasseurs"

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Par Marc PRÉEL - Paris (AFP)
Publié le 07 janvier 2019 - 16:29
Mis à jour le 08 janvier 2019 - 00:58
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Le Premier ministre Edouard Philippe à Matignon, le 14 décembre 2018
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé une nouvelle loi "anticasseurs" avec un fichier à l'image de celui antihooligans.
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Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé lundi une nouvelle loi "anticasseurs" avec un fichier à l'image de celui antihooligans réclamé par des syndicats de policiers, et promet un dispositif de sécurité "considérable" pour l'acte IX des "gilets jaunes" samedi.

Les "gilets jaunes" dont la contestation dure depuis près de deux mois, dénoncent eux régulièrement un amalgame entre leur mouvement et les "casseurs".

Le dispositif de sécurité retrouvera samedi son niveau de mi-décembre, à savoir près de 80.000 policiers et gendarmes dans toute la France dont 5.000 à Paris, a dit le Premier ministre, sans préciser s'il s'attendait à une plus forte participation samedi pour l'acte IX des "gilets jaunes".

"Dans bien des villes de France, les manifestations se sont passées pacifiquement, mais nous ne pouvons pas accepter que certains profitent de ces manifestations pour déborder, pour casser, pour brûler. Ceux-là n'auront jamais le dernier mot dans notre pays", a affirmé M. Philippe sur TF1.

"A l'ultra violence nous opposerons l'ultra fermeté", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner lors de ses voeux aux forces de sécurité, alors que l'exécutif s'apprête à lancer en parallèle un "grand débat national" à partir de la semaine prochaine.

Depuis le début de la mobilisation des "gilets jaunes", le 17 novembre 2018, 5.600 personnes ont été placées en garde à vue et quelque 1.000 condamnations prononcées par la justice, a précisé lundi Édouard Philippe.

Les images de violences lors ou en marge de manifestations des "gilets jaunes" ont fait le tour du monde depuis le début de ce mouvement inédit, qu'elles visent des forces de l'ordre prises à partie, des symboles comme l'Arc de Triomphe tagué, des quartiers de Paris vandalisés, ou encore des manifestants blessés partout en France.

Lors de "l'acte VIII" qui a rassemblé 50.000 personnes samedi, 345 personnes ont été interpellées dans toute la France, dont 281 placées en garde à vue.

A Paris, des individus sont parvenus, en défonçant la porte avec un engin de chantier, à pénétrer dans l'enceinte du ministère du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, qui a dû être exfiltré.

Des journalistes ont également été pris à partie, notamment à Rouen. Les journalistes du service reportage de BFMTV ont décidé de ne pas couvrir les actions des "gilets jaunes" ce lundi pour protester contre les agressions subies par plusieurs de leurs collègues.

L'ex-boxeur soupçonné d'avoir agressé deux gendarmes sur une passerelle enjambant la Seine s'est présenté de lui-même à la police lundi matin et a été placé en garde à vue.

Face à cette nouvelle flambée de violences, le Premier ministre a répondu "oui" à la demande des syndicats de policiers, dont Alliance, qui réclament la création d'un fichier de personnes interdites de manifestations.

- "Capitulation morale" -

Le secrétaire général adjoint du syndicat de police Alliance, Frédéric Lagache, a estimé que les mesures annoncées par l'exécutif, loi d'orientation, création d'un fichier et durcissement des sanctions contre les casseurs (ex: passer de la contravention au délit pour les gens agissant le visage masqué) sont "une bonne chose".

Il est plus "dubitatif" sur le volet justice en regrettant l'absence d'annonces fortes renforçant la sévérité des peines contre les agresseurs de policiers et gendarmes.

Après quatre années d'attentats et de vigilance antiterroriste, les forces de l'ordre accusent le coup avec cette nouvelle épreuve de manifestations dures chaque weekend.

Même si le nombre de manifestants est reparti légèrement à la hausse samedi, l'exécutif juge que le mouvement se réduit désormais à une minorité radicalisée.

"Quand on attaque des policiers, des gendarmes, des bâtiments publics, que des commerçants voient le fruit de leur travail supprimé, évidemment il faut de la fermeté", a affirmé M. Darmanin.

Le gouvernement s'en est aussi pris à l'opposition, coupable à ses yeux de ne pas - ou du moins pas assez- condamner les violences, et qui s'est engouffrée dans cette crise pour "essayer de récupérer" la colère.

Benjamin Griveaux a dénoncé "une capitulation morale et intellectuelle", visant notamment Jean-Luc Mélenchon.

Le patron du parti Les Républicains (LR) Laurent Wauquiez a critiqué les mesures annoncées par le Premier ministre Edouard Philippe les jugeant "sans efficacité immédiate" et demandant le rétablissement de l'état d'urgence.

Le Rassemblement national demande la dissolution de l'Assemblée nationale.

"Le PM promet plus d'arrestations ? On veut plus de pouvoir d'achat!", a répondu Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

La question du pouvoir d'achat arrive en tête des préoccupations exprimées dans les cahiers de doléances ouverts dans des mairies.

A quelques mois des élections européennes, les deux chefs politiques du gouvernement populiste italien ont eux spectaculairement apporté leur soutien aux "gilets jaunes" en France, se réjouissant de cette "nouvelle Europe" en train de naître.

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