Matignon : Devant le refus de LFI, Laurence Tubiana se désiste et “retourne à ses combats”, à savoir “l’urgence climatique”

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France-Soir
Publié le 23 juillet 2024 - 10:00
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Senna / AFP
Matignon: Devant le refus de LFI, Laurence Tubiana se désiste et “retourne à ses combats”, à savoir “l’urgence climatique”
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“Prête à défendre les idées et les propositions” du Nouveau Front populaire (NFP) qui la juge “Macron-compatible”, Laurence Tubiana a pourtant annoncé lundi 22 juillet 2024 sa décision de renoncer à briguer Matignon comme Premier ministre. La diplomate, qui dirige l’European Climate Foundation (ECF) pour tirer les ficelles du lobby climatique en Europe, “retourne aux combats qui ont toujours été” les siens, à savoir “l’urgence climatique”. Arrivée en tête du second tour des législatives le 7 juillet dernier, les différentes formations de la gauche ne se sont toujours pas mises d’accord pour celui ou celle qui devrait remplacer Gabriel Attal à la tête du prochain gouvernement.  

Peu après le rejet par le Parti socialiste (PS) du nom de Huguette Bello, présidente de la région de La Réunion proposée par La France Insoumise (LFI), la formation menée par Olivier Faure réplique par une proposition qui a fait sourciller plus d’un. Il s’agit de Laurence Tubiana, “connue pour être économiste, diplomate et engagée sur le terrain environnemental et social”. Sauf que pour les Insoumis, elle est "Macron compatible" après avoir été souvent associée au président et surtout, critique envers le programme du NFP. La piste n’était "pas sérieuse" aux yeux de LFI. 

Tubiana retourne à “ses combats” ... au Parlement européen 

Mais Laurence Tubiana était bien partante, démarchant en coulisses les cadres du PS, des écologistes et des communistes. Selon la presse, “l’architecte de l’accord de Paris” sur le climat aurait apporté des garanties quant à son engagement en faveur de la gauche, elle qui a toujours refusé de faire partie des gouvernements successifs sous Emmanuel Macron. Jeudi dernier encore, elle confirmait son intérêt pour Matignon. “Quand il y a une crise politique, il faut y répondre. Il y a besoin d'une personne de gauche, si cela doit être moi je le fais”, a-t-elle déclaré.   

Hier, Laurence Tubiana s’est désistée. Dans une lettre publiée dans un post X, elle s'est dit "touchée" par "le soutien que j'ai reçu tout au long de la semaine". Elle a qualifié les résultats du second tour des législatives de "double motif d'espoir", par la défaite du RN, pourtant largement en tête au premier tour, et par la victoire non majoritaire du NFP, dont le programme ne la satisfaisait pourtant pas deux semaines auparavant. 

“C'est pourquoi j'ai répondu favorablement à l'appel de plusieurs composantes du Nouveau Front populaire (...) J'étais prête à défendre leurs idées et leurs propositions aussi loin que possible”, affirme-t-elle, puisque "nous avons besoin d'une politique de revitalisation démocratique qui répondre à l'urgence sociale et aux enjeux de la transition économique". 

L’opposition de LFI à sa candidature, poursuit la dirigeante de l’ECF, “ne semble pas mener à l'apaisement dont nous avons tant besoin”. "J'en prends acte", ajoute-t-elle, pour retourner "aux combats qui ont toujours été les [miens]”, à savoir “l'urgence sociale et l'urgence climatique".  

La dirigeante de la puissante fondation européenne ajoute : “Je crois profondément que la politique se joue partout dans la société tant les défis que nous avons à relever sont immenses”. “Je reste persuadée que la gauche a le devoir et la capacité d'exercer les responsabilités auxquels les électeurs et les électrices l'ont appelée”, écrit-elle dans sa lettre.  

C'est la deuxième candidate envisagée par le Nouveau Front populaire qui renonce. Avant elle, la présidente de la région Réunion Huguette Bello, dont le nom avait été proposé par les communistes et qui a été soutenue par les Insoumis et les écologistes, avait également renoncé. 

Matignon cherche désespérément Premier ministre 

Avant d’être l’ambassadrice de l’accord de Paris sur le Climat et de la COP21, Laurence Tubiana fut proche depuis la fin des années 1970 de Lionel Jospin, qui la chargera entre 1998 et 2002 de diriger la délégation française et les négociations lors du protocole de Kyoto. Après un passage à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et à Sciences Po de Paris comme universitaire et professeure de développement durable, elle devient présidente du conseil d’administration de l’Agence française de développement.   

C’est en 2017 qu’elle prend les rênes de la Fondation européenne pour le climat (ECF), une “initiative” financée à hauteur de dizaines de millions de dollars par des fondations américaines, dont les plus sulfureuses comme Rockefeller ou encore Bill et Melinda Gates. L’ECF distribue à son tour et via un réseau aussi opaque que tentaculaire cette manne à des centaines d’ONG et leurs lobbyistes au Parlement européen en faveur de la “neutralité carbone”.   

Dès l’évocation de son nom, nombreux sont ceux qui ont surtout relevé une certaine proximité avec le Forum Économique Mondial (WEF) de Klaus Schwab ou encore BlackRock, dirigé par Larry Fink. 

"Il faut avancer", conclut-elle dans sa lettre. Avec ce nouveau désistement, le NFP se trouve une fois de plus dans l’impasse, provoquant même les regrets ou l’impatience de ses membres, comme celle du député François Ruffin, qui déplore la “nullité” de l’alliance. Face au refus de LFI, le PS a réclamé vendredi dernier "un vote solennel des députés des quatre groupes" d'ici aujourd’hui. Là encore, les Insoumis préconisent le “consensus” tout en estimant qu’il n’y avait pas urgence, puisque le chef de l’État n’a pas appelé l’alliance à constituer un gouvernement.  

D’autres noms continuent d’être mis sur la table, comme celui de Cécile Duflot, ancienne ministre et directrice générale d’Oxfam France, Benoît Hamon, ancien candidat à la présidentielle, ou encore André Chassaigne, candidat malheureux à la tête de l’Assemblée et chef des députés communistes.  

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