Moralisation et assistants parlementaires : la majorité s'affranchit pour réduire l'influence des lobbys
C'est l'un des nombreux points sensibles du projet de loi de la moralisation de la vie politique actuellement en débat aux Parlement. La question de la lutte contre les conflits d'intérêts a été examinée mardi 25 à l'Assemblée nationale, théâtre d'une situation surprenante.
En effet, un amendement déposé par les socialistes a été adopté grâce à des voix venues de tous les côtés de l'hémicycle, y compris de la majorité alors que le gouvernement s'y était opposé. Il s'agissait d'interdire aux collaborateurs parlementaires d'être rémunérer par "des représentants d'intérêts". En clair, de ne pas permettre aux lobbys de payer les assistants des députés et sénateurs.
"C'est la moindre des choses", a déclaré l'ancienne ministre de l'Ecologie Delphine Batho, chargée par le PS de présenter l'amendement."Le problème c'est que ça existe", a-t-elle poursuivi, demandant à ses collègues de voter cette propositions à l'unanimité.
Cela a presque était le cas avec 273 voix contre 14, venues de la gauche, de la droite mais aussi du MoDem et de La République en Marche, après une suspension de cette séance particulièrement agitée. "Je suis totalement néophyte, mais très franchement, ce que vient de présenter Delphine Batho, je pensais que c'était la règle tellement ça m'apparaît évident. (...) J'hallucine que tous ensemble nous n'adoptions pas cet amendement", a notamment lancé le député de La France insoumise Eric Coquerel.
Le résultat du vote et la mobilisation de la majorité sont assez surprenants puisqu'ils vont à l'encontre des souhaits exprimés par la ministre de la Justice Nicole Belloubet. Celle-ci, sans se prononcer contre cette mesure, avait déclaré vouloir que cette question soit tranchée par le Bureau de l'Assemblée nationale, compétent sur l'organisation et le fonctionnement interne de l'Assemblée, plutôt que par amendement.
A noter qu'une autre proposition sur la question des lobbys n'a pas été retenue. Les élus communistes avaient déposé divers amendements qui étendaient les devoirs de transparence sur les rencontres avec les lobbyistes au président de la République, membres du Conseil constitutionnelle et Conseil d'Etat.
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