Le Drian à Moscou pour tenter de coopérer contre Daech

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 décembre 2015 - 17:12
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Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
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©Christian Hartmann/Reuters
Jean-Yves Le Drian est à Moscou ce lundi pour rencontrer son homologue russe.
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Le ministre de la Défense français espère convaincre son homologue russe de renforcer son action contre le groupe terroriste en Syrie.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian est arrivé ce lundi à Moscou pour rencontrer son homologue russe Sergueï Choïgou qu'il espère convaincre de frapper davantage le groupe État islamique (EI) en Syrie et discuter d'un partage de renseignements sur cette organisation.

"On va avoir un échange sur ceux que nous considérons comme groupes terroristes, et comment on peut souhaiter que la Russie renforce son action contre Daech (acronyme de l'Etat islamique en arabe) qui est notre seul ennemi", a déclaré Jean-Yves Le Drian à quelques journalistes avant son départ pour Moscou. Les Occidentaux reprochent à l'aviation russe, qui a entamé sa campagne en Syrie le 30 septembre, de bombarder avant tout l'opposition armée qui menace son allié, le président syrien Bachar al-Assad, plutôt que l'EI.

Jean-Yves Le Drian et son homologue russe doivent également discuter des modalités d'un éventuel partage de renseignements sur le groupe djihadiste. Cette coopération avec les Russes avait été évoquée par le président François Hollande lors de sa visite fin novembre à Moscou, mais était depuis restée très largement symbolique.

"Il y a beaucoup de russophones dans Daech sur lesquels nous pouvons éventuellement avoir des informations et réciproquement, ils peuvent avoir des informations sur des francophones", a relevé le ministre français. "La pratique de l'échange de renseignement c'est toujours celle (..) du +donnant-donnant+", a-t-il souligné. Les services secrets russes estiment que près de 2.900 Russes, combattent pour des groupes djihadistes en Syrie et en Irak, principalement originaires de l'instable Caucase russe.

Les deux ministres évoqueront également les questions de "déconfliction", c'est-à-dire l'échange d'informations pour éviter les collisions entre avions militaires russes et français dans le ciel syrien.

"Nous rouvrons une voie de dialogue qui était fermée depuis l'annexion de la Crimée. (...) Personne n'est dupe: nous n'avons pas forcément les mêmes objectifs en Syrie mais au moins un objectif commun, éradiquer Daech", a souligné une source dans l'entourage du ministre français, selon laquelle les premiers échanges entre services de renseignement ont commencé.

"J'ai l'impression qu'on va pouvoir se parler franchement", y compris sur les divergences d'appréciation sur certains groupes armés considérés comme "modérés" par Paris mais comme "terroristes" par Moscou, a ajouté cette source.

La France vient de déployer son porte-avions Charles-de-Gaulle dans le Golfe, avec 26 chasseurs-bombardiers à bord, pour aller frapper l'EI en Irak et Syrie. Elle en compte douze autres stationnés en Jordanie et aux Émirats arabes unis.

La visite de Jean-Yves Le Drian à Moscou s'inscrit dans le prolongement de celle de François Hollande, qui a rencontré son homologue Vladimir Poutine le 26 novembre pour tenter de bâtir une coalition élargie anti-EI au lendemain des attentats de Paris. Les deux dirigeants avaient alors convenu "d'intensifier" et "coordonner" les frappes aériennes de leurs deux pays contre l'EI, notamment contre le transport de produits pétroliers finançant le groupe, et d'échanger du renseignement.

Les bombardements russes visant l'EI ont depuis augmenté mais ils restent centrés à 80% sur le reste de la rébellion sur le front ouest, dont des groupes modérés soutenus par les Occidentaux, selon des sources militaires françaises. La coordination entre les deux armées, aux traditions et cultures diamétralement opposées, est aussi demeurée depuis symbolique, visant surtout à éviter les incidents aériens.

Jean-Yves Le Drian rencontre seulement pour la deuxième fois Sergueï Choïgou dans un cadre bilatéral, les relations entre les deux ministres ayant été gelées pendant près de deux ans après l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en mars 2014. La France a aussi annulé la livraison de deux bâtiments de guerre de type Mistral à la marine russe en raison du conflit ukrainien et du soutien présumé de Moscou aux rebelles prorusses.

Dans un tournant inédit depuis le début du conflit syrien, le Conseil de Sécurité de l'ONU a adopté vendredi à l'unanimité une résolution ouvrant la voie à un cessez-le-feu et à de véritables négociations de paix même si certains désaccords restent entiers, notamment sur le sort de Bachar al-Assad.

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