La gauche appelle le populaire Macron à jouer "collectif"
Jeudi 21, à l'occasion d'un déplacement à Chartres avec François Hollande, le ministre de l'Economie ne s'est pas précipité pour apparaître sur la photo au côté du président. "Emmanuel n'est pas là", s'est même agacé M. Hollande. Du bout des lèvres, entre deux selfies, Emmanuel Macron a affirmé à la presse être "très heureux d'être là" et avoir "toujours" joué collectif.
Après le lancement de son mouvement En Marche! le 6 avril, le ministre de l'Economie s'était fait remarquer la semaine dernière en apparaissant en Une de Paris Match, et en se fendant depuis Londres de quelques déclarations intempestives, le jour même de l'interview de François Hollande sur France 2.
Emmanuel Macron "doit être dans l'équipe, sous mon autorité", avait réagi le président de la République. "C'est, entre nous, non pas simplement une question de hiérarchie, il sait ce qu'il me doit, c'est une question de loyauté personnelle et politique", avait-il averti.
Ce recadrage en règle n'a pas empêché le jeune ministre de 38 ans de détailler ses projets dans une longue interview mercredi au quotidien belge "Le Soir".
S'appuyant sur "plusieurs milliers de +marcheurs+", Emmanuel Macron entend recueillir "100.000 expériences de vie française" qui lui permettront de "dresser le bilan du pays". "Je présenterai ce diagnostic à la fin de l'été (...) A la suite de cela on construira un plan d'actions, qui n'est pas un programme".
L'objectif ? "Nourrir un projet présidentiel", que M. Macron n'exclut pas d'incarner. "C'est seulement après avoir établi un diagnostic et proposé un plan d'action que se posera la question de la personne", explique-t-il.
Le ministre a aussi suscité une nouvelle fois la polémique en affirmant dans une revue spécialisée qu'il préférait "la taxation sur la succession aux impôts de type ISF" (Impôt sur la fortune). "Supprimer cet impôt (...) serait une faute", l'a tancé mercredi Manuel Valls, en lui demandant comme à "chaque ministre (...) d'être attelé à sa fonction, à sa mission".
Jeudi, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a lui aussi appelé le locataire de Bercy à jouer "collectif". Les initiatives de Macron, "ça donne du mouvement, de l'énergie, pour la suite c'est intéressant. Mais attention à l'esprit collectif, Macron crispe ses propres amis", met en garde un proche du chef de l'Etat. "Il est drôle, agréable, après il faut quand même limiter son ego", prévient également un vieil ami du président.
Dans les médias et les sondages, la "macronmania" bat en tout cas son plein. Selon une étude Viavoice publiée jeudi par Libération, il ferait "un bon président de la République" pour 38% des Français (devant Manuel Valls, 28%, et Martine Aubry, 21%).
Il est également jugé comme le "meilleur candidat pour représenter la gauche", aussi bien par l'ensemble des Français que par les sympathisants de gauche.
Ces résultats doivent toutefois être nuancés: selon une étude Ifop publiée mardi, seuls 16% des Français seraient prêts à voter pour Macron au 1er tour de la présidentielle (dans une hypothèse où Arnaud Montebourg serait candidat mais pas François Hollande).
Pourrait-il se présenter face à François Hollande en 2017 ? "Il a une loyauté absolue envers le président de la République", même si certains le poussent à l'être, assure un député proche du ministre. L'indépendance affichée d'Emmanuel Macron serait avant tout tactique, selon cette source. "Si Macron est présenté comme le rabatteur auprès de Hollande des voix du centre, ça ne marchera pas".
La droite n'a pas manqué de s'engouffrer jeudi dans la brèche de ces possibles dissensions. "J'ai envie de dire à Emmanuel Macron: +Lancez-vous vraiment dans le bain, affrontez tout de suite François Hollande!+", a lancé le candidat à la primaire de la droite Bruno Le Maire.
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