Les actes antisémites et antimusulmans en baisse en 2016, les atteintes aux lieux chrétiens en hausse
L'année 2015 avait connu un record d'actes racistes, antisémites et antimusulmans: ils ont nettement reculé en 2016, a annoncé ce mercredi 1er le ministre de Intérieur, Bruno Le Roux, qui a cependant affiché une "vigilance toute particulière" face à des atteintes aux lieux de culte chrétiens en hausse.
Après avoir atteint 2.034 actions (violences, incendies, dégradations...) et menaces (propos, inscriptions, courriers injurieux, etc.) en 2015, dans le sillage des attentats djihadistes de janvier et novembre, le bilan global de la place Beauvau fait état de 1.125 faits en 2016, en repli de 44,7%.
Les actes antisémites et antimusulmans connaissent une forte baisse presque identique, de 58,5% pour les premiers (335 en 2016 contre 808 l'année précédente) et de 57,6% pour les seconds (182 contre 429).
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a salué la baisse des actes antisémites, tout en relevant qu'ils restaient "plus de trois fois" plus nombreux que la moyenne des années 90 et en notant une "recrudescence des propos racistes et antisémites sur internet".
Les actes racistes au sens strict, dont environ 40% sont anti-maghrébins, ont connu une baisse de 23,7% (608 contre 797). Pour l'Intérieur, cette amélioration est le "fruit des actions entreprises par le gouvernement", après le lancement en avril 2015 d'un plan d'action de 100 millions d'euros.
Lors d'une conférence de presse place Beauvau, Bruno Le Roux a tiré de ces chiffres "encourageants" une "forme de satisfaction", tout en assurant se garder de tout "triomphalisme" concernant des actes "qui salissent la République".
Le ministre a reconnu que ces faits restaient "encore trop peu déclarés" par les victimes, qui doutent parfois de la possibilité de voir aboutir une plainte. "On ne mène de bonne politique que quand on a les chiffres réels", a-t-il souligné. L'élargissement du "dispositif de pré-plainte en ligne aux faits de discriminations et aux infractions de presse à caractère raciste, antisémite ou discriminatoire", qui doit faire prochainement l'objet d'une expérimentation, devrait y contribuer, a espéré Bruno Le Roux.
Un point noircit le tableau: les atteintes aux sites chrétiens (lieux de culte et sépultures), comptabilisées à part, ont augmenté de 245% entre 2008 et 2016. Avec 949 faits en 2016, en hausse de 17,4% par rapport à 2015, les actes visant des lieux chrétiens représentent 90% du total des atteintes aux lieux de culte (chrétiens, juifs ou musulmans).
Une partie importante de ces atteintes aux lieux chrétiens sont des actes de vandalisme (399) et des vols d'objets cultuels (191), selon les données du ministère de l'Intérieur et de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).
"Une grande partie" de ces faits ont "un motif crapuleux, d'autres recouvrent aussi des motivations idéologiques, et beaucoup sont malheureusement purement gratuits", a précisé Bruno Le Roux. "Il y a une vigilance toute particulière à avoir sur les sites chrétiens", a-t-il encore estimé, notant "une tendance de fond qui appelle une réponse d'une grande fermeté, et doit inciter à renforcer les mesures existantes visant à protéger" ces lieux.
Le ministre a incité les représentants des Eglises chrétiennes à "faire appel plus largement aux crédits du Fonds de prévention de la délinquance (FIPD) destinés à financer les équipements de vidéoprotection et les travaux de sécurisation des locaux". Les lieux chrétiens ont consommé 20% de l'enveloppe de 12,5 millions d'euros mobilisée en deux ans pour les aménagements des locaux de toutes confessions (72% pour les sites juifs, près de 9% pour les musulmans).
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.