"Ici c'est la France, pas le Gabon" : en tournée sur l'immigration, Sarkozy dérape
"Ici c'est la France, c'est pas le Gabon. Si vous voulez parler du Gabon, retournez-y!". Non, il ne s'agit pas d'une diatribe du père Le Pen exhumée des archives, mais bel et bien d'une phrase prononcée publiquement par Nicolas Sarkozy, mercredi 21 au soir alors que des étudiants gabonais perturbaient son meeting organisé à Marcq-en-Barœul (Nord). Des propos polémiques qui ont conclu une journée de déplacement de l'ancien président qui aspire à le redevenir dédiée au "problème" de l'immigration dans le nord de la France.
"Les accords du Touquet doivent être renégociés", avait entamé un peu plus tôt Nicolas Sarkozy alors qu'il était venu visiter les installations du port de Calais. Oubliant un peu vite qu'il a lui même signé ce texte, instituant les contrôles à la frontière britannique sur le sol français, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, en 2003. Entouré de messieurs Ciotti, Baroin et Darmanin, après avoir assisté à l'arrestation d'une dizaine de migrants cachés dans un camion pour traverser la frontière, le candidat à la primaire de la droite a affiché un visage de fermeté, plaidant pour "le rétablissement des frontières" en France et signant l'épitaphe de Schengen qui "n'existe plus" selon lui.
"Moi, je veux agir, je ne serai pas le président de l'inaction", a-t-il également prévenu lors d'une réunion organisée par la maire (LR) de Calais Natacha Bouchart. La même édile qui réclamait en début d'année l'intervention de l'armée à Calais.
Une journée placée sous le signe de l'autorité face à l'immigration, donc, thème en corrélation avec l'angle de campagne choisit par Nicolas Sarkozy: l'identité nationale. Une certaine idée de la France qu'il faudrait défendre face à une supposée pression migratoire qui menacerait de "submerger" le pays, ce qui n'est pas sans rappeler la théorie du grand remplacement chère à l'extrême droite.
S'ils n'ont probablement pas été calculés, les propos de Nicolas Sarkozy correspondent à la ligne "dure" choisie par le prétendant à l'Elysée et à son cœur de cible électoral, pour la primaire puis la présidentielle. Preuve en est, sur des terres où le FN réalise quelques-uns de ses meilleurs scores, son propos a été chaleureusement applaudi par le millier de militants venus écouter celui qui se vantait d'avoir "siphonné" les voix du FN en 2007 et qui dénonçait "les conséquences de 50 années d'immigration insuffisamment régulée" à l'été 2010, lors de son fameux discours de Grenoble.
Le tout au lendemain d'un autre dérapage, mardi 20, du même Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré: "Si l'on veut devenir français, on parle français, on vit comme un Français. Nous ne nous contenterons plus d'une intégration qui ne marche plus, nous exigerons l'assimilation. Dès que vous devenez français, vos ancêtres sont gaulois", au grand dam de nombreux politiques de gauche comme de droite. Et des historiens.
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