Migrants : le camp de Grande-Synthe continue de se remplir
En moins de deux jours, plus de 900 migrants ont ainsi quitté le camp du Basroch, un cloaque pire que la "Jungle" de Calais où vivaient depuis plusieurs mois, selon la préfecture, 1.050 personnes, majoritairement des Kurdes irakiens, pour rallier celui de la Linière, implanté 1,5 km plus loin.
"Hier, on craignait au début que le déménagement échoue. Aujourd'hui on voit que c'est un succès et que c'est légitime", s'est félicité auprès de l'AFP le directeur de cabinet du maire, Olivier Caremelle. "On a été submergé", a corroboré le maire.
Après l'afflux massif de la veille, seules quelques dizaines de migrants ont été transférés mardi, à pied ou en voiture, a constaté l'AFP. Les cars doivent de nouveau reprendre du service mercredi.
Signe du "succès" de ce nouveau camp coincé entre l'autoroute et la voie ferrée, les associations continuaient de monter dans l'après-midi des abris, des maisonnettes en bois, chauffées, pouvant loger quatre personnes. Une cuisine communautaire, un dispensaire ou encore une école complètent le dispositif.
Ce déménagement dans le calme est toutefois assombri par une partie de bras de fer entre la mairie écologiste et les autorités.
Lundi soir, le représentant de l'Etat, Jean-François Cordet, préfet de la région Nord –Pas-de-Calais-Picardie et du département du Nord, avait en effet "mis en demeure" M. Carême de sécuriser ce nouveau camp, se disant "inquiet des dangers relevés par la commission communale de sécurité", qui avait émis de fortes réserves sur cet aspect-là.
En cause selon la préfecture: le non respect de normes et de procédures, comme par exemple la fourniture de "relevés de débits et pression des poteaux d'incendie" ou l'installation "d'une barrière de 2,5 m de haut du côté autoroute".
"On nous a cherché des petites bêtes. Mais peu m'importe, on va continuer le rapport de force, rien ne m’empêchera de continuer de terminer le déménagement. On me dit que mes migrants ne sont pas en sécurité, mais l'étaient-ils au Basroch? Est-ce que la commission de sécurité y est passée? On me sort le code de la construction, mais moi je mets en avant le code de la santé publique!", a riposté M. Carême mardi matin, interrogé par l'AFP.
Dans l'après-midi, la ville de Grande-Synthe a insisté: "Le maire peut choisir de suivre ou pas l'avis de la commission. Il a jugé que le risque était moindre que celui qui prévaut avec la situation qui existe depuis des mois". Et de lancer: "C'est quoi les normes, alors que ce camp est sans précédent en France". La mairie a cependant promis qu'elle allait "essayer d'avancer aussi vite que possible sur certains points".
Cet épisode vient de nouveau illustrer les tensions jamais estompées entre la préfecture et la ville à propos du dossier du nouveau camp, que l'Etat a toujours refusé, affirmant en février vouloir privilégier d'autres "solutions individuelles" d'hébergement et faire "disparaître" le camp.
De fait, le financement de ce site aux normes internationales a été assuré par MSF, à hauteur de 2,6 millions d'euros, la ville et la communauté urbaine de Dunkerque apportant 0,5 million d'euros. Ce qui n'empêchait pas M. Carême d'espérer lundi que les autorités allaient "rembourser l'investissement" et "venir en aide sur le fonctionnement estimé entre 2 et 2,5 millions d'euros par an".
A quarante kilomètres de là, les travaux de démantèlement de la zone sud de la "Jungle" de Calais se sont poursuivis mardi, dans le calme selon la préfecture et les associations: la surface du secteur évacué atteignait mardi soir près de 3 hectares, sur 7,5 hectares.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.