Loi Travail : le gouvernement dénonce les violences survenues lors des manifestations

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 30 avril 2016 - 12:28
Image
Des heurts pendant une manifestation contre la loi Travail.
Crédits
©Dominique Faget/AFP
961 personnes ont été interpellées depuis le début des mobilisations contre la loi Travail.
©Dominique Faget/AFP
Le gouvernement a dénoncé vendredi les violences survenues la veille lors de manifestations contre la loi Travail, reprochant au passage aux syndicats de ne pas suffisamment les condamner. Ce à quoi ces derniers ont rétorqué que manifester était un "droit". "Ça ne doit pas être une prise de risque à cause d'un usage disproportionné de la force par la police", a déclaré l'Unef alors que 961 personnes ont été interpellées depuis le début des mobilisations.

Le gouvernement a de nouveau dénoncé vendredi 29 les violences survenues la veille lors des mobilisations contre la loi Travail, mettant en cause les syndicats organisateurs, qui ont rétorqué que manifester était "un droit". Au total, 214 personnes ont été interpellées et 78 policiers blessés lors des manifestations de jeudi 28 en France. Depuis le début de la contestation contre la loi travail, il y a deux mois, 961 personnes ont été interpellées.

Le gouvernement reproche aux organisations syndicales de ne pas condamner suffisamment les violences. En ligne de mire, la récente affiche d'un syndicat de la CGT affirmant que "la police doit protéger les citoyens et non les frapper". "Ceux qui ont diffusé sur la police des affiches et des propos qui contribuaient à tendre (les relations avec les manifestants) n'ont pas témoigné d'un grand esprit de responsabilité", a estimé Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur. Pour toute réponse, la CGT a dénoncé "la répression" subie par les militants syndicaux exerçant leur "droit" de manifester, condamnant l'arrestation de quatre d'entre eux. "Les pouvoirs publics, garants de l’Etat de droit, doivent assurer la protection de toutes et tous et doivent permettre à celles et ceux qui le souhaitent, de manifester dans de bonnes conditions".

Même son de cloche côté étudiants, le président de l'Unef William Martinet insistant sur le fait que "manifester" était "un droit": "Ça ne doit pas être une prise de risque à cause d'un usage disproportionné de la force par la police". Il a cependant reconnu que les organisateurs des manifestations devaient "faire plus" pour sécuriser les cortèges. Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, a souligné que ces violences éclataient "en dehors des manifs, à côté des manifs". Ces violences "discréditent le mouvement", a déploré le mouvement citoyen "Nuit Debout".

Jeudi était la quatrième journée d'action lancée par la CGT, FO, la FSU, Solidaires, l'Unef, la Fidl et l'UNL. Elle a mobilisé 170.000 personnes selon les autorités, 500.000 selon les syndicats, une participation légèrement supérieure à celle du 9 avril, mais nettement plus faible que celle du 31 mars où la police avait compté 390.000 personnes et les organisateurs 1,2 million. Les syndicats ont déjà le regard tourné vers la suite, à commencer par le 1er mai où les secrétaires généraux CGT et FO vont défiler ensemble à Paris, une première depuis 2009.

Au-delà des cortèges, l'idée d'une grève reconductible "est dans l'air" selon Solidaires, mais le refus du projet de loi Travail a jusqu'à présent entraîné peu d'arrêts de travail. "C'est bien de crier ici +grève générale+, mais c'est dans les entreprises que les salariés doivent se mettre en grève, et ça c'est plus compliqué", a admis Philippe Martinez jeudi soir place de la République devant "Nuit debout". Pour ses détracteurs, ce texte introduit de la précarité pour les salariés et est trop favorable aux employeurs, en leur donnant par exemple plus de latitude en matière d'aménagement du temps de travail.

Le 3 mai, les sept organisations syndicales se rassembleront aux abords de l'Assemblée nationale pour appeler les parlementaires à "rejeter" le texte, même s'il a déjà été sensiblement modifié, notamment avec le retrait du plafond des indemnités prud'homales. Mais il reste une "ligne rouge" pour les syndicats : la possibilité de laisser un accord d'entreprise primer sur un accord de branche. Le rapporteur PS Christophe Sirugue est toutefois confiant. "Je pense qu'on est en mesure d'avoir une majorité, sous réserve des évolutions encore possibles au cours des débats", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec la presse.

Le gouvernement doit aussi compter avec le patronat, qui réclame de "profondément modifier" le texte. Mais il a le soutien des syndicats dits "réformistes" (CFDT, Unsa, CFTC) qui en font le thème d'une table-ronde le 1er mai. "Demander le retrait d'un texte porteur de progrès pour les travailleurs ne correspond pas à la logique de la CFDT", déclare Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui juge les violences "inacceptables" et "les condamne".

 

À LIRE AUSSI

Image
Des manifestants contre la loi Travail visés par des grenades lacrymogènes
Loi Travail : accusé de "mansuétude", le gouvernement hausse le ton face aux violences
Suite aux violences qui ont émaillé les manifestations contre la loi Travail jeudi, le gouvernement a haussé le ton ce vendredi mettant en cause la responsabilité des ...
29 avril 2016 - 16:16
Politique
Image
Affrontements entre policiers et casseurs place de la Nation.
Loi Travail : les syndicats condamnent les violences
Les violences qui ont émaillé les manifestations contre la loi Travail jeudi ont un peu plus tendu les relations entre opposants et gouvernement. Les syndicats ont con...
29 avril 2016 - 15:14
Politique
Image
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Loi Travail : après les débordements, Cazeneuve dénonce l'instrumentalisation des violences
Alors que la 4e journée d'action contre la loi Travail a été marquée par des débordements, Bernard Cazeneuve a fustigé jeudi "l'outrance" de "ceux qui essaient d'instr...
29 avril 2016 - 10:32
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.