L'exécutif sous pression avant le coup d'envoi du grand débat

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Par Jérôme RIVET et Marc PREEL - Paris (AFP)
Publié le 09 janvier 2019 - 13:36
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Un gilet jaune montre le cahier de doléances qu'il présente sur un rond-point à Cagnes-sur-mer, le 20 décembre 2018
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© VALERY HACHE / AFP/Archives
"Nous serons prêts", a assuré le Premier ministre Edouard Philippe à l'issue du séminaire gouvernemental de rentrée.
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Le gouvernement a affiché mercredi sa détermination à être fin prêt pour lancer la semaine prochaine le "grand débat national" malgré le flou qui demeure sur sa finalité et son organisation après la démission de Chantal Jouanno.

"Nous serons prêts", a assuré le Premier ministre Edouard Philippe à l'issue du séminaire gouvernemental de rentrée.

Le temps presse puisque ce débat doit débuter la semaine prochaine dans toute la France après son lancement par Emmanuel Macron qui adressera une "lettre aux Français" avant d'effectuer un premier déplacement mardi dans l'Eure, deux mois après le début du mouvement des "gilets jaunes". Un mouvement pour lequel l'approbation des Français est en baisse de 10 points en un mois, mais qui reste majoritaire (60%), selon un sondage Elabe.

Beaucoup de points restent à régler, en particulier le pilotage de ce débat après la démission soudaine mardi soir de Chantal Jouanno, la présidente du Conseil national du débat public (CNDP).

"Je regrette" cette démission, qui, en intervenant "tard dans le processus", ajoute "une complexité supplémentaire", a reconnu Edouard Philippe.

Sans s'avancer, il a indiqué qu'il détaillerait lundi les modalités finales du débat, après d'ultimes réunions à Matignon avec les partenaires sociaux et les élus. Afin d'offrir, selon lui, "l'ensemble des garanties qui permettront aux Français de constater que ce débat impartial (...) est transparent et surtout utile". "Débattre, c’est aussi tenir compte de ce qui a été dit (...) et nous affirmons clairement notre volonté de tenir compte de tout ce qui aura été dit", a-t-il assuré.

D'ores et déjà, une partie des "gilets jaunes" et de l'opposition, Rassemblement national et La France insoumise en tête, mettent en doute à la fois l'utilité et la sincérité de cette consultation.

Cette "grande entourloupe" "ne sert à rien", a affirmé le député LFI Eric Coquerel, pour lequel le gouvernement la voit "comme un grand enterrement du mouvement" des "gilets jaunes".

Pour Marine Le Pen (RN), le débat est déjà "coulé parce qu'il a été lancé sous l'égide d'une gigantesque hypocrisie, puisque le gouvernement a expliqué à maintes reprises (...) que de toute façon ils ne changeront pas".

Parmi les élus qui veulent y croire, figure le maire de Bordeaux Alain Juppé (ex-LR), qui va installer des cahiers de doléances dans les mairies de quartier de sa ville, l'un des bastions des manifestations des "gilets jaunes".

Le pouvoir d'achat, "l'injustice fiscale" et l'appauvrissement des services publics en milieu rural sont arrivés en tête des préoccupations exprimées par les habitants des quelque 5.000 petites communes où la consultation a été menée ces dernières semaines.

- "Grand déballage" -

Pour tenter d'éviter que ce débat ne se transforme en "grand déballage" et face à la pression notamment des antimariage pour tous, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a précisé que les thèmes de l'IVG, de la peine de mort et du mariage pour tous n'étaient "pas sur la table" et qu'il n'était "pas question" de revenir sur ces "avancées conquises de haute lutte".

Mais d'autres questions sensibles risquent d'embarrasser l'exécutif: le retour de l'ISF, la suppression de la taxe d'habitation pour les 20% plus riches ou encore le salaire des hauts fonctionnaires.

Chantal Jouanno a elle-même jugé "légitime" qu'on s'interroge sur sa rémunération de 14.666 euros bruts mensuels.

"Comment les Français pouvaient accepter cela" alors que l'on "demande beaucoup aux Français les plus modestes?", a commenté le député LR Fabien Di Filippo, auteur d'une proposition de loi visant à plafonner la rémunération dans la haute fonction publique.

Après s'être montré extrêmement discret en public depuis début décembre, Emmanuel Macron s'est rendu mercredi après-midi à Créteil (Val-de-Marne) pour inaugurer la nouvelle Maison du handball avant le départ pour le Mondial de l'équipe de France. Il y a été accueilli aux cris de "Macron démission" par environ 150 personnes rassemblées à proximité alors qu'un vaste périmètre de sécurité avait été mis en place.

Interrogé par des journalistes, il a botté en touche sur le grand débat, soulignant que "c'est un gros travail de préparation qui se poursuit".

Ce climat hostile laisse augurer des difficultés qui attendent le président, qui a prévu une série de déplacements en région pour le "grand débat", dont le premier mardi à Grand Bourgtheroulde, selon un député LREM, avant le Lot le 18 janvier.

Cette visite à Créteil intervient à trois jours de l'"acte IX" des "gilets jaunes" alors que le gouvernement a prévu de se montrer extrêmement ferme contre les casseurs et les manifestations non déclarées. A l'image de l'ex-boxeur professionnel Christophe Dettinger, jugé mercredi en comparution immédiate pour "violences volontaires" contre les forces de l'ordre, quelques jours après les images virales le montrant en train de frapper deux gendarmes à Paris.

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