Incognito, le gouvernement signe de nouvelles mesures favorables à l'élevage intensif
Pas de repos pour les braves, paraît-il. Malgré le chaos provoqué par la dissolution Macron, Reporterre souligne l’activité persistante dans les ministères et pointe un nouveau décret, publié le 10 juin dernier, qui viserait selon eux à "faciliter la vie aux élevages intensifs".
Le décret en question porte sur "diverses dispositions relatives à l’évaluation environnementale des projets". Ce n'est pas très clair, et c'est probablement volontaire. On note toutefois que sa mesure principale dispose que les seuils au-dessus desquels des contrôles sont nécessaires afin d’effectuer l’évaluation environnementale d’une structure ont été largement revus à la hausse. Ainsi, les élevages de volailles passent par exemple de 40 000 animaux à 85 000. Les porcs, quant à eux, passent de 2 000 à 3 000 individus. Si les élevages sont en-dessous de ces chiffres, des "cas par cas" sont mis en place, où le préfet prend la décision d’effectuer une procédure d’autorisation environnementale ou non.
Cette mesure fait suite à la demande des agriculteurs, qui réclamaient une harmonisation avec les critères européens afin de ne pas subir de concurrence déloyale. Cependant, le journal de Pleinchamp souligne la division dans la profession.
Selon les informations de Reporterre, le décret était pourtant très loin d’être approuvé. Lors de la consultation publique effectuée en ligne, c'étaient 14 861 avis qui s’affirmaient défavorables, contre 20 votes favorables. Soit une majorité écrasante à 99,87%.
L’association Agir pour l’environnement se désole de ces mesures et relate les propos de l’agronome et coordinateur des campagnes agriculture et alimentation Jacques Caplat, qui estime que "cette publication devient une provocation, et traduit une inquiétante logique de fuite en avant et du fait accompli".
Selon l’association, trois fautes sont commises par le gouvernement. La première serait qu’il choisit de s’entêter vers "l’industrialisation de l’élevage français au détriment de la paysannerie" et de la biodiversité comme du climat. La seconde remet en cause l’absence continuelle d’écoute des citoyens. Tandis qu’un vote public a été effectué, dont les résultats étaient sans équivoque, le gouvernement prend le parti d’aller à son encontre. Enfin, il "passe en force pour imposer une régression avant de perdre la main, de façon à permettre à des projets en cours de bénéficier du “fait accompli”."
Sans grande surprise donc, de nouvelles mesures, passées incognito, vont à nouveau à l’encontre de l’avis des citoyens et vise à provoquer un écrasement des petites structures agricoles au profit des plus grosses, qui pourront venir tirer les prix et se montrer plus compétitives.
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