Macron et les jeux vidéo : créer le débat en soufflant le chaud et le froid

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France-Soir
Publié le 18 septembre 2023 - 21:20
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Macron
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F. Froger / Z9, pour France-Soir
F. Froger / Z9, pour France-Soir

DÉPÊCHE — Samedi 16 septembre, Emmanuel Macron écrivait un long mea culpa sur Twitter, revenant sur des propos dégradants qu'il a pu avoir sur les jeux vidéo lors des émeutes de juin. Accusé de récupération politique, il a été incendié par de nombreux gamers dans les commentaires.

Les émeutiers "vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués", avait-il dit. Cette rhétorique qui fait le lien entre jeux vidéo et violence était mal passée. Or le président cherche par tous les moyens à séduire la jeunesse, elle-même sensible à ce sujet. Il a donc tenu à s'expliquer (longuement) sur X (anciennement Twitter) : "J'ai fait bondir les gamers", lance-t-il en guise d'amorce.

Et de justifier ses propos : " [...] les codes du jeu vidéo avaient été utilisés par des délinquants pour banaliser la violence sur les réseaux sociaux. C’est cette violence que je condamne, pas les jeux vidéo."

Ensuite, c'est un encensement sans limites qui commence par : "Les jeux vidéo sont une culture, un divertissement, un spectacle !" En citant des événements majeurs tels que le GP Explorer, des jeux vidéo populaires tels que Fortnite, ou encore des créations françaises telles que Dofus ou Assassin's Creed, Emmanuel Macron cherche à prouver son amour inconditionnel pour la filière. À l'en croire, les jeux vidéos "sont un terrain d’expérimentation artistique, un espace d’apprentissage fascinant, mêlant tous les arts." Mais ils sont aussi un "un écosystème avec de véritables professionnels", qui donne lieu à "des opportunités pour l’emploi et l’avenir, en faisant naître des champions, mais aussi des ingénieurs, des développeurs, des designers et des créateurs." D'ailleurs, dans son plan pour 2030, le président assure que le développement des écoles du jeu vidéo tient une place importante.

Bref, le président sait de quoi il parle, et il ne s'agirait pas d'avoir les étoiles montantes du secteur en Némésis.

C'est pourtant ce qui risque de se produire, les retournements de veste ne rassurant pas les chefs de file du jeu vidéo. "T’aimes les jeux vidéo à l’approche des scrutins ou pour gratter du buzz sur les gros events", lui a reproché le streamer MisterMV. Deux jours plus tôt, c'est au micro de France Inter que le streamer Kameto expliquait se sentir "un peu trahi" par le président. Ce dernier l'avait invité à l'Élysée en juin 2022, pour célébrer l'e-sport, mais Kameto assure avoir "vu le retournement de situation" et la "récupération politique" dans les mois qui ont suivi. D'autant que ce tweet d'Emmanuel Macron est intervenu le jour où Kameto organisait un important événement de gaming.

Dans les commentaires, nombreux sont ceux qui lui ont fait le reproche inverse, déplorant un soutien trop important à la filière. "Vous faites l’éloge des jeux vidéos en des termes qu’on ne vous a jamais entendu prononcer pour la France. Des jeux qui sont addictifs, chronophages et qui rendent cons. Faites l’éloge de ce qui élève, pas de ce qui rabaisse", a par exemple écrit Jean Messiha. Certains regrettent qu'il n'y ait pas eu de tels messages d'excuses pour d'autres sujets de société, comme celui des retraites ou du harcèlement. Le célèbre humoriste Rémi Gaillard, par exemple, a saisi l'opportunité pour évoquer le suicide des forces de l'ordre : "Pour espérer une réponse, la famille de Myriam Sakhri doit jouer aux jeux vidéos ?", a-t-il ironisé.

En d'autres termes, l'ambivalence habituelle d'Emmanuel Macron lui attire les foudres de toutes parts.

Seuls les professionnels du secteur se sont montrés un peu plus positifs. Comme le rapporte Numerama, le syndicat national du jeu vidéo (SNJV) a salué un "message d’apaisement [...] très attendu par les professionnels du jeu vidéo et l’ensemble des acteurs et actrices de notre écosystème."

Nicolas Vignolles, directeur du syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, a invité Emmanuel Macron à "joindre la parole aux actes" lors de la prochaine édition de la Paris Games Week.

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