Interview d'Emmanuel Macron sur France 2 : une version libérale du chef de l'État

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Teresita Dussart, pour FranceSoir
Publié le 27 octobre 2022 - 10:40
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Macron
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Ludovic MARIN / AFP
Le président Emmanuel Macron face à la journaliste Caroline Roux, lors de l'émission « L’Evenement » sur France 2.
Ludovic MARIN / AFP

Dans le cadre de son entretien avec la journaliste Caroline Roux lors de l'émission politique de France 2 « L'Évènement » mercredi 26 octobre, le président Emmanuel Macron a affirmé qu’il n’indexerait pas les salaires à l’augmentation du prix d’achat, assurant que cela aurait un effet contreproductif, tirant ceux-ci à la hausse. À la place, il préfère opter pour une stratégie basée sur une batterie d’aides sélectives : « La situation n’est pas de réindexer le salaire sur l’inflation. Sinon, on entretient une hausse des prix et cette boucle prix-salaires, on ne l'arrête plus », a-t-il soutenu.

Une stratégie a priori raisonnable en observant les pays affectés par une inflation endémique, tel l’Argentine, qui ont opté pour une politique clientéliste d’augmentation sectorielle des salaires, organisée par l’État, dont l’effet est la pérennisation de l’inflation par effet de vase communicant. Sur la première moitié de l’entretien consacré aux questions économiques, le président a fait un exposé de libéralisme classique.

Il est question de bien utiliser l’argent public. Pour Macron, la France est le pays qui prélève et dépense le plus, et le plus mal. Il ne saurait être question de prélever davantage, ni d’imposer des hausses de salaires, mais de défiscaliser le travail et d’améliorer la vie des ménages qui vivent du travail.

Sur le dossier des retraites, Macron a maintenu sa posture, à savoir une planification de l’allongement du temps de travail. Sans réforme des retraites, « soit vous augmentez vos cotisations retraite pour les travailleurs, ce qui veut dire qu'en 2027, en moyenne par travailleur, il faudra payer 400 euros de plus par an de cotisations retraites - c'est du pouvoir d’achat en moins. Une autre manière de faire, c’est de baisser les pensions ; c’est insupportable pour nos retraités ». « Il n’y a qu’un moyen de faire si on est lucide : comme nous vivons plus longtemps, c’est de travailler plus longtemps », ajoute-t-il par ailleurs. Emmanuel Macron s'est dit « ouvert » à une concertation avec les partenaires sociaux sur un report de l'âge légal du départ à la retraite à 64 ans, au lieu de 65 ans comme il s'y était engagé lors de la campagne présidentielle, en contrepartie d'un allongement de la durée de cotisation.

Cette réforme des retraites a pour corollaire la réforme de l’assurance chômage et l’objectif du plein emploi. Pour Macron, « nos jeunes travaillent moins que les autres ». « Il faut passer de 7 à 5% » en part de demandeurs d’emploi, a-t-il estimé. La question des retraites est devenue, pour ainsi dire, la mère de toutes les batailles. Le président envisage-t-il une dissolution de l'Assemblée nationale ? « Le 49.3, la dissolution, le référendum sont des instruments à la main du président... », a-t-il expliqué.

Un autre dossier sur lequel Macron était attendu : l’immigration et les retours à la frontière. Si le président a déduit que l’augmentation exponentielle des violences physiques contre les personnes relève nécessairement des violences intrafamiliales, il reste ambigu sur les reconductions à la frontière. Dans son acception, les fameuses OQTF restent assujetties à la notion de trouble à l’ordre public. Cependant, « quand on regarde la délinquance par exemple à Paris (...), on ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des délinquants, des faits de délinquance qu'on observe, viennent de personnes qui sont des étrangers. (...) On doit pour celles et ceux qui ont vocation à rester, beaucoup plus vite les intégrer, les sortir d'une clandestinité qui n'est pas bonne ». Un dossier sur lequel il perd de sa cohérence.

Dans le domaine de l’écologie et de l’industrie, Macron a parlé de souveraineté européenne. Il est devenu protectionniste, mais protectionniste européen, ce qui lui a permis d’évoquer, de manière elliptique, la teneur de son échange avec Olaf Scholz. : « La France et l’Allemagne sont beaucoup trop ouverts. La Chine, les États-Unis se protègent. L’Europe est ouverte à tous les vents ».

Le lithium a fait son entrée dans le débat public. « Nous, on a du lithium, mais pas du pétrole ». Et d'ajouter : « On va ouvrir des mines responsables de lithium ». Le président s’est dit opposé à la réouverture du moratoire sur le gaz de schiste, à l’instar de l’Allemagne, tel que suggéré par Nicolas Sarkozy, dans le cadre d’une interview accordée au JDD.

Si le Covid ainsi que les « rappels vaccinaux » ont été des sujets totalement absents de l’entretien, il a été question de l’état de l’hôpital et de sa désertification. Une rare opportunité de l’interroger sur les soignants mis à pied, suite à leur refus de recevoir le vaccin anti-Covid, et sur les lits d’hôpital fermés au plus fort de la crise Covid, a été perdue. La suggestion du président pour faire face à l’extension des déserts médicaux consiste, pour l’heure, à développer le recours aux professionnels paramédicaux.

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