Les policiers toujours en colère malgré les promesses du gouvernement
Manifestations sur les Champs-Elysées et dans des villes de province: le mouvement de colère des policiers ne faiblit pas en dépit des promesses du gouvernement, confronté aux critiques de la droite et de l'extrême droite à quelques mois de la présidentielle. Au troisième soir de la contestation, plusieurs centaines de policiers de région parisienne ont à nouveau bravé leur devoir de réserve pour défiler dans la nuit de mercredi 19 à ce jeudi 20 sur les Champs-Elysées, après s'être réunis place de la République. En civil, ils ont remonté la plus célèbre avenue du monde, puis entonné la Marseillaise au pied de l'Arc de Triomphe.
Apparue dans l'Essonne, où quatre agents ont été attaqués au cocktail Molotov le 8 octobre à Viry-Châtillon, cette colère résonne désormais jusqu'en province. Des rassemblements se sont notamment tenus mercredi à Toulouse, Bordeaux, Nancy, Toulon, Nice, Marseille et Lyon. Un nouveau rassemblement est prévu ce jeudi soir à Lyon après des incidents survenus durant la nuit dans la banlieue sensible de Vénissieux. Une quarantaine de jeunes s'en sont pris à des policiers, leur jetant pierres, pavés et boules de pétanque, ainsi que des cocktails Molotov qui n'ont toutefois pas fait de blessés.
Le gouvernement s'emploie à désamorcer le mouvement, assurant entendre les revendications pour plus de moyens et plus de sévérité contre les agresseurs de policiers. Les syndicats, eux-mêmes dépassés par leur base, ont été reçus mercredi par le ministre de l'Intérieur. Bernard Cazeneuve a annoncé qu'une concertation serait lancée dès lundi dans les départements, venant compléter le plan "de sécurité publique" prévu en novembre. Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, lui, a promis "la plus grande fermeté" dans les sanctions contre ceux qui s'en prennent aux fonctionnaires de police.
Mais les syndicats réclament désormais d'être reçus par François Hollande. Parmi les revendications qu'ils veulent voir mises sur la table: une révision des règles de la légitime défense et le retour des peines planchers pour les agresseurs de policiers et gendarmes, des peines créées par la droite et supprimées par la gauche.
Sur la défensive, le gouvernement pointe aussi la responsabilité vers la droite, mettant en avant les 10.000 emplois supprimés dans la sécurité sous la présidence de Nicolas Sarkozy. "Mensonges", a rétorqué ce jeudi l'ancien chef de l'Etat, candidat à la primaire de droite. "J'ai entendu hier le ministre de l'Intérieur, enfin ce qui nous sert de ministre de l'Intérieur, qui a osé dire, honte sur lui, qu'après quatre ans et demi au pouvoir, c'est moi qui étais responsable des manifestations de policiers", a-t-il lancé.
De son côté, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a dit voir la "patte" du Front national dans ces actions "hors la loi" d'agents de police. Un soupçon balayé par le FN, dont la présidente Marine Le Pen a évoqué le mécontentement "légitime et sain" des policiers."Voir la patte du FN sur ces rassemblements relève du fantasme", a assuré à l'AFP un haut cadre de la police nationale, pour qui cette fronde révèle surtout "que les policiers ne font plus confiance à leurs syndicats".
"Une poignée essaie de détourner des revendications légitimes", a estimé pour sa part Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergie-officiers. "Dans ces rassemblements il y a des radicaux et des agitateurs de tous bords", a-t-il jugé. Pour un policier qui s'exprimait sous couvert d'anonymat, dans un contexte de "fatigue généralisée" l'attaque de Viry-Châtillon a été "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase".
L'adjoint de sécurité de 28 ans, le plus grièvement touché lors des violences et toujours hospitalisé à Paris, "n'est plus sous assistance respiratoire et les médecins ont commencé à le sortir progressivement de son coma artificiel", a indiqué à l'AFP une source policière. "Il a pu parler hier à sa famille", a indiqué cette source, selon laquelle les médecins "sont de plus en plus optimistes".
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