Jean-Jacques Urvoas sur l'espionnage : "si Sony recule, d'autres vont attaquer et attaquer plus fort"

Le socialiste Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des lois et président de la Délégation parlementaire au renseignement, était l'invité d'Europe 1 ce vendredi matin. Il est revenu sur son rapport, remis lundi 15 à François Hollande, en faveur de l'adoption d'une loi relative à la protection du secret des affaires.

L'annulation par Sony de la sortie du film The Interview

"Ca ne me surprend pas du tout. Il y a des milliers de menaces comme celle-ci en France par jour. Ca veut dire que toutes les entreprises qui ont un capital stratégique sont attaquées, par exemple Total".

"La France tente de se protéger par l'Agence nationale de sécurité des systèmes informatiques (ANSSI)".

"On a attaqué la France après la tenue du G20".

"Le cas de Sony est particulier, les hackers sont des voleurs de données, qui utilisent des logiciels malveillants qui détruisent des données".

"On peut trouver qui mène l'offensive mais ca prend du temps".

"Pour Bercy on a mis deux mois à identifier les ordinateurs touchés".

"La faiblesse de Sony indique à ceux qui ont mené l'offensive qu'ils peuvent faire céder".

"Une grande partie des informations (liées au renseignement NDLR) sont classifiées, mais évidemment qu'il y a des vols de données. Tout le monde est visé, pas seulement les grandes entreprises. C'est ce que nous disons dans le rapport".

"Ca va continuer. Si Sony recule, d'autres vont attaquer et attaquer plus fort".

"En France nous ne sommes pas à l'abri. Il ne faut pas reculer".

 

La remise du rapport sur le renseignement à François Hollande

"Les auditions ont eu lieu dans une pièce sécurisée. Claude Bartolone a dédié une salle de l'Assemblée nationale qui est totalement isolée. Il n'y a pas de connexion informatique ni de fenêtres. Les agents du renseignements viennent vérifier la pièce avant chaque réunion".

"J'ai une hygiène informatique. Je ne me promène pas n'importe où avec mes documents. Par exemple, quand je vais rencontrer un ambassadeur, je ne prends pas mon téléphone portable. Je ne sais pas qui mon téléphone va croiser".

"La santé et la recherche fondamentale sont épiées. Par exemple en Chine, lors des colloques, les ordinateurs sont pillés".

"C'est plus qu'hier et ca sera moins que demain. Il faut que chacun prenne des précautions".

"Dans le domaine de la compétition mondiale, il n'y a pas d'alliés, que des intérêts. Le sommet du climat en France en 2015 sera une cible pour les services de renseignements".

"Tout le monde espionne tout le monde, je regrette que la France n'ait pas de renseignement plus offensifs".

"Il faut voter une loi sur le secret des affaires, cela sera fait avec Emmanuel Macron en janvier".

"Areva peut se protéger. Mais ce sont surtout les petites PME qui ont besoin de protection".