Le « gaullo-mitterrandisme » de Macron achèvera de nous ruiner

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Philippe Simonnot, journaliste pour FranceSoir
Publié le 11 janvier 2021 - 10:27
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Emmanuel Macron lors d'un déplacement à Tours le 5 janvier 2021
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© LOIC VENANCE / POOL/AFP
Le « gaullo-mitterrandisme » de Macron achèvera de nous ruiner
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Après « l’année de Gaulle », qui a vu l’actuel président de la République célébrer à trois reprises en 2020 les mânes de l’Homme du 18 juin, voici donc l’« année Mitterrand » qui commence. Emmanuel Macron s’est recueilli sur la tombe du Héros de Jarnac le 8 janvier 2021 ; il participait aux cérémonies célébrant le 25ème anniversaire de sa mort. D’autres festivités mémorielles suivront. On est dans une sorte d’ en même temps où les deux grands ennemis d’hier, de Gaulle et Mitterrand, se superposent au zénith de l’Olympe macronienne. L’hôte de l’Elysée nous avait prévenus : entre les deux tours de l’élection présidentielle, en mai 2017, n’avait-il pas déclaré : « La ligne que je veux défendre pour la France est celle que je qualifierais de gaullo-mitterrandienne ».

Evidemment, pour un homme dont l’esquif électoral gîte à droite de manière de plus en plus prononcée, il était urgent aujourd'hui de virer à gauche. Mais au-delà de ces manœuvres trop évidentes,  le gaullo-mitterandisme originel de Macron exprime une fondation vicieuse, méconnue de notre vie publique depuis plus d’un demi-siècle. Car, en effet, s’il y a quelque chose de commun entre de Gaulle et Mitterrand, c’est bien  la compromission de l’un et l’autre avec le Parti communiste, compromission qui leur a permis, en 1944 comme en 1981, de prendre le pouvoir. Maurice Thorez fut à de Gaulle ce que Georges Marchais a été à Mitterrand.  Ces deux pseudo « Fils du peuple » pour reprendre le titre de l’autobiographie mensongère de Thorez, étaient en fait des pions, plutôt misérables, manœuvrés par le Kremlin  au service des intérêts soviétiques.

On l’avait bien vu aux lendemains du pacte germano-soviétique du 23 août 1939 qui a permis à Hitler de mettre l’Europe sous sa botte. Pour le Parti communiste français (PCF), le combat contre l’Allemagne était devenue tout soudain une guerre «impérialiste » où les fauteurs de guerre étaient français et anglais. Encore le 18 mars 1941, dans la France occupée par les Allemands depuis neuf mois, on peut lire à la « Une » L’Humanité,  que « le mouvement de de Gaulle […], foncièrement réactionnaire et anti-démocratique, ne vise à rien d’autre […] qu’à priver notre pays de toute liberté en cas de victoire anglaise ».  En envahissant la Russie en juin 1941, Hitler a remis si l’on peut dire le PCF dans le bon chemin, celui de la résistance à l’Occupant nazi, mais toujours sous les ordres intéressés de Moscou.

On dira que de Gaulle comme Mitterrand ont réussi à s’affranchir de l’impérialisme russe. Mais avaient-ils vraiment une cuiller assez longue pour manger impunément avec le diable communiste ? Le prix à payer pour ces banquets douteux, ce fut un affaiblissement des fondements économiques de la France dont nous payons aujourd'hui la facture.  Le pacte socialo-communiste de 1981 est venu  prendre le relais du compromis gaullo-communiste de 1944-45.   Le livre récent de Roger Martelli, Jean Vigneux et Serge Wolokow, Le parti rouge (Armand Colin, 2020),  en témoigne rigoureusement.

De bons apôtres, à droite et à gauche, se lamentent, aujourd'hui encore plus qu’hier, de la désindustrialisation de la France. Les responsables de cette déchéance, en effet coûteuse non seulement en termes d’emplois, mais aussi d’indépendance stratégique, seraient, au choix, le libéralisme, le capitalisme, les dragons asiatiques, l’Union européenne, la mondialisation, la Chine…

Or, la cause première  de cette déchéance date de 1944-45.  A la Libération,  un discours commun aux communistes et aux gaullistes accuse le patronat d’avoir collaboré avec l’Occupant nazi. Il faut donc punir ces traitres de patrons en faisant peser sur les entreprises tout le poids des réformes sociales, à commencer par la Sécurité sociale, mais aussi la majoration des allocations familiales, le financement des comités d’hygiène et de sécurité, de la médecine du travail et des comités d’entreprise – alors que chez nos voisins allemands, belges, néerlandais, scandinaves, anglais, l’Etat-Providence sous ses diverses formes est financé par l’impôt, et non directement par les entreprises. 

La politique économique du gouvernement socialo-communiste  de 1981, animée de sa "force tranquille",  achève l’œuvre malfaisante de la Libération : ahurissante nationalisation de trente-six   banques, de deux compagnies financières et d’une dizaine de groupes industriels, impôt sur la fortune,  hausses brutales du SMIC et des allocations familiales,  semaine des 35 heures, retraite à 60 ans – comme si on devait de nouveau faire payer les patrons, mais cette fois pour quelle « faute» ? Celle d’être patrons, tout simplement !

Des économistes dévoyés, encouragés ou validés par le « conseiller spécial » du Président, Jacques Attali, donnent un semblant de rationalité à des mesures qui chargent un peu plus la barque des entreprises françaises, laissant espérer la création de milliers d’emplois et un renouveau industriel. Le résultat est une hausse irrésistible du chômage  et la poursuite de la désindustrialisation. En 1993, Mitterrand osera dire : « Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé. », comme pour s’excuser d’un échec de plus en plus flagrant. En fait, lui et ses gouvernements successifs avaient tout fait pour que la crise de l’emploi s’aggrave et que s’accélère le déclin de notre industrie.

 

Donc, Monsieur le Président, une prière : épargnez-nous ce gaullo-mitterandisme, svp. Il vous fera peut-être réélire. Mais il achèvera de nous ruiner.

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