À Nice, l'installation de caméras dans des salles de classe suscite l’indignation des professeurs
Début novembre, des professeurs de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspe) de Nice ont eu la surprise de découvrir des caméras de surveillance dans deux salles de classe. Une plainte a été déposée à la CNIL et les caméras ont depuis été retirées.
« Une forme de mépris »
Des professeurs sous vidéosurveillance. Lundi 8 novembre, au retour des vacances de la Toussaint, des professeurs l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspe) de Nice, abrité au sein de l’université Côte d’Azur, ont découvert avec étonnement de nouveaux dispositifs dans leur salle de classe. Des caméras globulaires installées juste au-dessus du tableau. Des caméras similaires ont aussi été installées dans certains couloirs.
L’affaire, révélée par Libération, a depuis été reprise par Nice-Matin et a abouti à un dépôt de plainte à la CNIL (commission nationale informatique et libertés). « La caméra, c’est une demi-sphère placée juste au-dessus du tableau. Le prof est filmé de dos, les étudiants de face, explique à Libération Olivier Le Dantec, formateur en mathématiques. Pour moi, c’est horrible, car il y a une forme d’intimité dans un cours. »
Un avis partagé par sa collègue Karine Lambert, maîtresse de conférence en histoire, qui estime qu’il s’agit d’une « forme de mépris ». « C’est insupportable, car on est dans des espaces d’enseignement où la liberté d’expression est quelque chose d’important, mais aussi pour ce qu’une caméra signifie en termes de surveillance. »
Des caméras installées pour surveiller les portes d’accès
Interrogée par Libération, l’université Côte d’Azur assure que ces caméras ont été installées « dans le cadre du plan d’équipement et de sûreté développé par l’établissement », notamment pour surveiller le bâtiment des intrusions potentielles, et que seules les forces de police, sur réquisitions, pourront avoir accès à ces images, qui ne sont stockées qu’un mois avant destruction. Le rectorat de Nice assure n’avoir jamais été informé de l’installation de ces équipements.
Pas de quoi calmer la colère des professeurs. « C’est quoi l’idée ? C’est de mettre bientôt des caméras dans toutes les salles de classe ? C’est d’habituer les futurs profs ? s’emporte Olivier Le Dantec. C’est sans doute farfelu, mais on peut faire ce type d’hypothèses. »
Les caméras ont été retirées
Depuis, plusieurs plaintes ont été déposées auprès de la CNIL pour « l’installation de deux caméras dans des salles de classe » et « l’absence d’information des personnes concernées ». Selon Nice-Matin, ces plaintes sont actuellement « en cours d’instruction ».
Dans un article daté du jeudi 25 novembre, Libération affirme que l’université a désormais procédé au retrait des deux caméras globulaires installées dans les salles de classe. « L’objectif n’a jamais été de pointer sur les salles de cours, mais de pointer uniquement sur les portes d’accès. Faisant suite aux retours des membres de la communauté, nous avons donc tout simplement décidé de retirer ces 2 caméras, chose que nous aurions faite de la même manière et avec la même célérité si la demande nous était arrivée par des remontées internes traditionnelles », assure l’université Côte d’Azur dans un communiqué, ajoutant que ces caméras n’avaient « jamais été mises en service ».
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