Gouvernement : un remaniement avant l'été ? Les ministres évalués par Macron
C'est un grand classique de la vie politique française: le remaniement ministériel. François Hollande avait remanié à quinze reprises son équipe gouvernementale, tout comme Nicolas Sarkozy avant lui, mais Emmanuel Macron n'a pour l'heure procédé qu'au traditionnel changement "de courtoisie" -bien que plus conséquent qu'attendu- après les élections législatives consécutives à la présidentielle. Mais le président avait annoncé au JDD pendant la campagne de 2017 son intention d'évaluer chaque année ses ministres afin de "les reconduire ou pas". Et, alors que le premier anniversaire du gouvernement Philippe approche à grand pas, il semblerait que certains membres de l'équipe du Premier ministre se sentent menacés selon Le Parisien.
Le quotidien se base sur les différentes confidences recueillies dans les couloirs de l'Elysée et auprès des principales figures de la majorité. Mais aussi sur les petites phrases glissées par les principaux intéressés, qui restent toutefois prudemment anonymisées par le "off".
"L'idée de rebattre les cartes se précise", assure ainsi un proche du président qui tente la métaphore footballistique: "dans les matchs, il y a des périodes de mi-temps et il faut savoir changer les joueurs fatigués". Ceux qui ont mouillé le maillot pour Emmanuel Macron apprécieront sûrement.
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Pourtant, l'atmosphère dans l'équipe présidentielle n'est pas à la rébellion. Toujours sous le sceau de l'anonymat, les attaques entre collègues pleuvent. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires, se fait par exemple sévèrement tacler par "un membre du gouvernement" cité par Le Parisien: "C'est Julien Denormandie (son secrétaire d'Etat, NDLR) qui fait tout! On se demande si les deux ne sont pas pressés que ça se termine".
Brune Poirson (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Ecologie) et François Nyssen (ministre de la Culture) sont également décriées par leurs collègues. La première pour son manque "d'impression" dans l'opinion publique, la seconde au contraire pour ses gaffes à répétition dans les médias. De plus gros poissons comme la ministre des Transports Elisabeth Borne, à la peine sur la réforme de la SNCF, sont aussi ciblés. Même Nicolas Hulot, star du gouvernement en charge de l'Ecologie à laquelle il a consacré sa vie, est accusé de ne pas faire le job. "Son rêve ce n’était pas de devenir ministre", tranche ainsi un autre "camarade" de l'équipe Philippe.
Bref, sur les 30 membres du gouvernement une dizaine pourraient être menacés et en sont bien conscients, au point de confier leurs états d'âme à la presse. Entre les "erreurs de casting", ceux déjà usées (en août dernier certains ministres étaient déjà au bord du burn-out écrivait Le Monde) et les profils risqués politiquement, Emmanuel Macron pourrait-il se laisser convaincre de l'utilité de remanier? Rien n'est moins sûr car le président sait que c'est une arme très médiatique, par nature risquée et qui peut tout aussi bien redonner du souffle que précipiter une crise. Que pourraient ainsi penser les Français d'un président qui assure tenir le cap face à la forte contestation sociale de ce printemps, mais qui dans le même temps change ses équipes en pleine tempête?
Rien ne dit toutefois que le président "disruptif" ne prépare pas déjà sa carte. En février, il a reçu les ministres un par un pour un dialogue que de nombreux salariés connaissent sous le nom d'entretien individuel. Et si officiellement le but était simplement de faire un point d'étape et de préparer la suite du quinquennat, il a bien été question de performance. Preuve en est notamment l'utilisation d'un "tableau des engagements" servant à vérifier que chacun est bien dans les clous...
Comme le résumait alors un conseiller élyséen, l'objectif n'était pas de mettre la pression sur les ministres mais plutôt de les "maintenir (dans) une forme de tension créatrice". Une nuance ténue du point de vue du subalterne, le ministre, et qui est en même temps révélatrice de la vision managériale du président.
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