Migrants à Grande-Synthe : Cazeneuve ne souhaite pas le déplacement vers un nouveau site
La solution au problème des migrants à Grande-Synthe "ne passe pas par un déplacement" vers le nouveau site choisi par des associations et la mairie de cette ville du Nord pour installer un camp de réfugiés, a estimé ce mercredi 9 mars le ministre de l'Intérieur. "La solution ne passe pas par un déplacement vers un autre site qui, en raison de sa localisation très passante, pose des problèmes", a affirmé Bernard Cazeneuve, lors d'une audition par la commission des Lois de l'Assemblée nationale.
"Un camp de ce type ne peut être implanté qu'après que la commission de sécurité est passée" et "il convient de se conformer à ses préconisations, sauf à mettre en danger la vie de ceux qui sont sur ce camp", a-t-il ajouté. Depuis lundi 7, des migrants ont commencé à quitter leur bidonville de Grande-Synthe pour s'installer dans le camp en dur ouvert un peu plus loin par la commune et Médecins sans frontières, sur un terrain coincé entre l'autoroute et la voie ferrée, le maire écologiste Damien Carême ayant décidé de passer outre à la mise en demeure du préfet du Nord de mise aux normes des installations.
Bernard Cazeneuve a souligné son "souci de travailler dans une relation de confiance avec les élus", dont il a salué "l'engagement humanitaire". Mais il a ajouté que cet engagement ne pouvait pas "se déployer en dehors des règles du droit et des objectifs globaux que poursuit l’État" en matière d'accueil des réfugiés, "sauf à prendre le risque d'une situation humanitaire à terme extrêmement dégradée".
A Calais, il a indiqué que la zone sud du campement avait été réduite "de 40% environ" et qu'à ce rythme, l'opération de mise à l'abri des migrants devrait se terminer "d’ici sans doute une dizaine de jours". Au 7 mars, les conteneurs aménagés par les pouvoirs publics sur la Lande accueillaient "1.334 personnes", pour une capacité totale de 1.500, et 305 migrants étaient logés dans les tentes de la Sécurité civile. "208 mineurs sont mis à l'abri d'une façon ou d'une autre sur la Lande", a-t-il ajouté.
A ce sujet, Bernard Cazeneuve a indiqué qu'un officier britannique était présent "depuis lundi" dans les services du ministère de l'Intérieur pour expliquer leurs droits aux réfugiés ayant de la famille en Grande-Bretagne. "Il est tout à fait normal que, pour les mineurs isolés ayant de la famille en Grande-Bretagne, l'instruction de leurs dossiers puissent aller vite et qu'ils puissent rapidement rejoindre leur famille", a-t-il affirmé.
Il a par ailleurs qualifié de "tarte à la crème" l'idée de modifier les accords du Touquet, régulièrement critiqués pour avoir déplacé côté français le contrôle de la frontière britannique, qui avait été évoquée à mots couverts la semaine dernière par le ministre de l’Économie Emmanuel Macron. Ceux qui s'engagent dans un tel discours "totalement démagogique" soit "ne savent pas ce dont ils parlent soit ne mesurent pas les conséquences de ce qu'ils disent", a-t-il estimé, en répétant que cela ne ferait qu'envoyer un signal erroné aux migrants qui resteraient bloqués à la frontière "et nous aurions ainsi reconstitué un flux et un stock".
"Cela m'arrive rarement, mais je trouve que ce qu'a fait Nicolas Sarkozy avec les accords du Touquet, dans la philosophie de ces accords, était ce qu'il fallait faire", a-t-il ajouté, même s'il a qualifié de "totalement léonien" le cadre initial des conditions d'application, renégociées depuis pour obtenir "une contribution beaucoup plus forte des Britanniques".
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