LR : des propos musclés du N.2 font des vagues en interne

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Par Claire GALLEN - Paris (AFP)
Publié le 31 mai 2021 - 00:34
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Le président de LR Christian Jacob le 4 mai 2021 à Paris
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Le président de LR Christian Jacob le 4 mai 2021 à Paris
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Des propos musclés du numéro 2 de LR Guillaume Peltier sur le rétablissement d'une "Cour de sûreté" et les régionales ont suscité de vives réactions en interne dimanche, le président du parti Christian Jacob appelant lui-même à "jouer collectif".

"L’heure n’est pas aux prises de positions personnelles qui nuisent à tous mais à la mobilisation derrière nos candidats", a réagi dans la soirée Christian Jacob.

"Au moment où LR est en tête des enquêtes d’opinion, j'invite l’équipe dirigeante à être en soutien total derrière nos listes. La seule priorité: jouer collectif", a-t-il ajouté.

Un "judicieux et bienvenu rappel à l'ordre", a estimé la députée des Hauts-de-Seine Constance Le Grip en déplorant un "concours Lépine de propositions et de postures personnelles".

Dimanche sur RTL, Guillaume Peltier a redit son opposition au "front républicain" et en matière de terrorisme il avait demandé "le rétablissement de la Cour de sûreté" qui "au cas par cas, pourrait placer en rétention de sûreté", le tout sans appel. "Si le Conseil constitutionnel s'y oppose, nous pourrons proposer ça par référendum au peuple français, pour protéger les Français", a-t-il ajouté.

Le député LR de l'Yonne Guillaume Larrivé a rapidement pris ses distances avec ces propos, soulignant que "la possibilité de faire appel, en matière pénale, n'est ni une vieillerie ni une marotte de méchant gauchiste-laxiste, mais un progrès auquel il n’est pas question de renoncer dans un État civilisé".

"Les loufoqueries (économiques ou juridiques...) proposées à titre personnel par tel ou tel +responsable+ de la direction n’engagent évidemment pas le parti", a ajouté dans un tweet M. Larrivé, spécialiste des questions régaliennes, et qui avait brigué la présidence de LR en 2019.

- "Accointances stratégiques" -

Déjà, au moment du psychodrame en Paca sur un rapprochement entre la liste LR de Renaud Muselier et LREM, Guillaume Peltier avait pris à contre-pied son parti en demandant "à titre personnel" le retrait du soutien de LR au président de la région, alors même que la direction tentait de calmer le jeu.

Ses propositions économiques, notamment l'idée d'une hausse de 20% des salaires bruts en supprimant les cotisations sociales remplacées par un prélèvement sur les transactions financières et paiements électroniques, ont aussi un temps fait grincer les dents chez LR.

Le numéro 2 de LR, engagé dans sa jeunesse au Front national dont il s'est depuis distancé, avait déjà dit son opposition au "front républicain" dans une interview à Valeurs actuelles jeudi, en ajoutant que, selon lui, Marine Le Pen n'était "pas l'ennemie de la République". Il a souligné dimanche "porter les mêmes convictions" que le maire de Béziers Robert Ménard, proche du RN.

Le maire (Agir) de Fontainebleau Frédéric Valletoux, en position éligible sur les listes de Valérie Pécresse pour les régionales en île-de-France, a fustigé une droite qui "ne cache plus ses accointances stratégiques et connivences intellectuelles avec l'extrême droite" et s'apprête "à se jeter avec délice dans les bras de Mme Le Pen".

Du côté de la majorité, la député Aurore Bergé a raillé un "retour à la case départ pour Guillaume Peltier", tandis que le ministre du Commerce extérieur Franck Riester estimait que "chaque nouvelle proposition de LR est une nouvelle compromission idéologique avec l’extrême droite".

Les accusations sur un rapprochement idéologique avec le Rassemblement national se sont multipliées ces dernières semaines, dans le sillage de la crise suscitée en Paca.

Ont été particulièrement visés l'eurodéputée Nadine Morano et le député des Alpes maritimes Eric Ciotti, pour avoir affirmé que son parti se différenciait "globalement" du RN par sa capacité à gouverner.

Une "offre de service" à l'extrême droite, selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, pour qui Les Républicains "sont en train de devenir une force d’appoint pour Marine Le Pen".

La présidente du Rassemblement national a elle lancé un appel cette semaine aux "personnalités sincères de la droite comme Eric Ciotti et Nadine Morano" à la rejoindre - une hypothèse déclinée par les intéressés.

Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, qui avait amorcé un rapprochement avec LR en septembre, a estimé samedi que la droite avait "en partie perdu sa boussole républicaine" face à l'extrême droite.

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